Dès les premières notes, il y a comme un code que les initiés captent, les ondes magiques provoquées par un son de cloche. Non Jesus n’est pas ressuscité, non la cloche Brian Molko n’est pas là, c’est l’esprit de Phil Spector qui cogne depuis le tribunal. ‘Beautiful Future‘ ou l’ouverture pop idéale du neuvième album de Primal Scream.
‘Beautiful Future‘ est à la pop ce que le précédent ‘Riot City Blues‘ était au rock : une démonstration de savoir-faire et de talent quasi imparable. Bobby Gillespie a la classe ultime malgré son allure d’andouille, on l’imagine capable de nous passionner avec des reprises d’Alizée au triangle.
Toujours auteurs d’une musique aussi stupéfiante que des performances de cyclistes pro, les anglais ont donc placé ce nouvel opus sous un soleil pop fort radieux. ‘Beautiful Future‘ se livre très facilement et pourrait bien valoir à Primal Scream un retour dans les charts. Cependant, à aucun moment les anglais ne cèdent à la facilité : l’excellent single ‘Can’t go back‘ est aussi furieux que ‘Uptown‘ est dansant comme une rave. ‘The Glory of love‘ lorgne plus vers la chinoise d’Iggy Pop, futur single sur lequel on miserait volontiers quelques deniers si l’on ne vivait pas à une époque aussi dégénérée musicalement. ‘Zombie Man‘ agit comme ‘Higher than the sun‘, en moins convaincant certes, mais assez pour adhérer. L’album contient inévitablement quelques faiblesses : ‘Suicide Bomb‘ et ‘Beautiful Summer‘, un peu clichés, limite parodies du passé. Des invités sont présents : la guitare caractéristique du roux Josh Homme sur ‘Necro Hex Blues‘ et la voix de Lovefoxxx (CSS) fait un petit miracle sur l’excellent ‘I love to hurt‘ (qui répond à ‘The glory of love‘ et vice-versa), bande-son idéal du sexe sous ecsta. Tout est convaincant même si l’album a une petite tendance à faire du surplace -pas de réinvention du son Primal Scream– particulièrement lorsqu’on atteint le ventre mou qui ne tient pas les promesses des deux premiers titres. A noter aussi une jolie cover de Fleetwood Mac à l’aide de Linda Thompson, influence visiblement moins honteuse que fut un temps ce qui laisse un peu d’espoir à Coldplay ou Muse.
Le principal souci de ‘Beautiful Future‘ est qu’il s’agit d’un bon album d’un groupe ayant l’habitude de tutoyer l’excellence. Certaines mauvaises langues iront de leur couplet de la déception, du tourne en rond, qu’à cela ne tienne, il est bien dommage de ne pas savoir apprécier de bonnes chansons pour ce qu’elles sont. Il faut savoir se satisfaire d’un bon disque.