Angel Olsen – Burn Your Fire For No Witness

Commençons par une phrase toute faite: Angel Olsen, c’est d’abord une voix. La folk contemporaine est certes replète d’excellentes chanteuses – citons en vrac Cat Power, Feist, Laura Marling ou Neko Case – mais au-delà de ses belles envolées vocales il y a chez cette jeune promesse américaine un charme intemporel qui n’appartient qu’à elle, entre sensibilité rétro évoquant la grâce des grandes divas des années 50-60 et dépouillement indie-folk relativement brut de pomme dans la veine de son mentor Bonnie ‘Prince’ Billy. Déjà remarquée sur son album précédent ‘Half Way Home‘, cette faculté à restituer toute la saveur old-school de vieux classiques de Joni Mitchell, Roy Orbison ou Patsy Cline est d’autant plus épatante que la demoiselle a semble-t-il les qualités d’écriture qui vont avec.

On ne pense pas trop s’avancer en disant qu’Angel Olsen a le potentiel de pondre un grand disque. Évidemment, ‘Burn Your Fire For No Witness‘ n’est pas ce disque et il faudra pour l’instant se contenter d’apprécier son intéressante progression, avec des réussites et des faux-pas. Ce nouvel album a sa part de maladresses mais confirme plus qu’il ne fait douter, en bonne partie grâce à une première moitié qui nous fait le coup du Dylan-goes-electric avec un bel aplomb, passant de l’intro acoustique de ‘Unfucktheworld‘ au garage-folk de ‘Forgiven/Forgotten‘. Juste après, la délicieuse ode au duo Nancy Sinatra / Lee HazlewoodHi-Five‘ creuse de façon convaincante dans cette direction, révélant une Angel Olsen plutôt cool et sensuelle, voire même carrément sexy sur ‘High & Wild‘. C’est une évidence, les guitares électriques et la prod’ rugueuse de John Congleton lui vont à ravir, ce dernier tirant également partie de la forte présence émotionnelle de la chanteuse sur le folk-rock passionnel et presque noisy de ‘Lights Out‘ et ‘Stars‘.

Cette jolie transition vers un format full-band un peu débridé n’est qu’une demi-surprise, même après le très intimiste ‘Half Way Home‘, et l’on aurait de ce fait souhaité que l’émancipation soit plus radicale. Si l’on peine déjà quelque peu pendant les sept minutes désertiques de ‘White Fire‘, sombre complainte à la Leonard Cohen, le minimalisme acoustique des quatre dernières chansons emmène ‘Burn Your Fire For No Witness‘ vers un final excessivement austère. Il n’y a certes rien de particulièrement médiocre parmi ces titres mais en-dehors de ‘Windows‘ rien de très substantiel non plus, un peu comme un résiduel de compos anodines ajoutées pour le principe et qui ne correspondent en rien aux temps forts de l’album. Parler de déception serait pourtant inutilement sévère – on tient là un bon disque – et pour l’essentiel le statut actuel de révélation d’Angel Olsen est amplement mérité. Vivement la suite.