Mumakil – Customized Warfare

Il y a un peu plus d’un an, Mumakil encore fraichement né prenait tout le monde de cours en lachant sur la scène grindcore européenne une petit bombe joliment et simplement nommée ‘Brutal Grind Assault‘, leur première démo auto-produite. Bon, à l’époque, leur nom était souvent associé à celui de Nostromo et en tant que grand fan de ces derniers, j’attendais un peu ce groupe comme le nouveau messie du grind après le split de nos suisses favoris. Au bout du compte, on ne retrouve dans Mumakil que Jéjé, le gratteux, mais quand on y regarde de plus près, le combo a quand même de jolis airs de dream-team : en plus de Jéjé on y trouve Taverne de Knut à la basse, Seb de Deceit à la batterie et l’excellent Tom de Stumpfucking au chant. Que demander de plus ? Du coup, une année plus tard ils sont chez Overcome et nous offrent leur premier album, ‘Customized Warfare‘.

Il ne faut pas longtemps pour dresser un constat simple et définitif : cet album démonte, casse tout sur son passage et laissera peu de survivants parmis les tympans les moins accoutumés à cette agression sonore sans pareille. Premier point fort : la production. Le son est parfaitement net et précis tout en gardant cette petite touche rugueuse, ce petit côté fait maison qui fait le charme d’un grind aux accents oldschool. Même si les fantômes de Terrorizer, Repulsion et compagnie hantent toujours toutes ces compos, pour une fois, ce son fait surtout penser aux leaders de la nouvelle génération, de Nasum à Rotten Sound. C’est pointu, corrosif, bref ça laisse des traces là où ça passe.

Deuxième point fort, cette galette fait tout pour ne pas lasser. Chaque riff et chaque rythmique arrive à garder l’agressivité et la violence primaire essentielles à ce style et pourtant, on a pas l’impression d’entendre le même titre une seule fois parmis les trente-deux qu’on nous propose. D’ailleurs l’album entier semble fonctionner, en tout cas pour moi, comme un seul et long titre d’une demi-heure. On commence sur une série de compos purement défoulantes, puis quelques titres aux tempos plus posés forment comment un pont au milieu de l’album, histoire de souffler un peu et on finit sur une montée en puissance ultime, culminant avec ‘XXXII‘, dix secondes de blast chaotique, insensé, tout simplement jouissif si on vient de s’enfiler l’album dans son intégralité.

Et puis au delà de ce délicieux martellement incessant, derrière ce mur de son infranchissable qu’on se prend en pleine face, au bout d’un certain nombre d’écoutes on commence à s’intéresser à ces innombrables arrangements, breaks, samples et compagnie qui ajoutent encore à la richesse de l’album, qui cassent le roulement général qui s’installe parfois. Le chant lui aussi évolue tout au long de l’album, passant de growls classiques mais toujours très dynamiques et spontanés à des grunts inhumains comme sur ‘XII‘ ou des hurlements plus haut perchés par-ci par-là. Et puis on a par moments droit à ces éclairs de génie quand une courte mélodie, une lead enflammée se superpose au chaos ambiant et finit par un climax tout en dissonances comme sur le magnifique ‘XXVI‘. D’autres moments surprennent d’un autre façon comme l’arrivée innatendue d’un riff aux sonorités complètement heavy en plein milieu de ‘XX‘, dans un esprit très décalé. Décalées aussi sont les intros en répliques de films comme sur ‘XXI‘ ou ‘XI‘. Certains n’aiment pas, personellement j’adore ça et les titres qui suivent ses intros n’en ont que plus de patate.

Customized Warfare‘ est donc un premier album vraiment monumental. En même temps, vu l’expérience des membres du groupe, ça ne surprend qu’à moitier. Ces quatre-là sont de vrais artisans du grind, des maîtres dans leur domaine et pas une seule seconde de ce premier opus n’est laissée au hasard. Ceux qui attendaient avec ce groupe la ‘suite’ de Nostromo vont découvrir quelque chose d’assez largement différent, une énergie et un style propre. Bref, là où Mumakil blaste, l’herbe ne repousse pas et c’est très bien comme ça.