Apparatjik – Square Peg In A Round Hole

Tu me déçois tellement, Jonas. J’ai écouté la… chose que tu as récemment composée avec Apparatjik. Avant, avec We Are Here, c’était plus commode de parler de vous. On pouvait se contenter d’un lapidaire mais non moins juste inégal pour vous mentionner au détour d’une conversation. Ah ça, la qualité hétérogène de votre musique, je l’avais devinée dès que j’avais posé les yeux sur la liste des membres de ton projet. Je savais qu’il n’y avait rien à attendre de Guy Berryman, qui joue au fantôme à quatre cordes avec Coldplay, qu’il n’y avait pas grand chose à penser de Magne Furuholmen, membre du two-hits wonder A-ha, et puis absolument rien de ce Martin Terefe, inconnu de service. Et puis j’avais vu ton nom. Toi, Jonas Bjerre, voix de cristal dans l’immense Mew. Quel groupe celui-là alors. J’en ai eu mal au pénis à l’honorer tous les jours, album par album.

Pourquoi délaisser, même temporairement, tes amis danois si talentueux, avec qui tu garantissais un océan de pop délicieusement travaillée, pour t’aventurer dans cette flaque de gadoue electropop ? Je ne sais pas si c’est par mail que Guy Berryman t’a demandé de le rejoindre, mais chez moi il aurait été considéré comme un spam. Oui, comme s’il était un mix de Enlarge your penis ! et Please help me. J’imagine, j’espère, que tu as cliqué sans faire attention. En vérité je ne sais plus quoi penser. Je ne sais pas non plus comment décrire ton machin. Et crois-moi, ce n’est pas parce que c’est trop génial ou énigmatique. On nage plutôt dans le radio-friendly, et là le ratage file la nausée. Avec Mew tu en balances des tubes pourtant ! Allez, avoue, tu es séquestré par Berryman ? Il t’oblige à chouiner dans le micro pendant qu’il joue au trampoline sur son clavier ? Tu vas me dire que je tombe dans la facilité en ne donnant pas d’exemple, mais, concrètement, y a t-il une seule piste qui vaille le coup sur ce Square Peg In A Round Hole ? Sur We Are Here, encore, il y avait Deadbeat et Antlers. Là, plus rien, que des gouttes d’huile grossières immiscibles avec mon liquide céphalo-rachidien. La première fois que j’ai écouté ce second disque, j’ai cliqué sur Suivant au bout de 30 secondes à chaque morceau, désespéré. Après je me suis forcé et ça n’a rien eu d’agréable. Electro de piètre qualité, scandaleusement cheap, trop maladroite pour être catchy, pas dansante pour un sou et encore moins pour un sobre, dirait Cyanure. Je souhaite que tu me répondes que, tout ça, c’est de l’expérimentation au fond du trou et pas de la sédentarisation. Oui, voilà, dis-moi que tu es juste en train de faire de la spéléologie. Moi je vais appeler Mew pour qu’ils t’apportent de quoi remonter à la surface.