Paul McCartney ✖︎ Bercy ✖︎ Paris

vm5
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Même lorsque ce n’est plus la première fois, même lorsqu’on est le premier à se foutre de sa gueule tant il prête franchement à la parodie, même lorsqu’on est saisi d’effroi en songeant à ses emportements sentimentaux, même lorsqu’on trouve qu’il a pris un plus gros coup de vieux ces deux dernières années que lors des vingt précédentes, quand Paul McCartney monte sur scène l’émotion ressentie reste inégalable. 17.000 spectateurs contemplent l’Histoire de la musique en chair et en os. Paul McCartney fait souvent le même coup (le riff de « Foxy lady » à la fin de « Let me roll it« ), les mêmes blagues (« merci Bercy ! », « je vais parler un pôti pô français but i’ll speak mostly in English »), les anecdotes et introductions de chansons se suivent et se ressemblent mais la grande qualité de ce mec est de pouvoir balayer jusqu’à la moindre trace de cynisme en nous. Et ce n’est pas à la portée de tout le monde parce que tout le monde n’a pas écrit « Drive my car« , tout le monde n’a pas composé une chanson hommage à John Lennon (« Here today« ) dont la tristesse en dira toujours plus que les mille et unes analyses qu’on pourra faire de sa réaction plutôt déconcertante à l’annonce de la mort de son pote, tout le monde n’arrive pas à nous faire apprécier des chansons qu’on n’apprécie habituellement pas (« Mrs Vanderbilt« , « Get back« ), tout le monde ne peut pas nous donner l’impression qu’il ne chante que pour nous alors qu’on est entourés par Bercy plein à craquer (« Blackbird« , plus belle mélodie du monde?) et enfin tout le monde n’a pas dans son répertoire des « Hey Jude » (better, better, better, yeaaaaahhhhh!), des « Yesterday« , des « Jet« , des « Band on the run« . Oui, Paul McCartney est très fort et les explosions et flammes de « Live & let die » ne cachent pas que c’est une chanson de fou, avec un passage reggae au milieu, que lorsqu’on pense aux titres joués pour la première fois sur cette tournée (« The word« , « The night before« , « I’ve just seen a face« , le « Come on get it » qu’il avait offert aux mecs de Badfinger) aux détriments de certains classiques de la setlist et qu’on n’éprouve aucun regret, on se dit que Macca évolue sur une autre planète. Le mec ne joue pas « Lady Madonna« , ni « Here there & everywhere » mais on s’en fout. Ça passe sans problème. Il nous les a brisé menu pendant des années en pleurnichant parce que Spector avait tout salopé ses chansons de « Let it be » et il nous a fait son « Let it be… naked » mais paf ! Il joue « The long & winding road » avec les arrangements Spector. Mais ça passe. Il a tous les droits. Il fait monter des gens sur scène pour leur signer des autographes, 4 étrangers en plus alors qu’on est en France bordel (remarque approuvée par Marine LePen) mais on s’en fout, c’est génial ! On a tous en mémoire un souvenir de concert où un tube universel a été joué, où on n’a eu qu’une seule envie, celle de chanter bras dessus bras dessous avec son voisin, ou le poing levé car on y jouait notre vie. Un concert de Paul McCartney, c’est ça pendant trois heures non stop. Après tout c’est lui qui a inventé ce style de chansons.

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