Grizzly Bear – Shields

Dans la catégorie indépendant, Grizzly Bear joue maintenant chez les poids lourds. En étant l’une des rares signatures à guitares du label fort électro Warp, il doit donner une suite à Veckatimest. Sorti en 2009,c’était un plébiscite critique unanime et public également puisqu’il a signé 500 000 ventes dans le monde.

Connu via la pub et son apparition dans How I Met Your Mother avec son single Two Weeks, le quatuor folk s’illustre plutôt par des pistes assez expérimentales où les nappes lancinantes laissent place aux harmonies vocales des deux chanteurs et plonge l’auditeur dans une sorte de bulle. Malgré des parentés évidentes avec son aîné avec des titres comme Yet Again, Shields est plus proche de Yellow House. Par ses pistes flirtant souvent avec les 5 minutes et ses accalmies récurrentes, il est un album où il fait bon se perdre mais parfois où on s’ennuie un peu.

Dur d’avoir le recul nécessaire pour savoir si la formule commence à se répéter ou si Veckatimest est réellement au-dessus. Si la déception est pour l’instant de mise, cela nous empêche pas de savourer les perles que sont Half Gate, Sun In Your Eyes, Speak in Rounds ou A Simple Answer. C’est marqué au fer rouge sur nos oreilles : cet album est un « grower ». Il prendra du galon au fil des écoutes et ce n’est clairement pas à la première fois que vous allez crier au génie. Au cas où vous seriez vraiment perplexe, vous pouvez toujours vous rabattre sur l’aîné plus direct pour savoir ce dont le groupe est capable.

Pour ses moments de grandiloquence, sa beauté intrinsèque, ses envolées lyriques, Shields mérite qu’on s’y attarde et qu’on lui pardonne ses errances et le ventre mou qu’on ressent à la moitié du disque. La mortifère The Hunt et Gun-Shy presque trop pop plombent sûrement le rythme. En prenant les titres individuellement, on se rend compte de leurs qualités et on se dit que la longueur de l’album lui porte peut-être préjudice.

Une belle galette parfois chiante, c’est l’amer constat qu’on est obligés de dresser à la dernière sortie du quatuor new-yorkais. Pour les avoir déjà vus en concert, n’hésitez pas pourtant à vous y rendre si vous pouvez les croiser au coin de votre rue. Perso, le rendez-vous est déjà pris un jour de fin novembre à Bruxelles. Pour les parisiens, il faudra se rabattre sur le Pitchfork Festival du nom du fameux webzine faisant la pluie et le beau temps sur la scène indé US. Par la même occasion, je vous conseille de jeter vos oreilles sur les EPs de Daniel Rossen (Silent Hour/ Golden Mile) ou sur le side-project Department of Eagles si vous êtes en manque de son pour écouter votre barbe pousser.

Qu’importe si la claque n’est pas totale, il n’y a pas à douter de la présence de l’album dans tous les tops de fin d’année.