The National – High Violet

Comme ça, l’air de rien, sans tambour ni trombone, ne voilà pas le merveilleux automne mais plutôt la confirmation que The National s’impose doucement et discrètement comme l’un des groupes indé majeurs de l’époque. ‘Boxer‘ sorti en 2007 avait rendu fou les amateurs de rock intello-lyrique de la toile (voir les réactions hystériques en première partie de Pavement) et dire que la sortie de ‘High Violet‘ était attendue est un euphémisme. Sûr de son fait et de son talent, The National atteint sur ce nouvel album une sorte de transe imperturbable et déroule son rock lyrique un peu Joy Division, un peu Arcade Fire, un peu new-wave avec confiance, talent et assurance. Tout sur ‘High Violet‘ est infiniment maitrisé et c’est paradoxalement là que ça coince un petit peu. Les américains nous offrent un lyrisme hyper calibré heureusement pudique (le baryton chanteur a le bon goût de ne jamais en faire des caisses), qui ne touche pratiquement jamais les coeurs. Ces fonctionnaires de l’émotion ont un talent indéniable et une élégance rare (« Anyone’s ghost ») mais dégagent tout au long de ‘High Violet‘ une impression d’ennui poli, la faute à trop de chansons bâties dans le même moule. Si tout est bien, se vautre dans les recoins sombres de l’âme, The National n’arrive pas (encore ?) à sortir de son petit costume étriqué de premier de la classe et la musique finalement semble manquer d’un enjeu vital qui donnerait au groupe les ailes pour aller décrocher la lune. C’est l’option qui consiste à privilégier l’esprit aux sens qui empêche aux américains de nous convaincre totalement et de sortir un ‘Funeral‘ ou un ‘OK Computer‘, exemples récents de ce vers quoi ils louchent.

S’il s’agit indéniablement d’un disque très réussi, ‘High Violet‘ n’en est pas moins un objet un peu creux qu’on mettra plus pour épater du bobo pseudo-intello que pour consoler nos âmes égarées en pleine insomnie. Dommage.