And So I Watch You From Afar – All Hail Bright Futures

And So I Watch You From Afar a réussi en quelques années seulement à s’imposer comme l’une des valeurs sûres du genre prolifique et muet qu’est le post-rock. 2 ans après la perte de leur leader Tony Wright parti chanter de la folk aux oiseaux, ils ne perdent en rien leur bonne humeur. En appuyant encore plus sur leur côté bas du front et son ambiance de troisième mi-temps, les Irlandais nous amusent et font secouer violemment la tête. Le mot d’ordre d’ASIWYFA en studio semble avoir été  »open bar à toutes les envies. » Tout comme sur sur la pochette, qu’on qualifiera de bigarrée…

Et quand le comptoir tourne à la Guiness, faut pas s’étonner qu’au bout d’un moment ça donne mal à la tête. Usant par moments à vouloir trop en mettre, ils n’empêchent que pour la troisième fois d’affilée, les affaires reprennent. S’autorisant des sorties de routes dans un style musical plutôt consanguin, ils ne reculent devant rien pour s’éclater : des choeurs féminin, des rythmes reggaes, du n’importe quoi régressif ( »Ka Ta Bo Ta »). Les cris fédérateurs, les guitares saturées et ultra-speed et le jeu syncopé de la batterie sont maintenant accompagnés de nappes électro. Les trompettes à la Chumbawumba sur  »The Stay Golden » sont douteuses, comme les violons sur  »Trails », tout n’est pas parfait dans cet album, loin de là.  »Rats on Rock » est l’exemple le plus frappant : un délire proche de la bande-son d’un Donkey Kong sous amphét’. On n’en doute pas une seconde, c’est la fête dans leurs têtes.

Pourtant, on y revient toujours, pourquoi ? Parce que ça nous met la patate. Un métro bondé, un powerpoint récalcitrant, l’ordi qui plante ? All Hail Bright Futures ne vous sauvera pas de là mais rendra la situation plus jouasse, bondissante, funky. Doté d’une tracklist aussi gourmande que bien construite, il perd le caractère épique ou atmosphèrique qui régnait sur le premier album qu’on retrouve par touches sur  »Mend and Make Safe » ou la cataclysmique  »Things Amazing ». Le groupe avance, parfois dans tous les sens, mais il mérite toujours qu’on y laisse une partie de nos cervicales.