Menomena ✖︎ Point éphémère ✖︎ Paris

Après le départ houleux de Brent Knopff pour Ramona Falls et la sortie de l’excellent « Moms », il nous tardait de voir Menomena sous sa dernière mouture. En guise de première partie, Stacks s’avère être un type d’Anvers, seul derrière ses machines. Renfermé, chantant les yeux fermés et très crispé, il décontenance et met du temps à faire participer le public. Les longs morceaux de 6 minutes n’aident pas à l’immersion et on se prend à l’imiter puisqu’en fermant les yeux, on apprécie un peu plus la musique. Si le son peut être intéressant, le dénommé Sis Mathé aura forcément à améliorer son jeu de scène s’il veut continuer à affronter la scène. Une demie-heure étrange qui ne met pas forcément en jambes mais qui intrigue assez pour vouloir jeter une oreille au Bandcamp du gaillard.

Passer de 3 à 5 membres sur scène facilite la tâche pour Justin Harris et Danny Seim, leur permettant d’avoir moins à jongler entre les instrus. Un changement de line-up qui va bien aux compositions plus agressives de « Moms » et qui rend service aux albums précédents puisque la totalité des instruments sont présents. Holcombe Waller s’assure du clavier et du saxo et même des backing avec sa voix fluette.De son côté Paul, sûrement sosie de Tahïti Bob à ses heures perdues, s’occupe du rôle de clown en jouant du cuivre et du clavier également. Dès leur entrée, Justin s’excuse de son français très limité. Il ne faudra pas s’attendre à de grands discours de sa part et invite Holcombe à nous sortir 2-3 conneries dans notre belle langue. Très vite, le groupe attaque comme sur le dernier album avec « Plumage » en claquant des mains. Le son est nettement plus puissant qu’en studio et je vous assure que si mon oreille droite pouvait parler, elle pourrait encore en témoigner. Ce serait être sourd de ne pas remarquer les faussetés sur la voix de Justin lorsqu’il doit tenir de longues notes aiguës comme sur le refrain de celle-ci ou « Pique » mais on s’en fout un peu au vu de la débauche d’énergie.

Détail à préciser, aucun titre interprété par Brent Knopff ne sera joué sur cette tournée. Comme ils nous l’ont dit en interview, ce n’est pas une décision définitive mais ils préfèrent jouer pour l’instant ceux qu’ils chantent eux-mêmes. Dommage pour ceux qui souhaitent entendre « Wet & Rusting » par exemple mais une décision compréhensible puisque les dix-huit morceaux choisis font plus que le boulot ! Ils gardent leur style inimitable et se transforme en bête de scène mélangeant un à un les aspects d’un bon concert de rock.

« Plumage » nous fait battre en rythme, les contre-temps et le saxophone de « Weird » nous baladent. Là où « Rotten Hell » et « Five Little Rooms » rapprochent les couples… Visual Music et votre serviteur aura même droit à une petite dédicace de la part de Justin m’invitant à bien regarder la batterie, avant l’ouverture de « Muscle’n Flo ». Pendant l’interview que nous avons réalisé avant le concert, j’avais demandé à Danny ce qu’il faisait sur l’introduction. Outre cette petite satisfaction personnelle, le concert trace à travers la discographie du groupe en laissant de l’espace pour « Friends & Foe » et « Mines ». l’album a beau entrer dans sa douzième année, le set n’oublie pas « I am the fun blame monster » avec »Strongest Man in the World », passage qui permettent de constater comment le groupe a pu évoluer avec ce premier album aux morceaux plus expérimentaux, proche du post-rock voire de l’électro, pour arriver dernièrement aux pop songs bordéliques de Moms.

S’il fallait en citer d’autres, on retiendra la dépouillée « Heavy is as Heavy does » proche de l’a capella et surtout la montagne russe pleine de rage « Don’t mess with Latexas » qui en laissera plus d’un l’air béat. A l’heure du rappel, ils décident de nous claquer le morceau le plus fédérateur « TAOS », magnifique hymne de loser où une bonne partie du public s’amuse à reprendre les premières phrases du refrain.

Après l’habituel faux-départ que constitue le pré-rappel, « One Horse » resserre les troupes toute en douceur avant que Danny annonce la couleur. « The Pelican » sera bien la der des der et son chant crié repris en choeur achève le public bien content d’en avoir pris plein la gueule.

Si Menomena a changé de formule, on est certains à la fin du show qu’ils ont trouvé la bonne. Maîtrisant son répertoire sur le bout des doigts, ils auront conquis le public avec classe et générosité. Une bande de timides talentueux qui se déchaîne, ça fait plaisir à voir. Mauvaise surprise du soir, une vitre de leur van a été cassé pendant le show. Bilan du braquage : les valises et un iPad ont disparus. Maudissant les auteurs du larcin sur les réseaux sociaux, le groupe continuera sa route vers Strasbourg, l’Allemagne et la Belgique avec de nouvelles chaussettes. On sera encore dans leurs basques le 6 décembre à Bruxelles pour vérifier s’ils ont changés de vêtements. d’ici là, on vous invite à lire la longue interview de ses deux bonhommes modestes mais charmants.

On remercie Modulor Records et en particulier Benjamin pour sa réactivité.

Setlist :

Plumage
Capsule
Weird
Strongest Man in the World
Giftshoppe
Muscle’n Flo
Five Little Rooms
Rotten Hell
Baton
Lunchmeat
Pique
Heavy is as Heavy does
Queen Black Acid
Don’t mess with Latexas
Dirty Cartoons
TAOS

One Horse
The Pelican