Saul Williams ✖︎ Aéronef ✖︎ Lille

IL est des fois où la vie vous dit non. NON ! c’est tout. c’est comme ça. Alors quand tu te dis que tu vas pourvoir interviewer Saul Williams et évoquer avec lui son travail, sa progression, ses collaborations prestigieuses (coucou Trent), les connards qui le sifflent en première partie de RATM alors même qu’il a bossé avec Zach de la Rocha, la vie te dit… NON ! Emploi du temps de ministre interstellaire oblige, je n’aurais pu aller jusqu’au bout de ma démarche ce soir. Et quand je me dis qu’au moins, ça va, je vais le photographier. La vie m’a dit NON (coucou l’appareil photo qui ne veut pas fonctionner ce soir). Tant pis. On va se contenter de regarder le concert, d’en absorber chaque minute, chaque seconde, à moins que… Non. Là, ça va, il ne se passera rien m’empêchant d’assister à cette date. Sorte de second rendez-vous manqué (encore à Lille) 3 ans plus tôt parce que je pensais que le voir une fois en live me suffirait. Non mais quel con !

Ce soir, on se retrouve donc à l’Aéronef en configuration club, comprendre réduction de la taille de la salle pour un concert plus qu’intimiste, une sorte de showcase dont rêveraient bon nombre d’amateurs. Il faut dire que ce soir dans le Nord, on a le choix, 30 Seconds To Mars au Zénith ou encore No One Is Innocent à Valenciennes. Pour ma part, c’était vu depuis longtemps tant le dernier skeud de Saul Williams « Volcanic Sunlight » m’a plu. Le concert commence à 22h, dur dur pour une fin de semaine, je l’avoue. Mais bon, l’artiste se fera vite pardonné en entamant le concert par le titre « Explain My Heart » qui va littéralement me retourner, Saul est entouré d’un groupe au complet, preuve que le dernier album aux accents électrobeat poprock est une continuité de « Niggytardust« , batterie, trombone, guitare, clavier, tout y est. Très vite, l’artiste s’empare du lieu de par son aura et je peux vous dire qu’il y avait très longtemps qu’un artiste ne m’avait pas filé une telle chair de poule. Le contexte est posé. Ce soir, c’est un un grand monsieur qui sert d’hôte. Un Artiste avec un grand A. Décidé à faire danser la salle, l’artiste enchaine ainsi vieux titres et compos tirées de son irrésistible dernier album. Le tout se fait sans fausse note devant un public tout acquis à la cause de l’artiste.
Et si tous les groupes ont UN titre qui permet de mettre le feu au public, Saul détient lui aussi ce genre de compo avec « List Of Demands » sur lequel le guitariste/bassiste/gérantdustand Denis Teste va aussi se lâcher, épaulant ainsi de sa très bonne énergie un Saul arranguant un public chauffé à blanc. Un public modeste mais qui se lancera dans un pogo endiablé, après que Saul lui-même se soit mêlé au public quelques instants, le morceau s’achevant par de nombreux « GO ! CALL THE POLICE ! GO ! » É-NOR-ME !
Et j’avoue, j’ai souri bêtement sur ce morceau,mais aussi sur l’ensemble de cette date parce que j’ai pris un pied phénoménal, une sorte de béatitude musicale que je n’avais pas du tout vue venir.
Les interprétations live de Volcanic Sunlight ne déçoivent pas, d’ailleurs, c’est un concert qui fera la part belle au dernier disque sorti par l’artiste, mais aussi à ses titres plus anciens, évoquons un « Black Stacey » a cappella prenant et poignant (« I think I’m too black Mom, do you think I’m too black? I think I’m too black« ). Hélas, c’est déjà au bout de 45 petites minutes que Saul quitte la scène une première fois pour revenir assurer le rappel dont un « Dance » ultra plaisant. l’artiste se lancera pour finir dans un petit slam quelque peu entamé par ho, attendez :
« Vous me reconnaissez ? Mais siiii ! Je suis le mec qui va à des concerts et qui, lorsqu’y’a plus de musique parce que Saul Williams est en train de slammer, j’imite les paroles en yaourt pour rigoler avec mon copain parce que je comprends pas l’anglais.
c’est MOOOOOÂ ! Super Connard !
Super connard, ha oui, c’est moi ! Ha yeah, wanagainmistouflaï, woualaigaine..
. »
Mais aussi la fatigue ! Puisque Saul sera littéralement pris d’un trou de mémoire. Apparemment bien embarrassé, l’artiste déclarera même vouloir quitter la scène pour ce soir. La fatigue certainement. Mais le public ne le lâche pas, lui pardonne et finit par dire NON ! Saul, on t’aime, merde ! Du coup, l’artiste se relance dans un slam que chacun écoutera religieusement et qu’il achèvera avec succès cette fois, j’avoue, j’ai encore frissonné.

Et si je n’ai qu’un regret sur cette date, c’est la durée du concert qui n’aura été que d’une heure alors que tout le monde en voulait encore plus d’un Saul qui n’aura pas été avare de remerciements auprès du public. Néanmoins, voilà le genre de date dont sait qu’on gardera un très bon souvenir, conscient que l’on a assisté à un moment privilégié (preuve en est, j’ai cherché aussi sec d’autres dates éventuelles sans espoir et… Sans succès). En tout cas, merci Saul pour cette mémorable soirée, en espérant te revoir vite, qu’on puisse enfin ne plus se louper et dire oui à la vie car je chante la vie, je danse la vie grâce à toi.

j’en profite pour remercier Olivier de chez Sony pour cette date ainsi que l’Aéronef pour son accueil sans faille.