Interview ☭ Tu Fawning

Après le concert, le groupe invite le public de la Malterie à leur parler autour d’une bière ou d’une clope. Ce que je me suis empressé de faire avec plaisir et de choper quelques infos au tour d’une interview informelle d’une demie-heure pour en savoir plus sur leur méthode d’enregistrement, leur mode de vie et leurs influences.

Je voudrais savoir d’abord si vous viviez de votre musique à l’heure actuelle? En vous prenant comme exemple votre groupe ou même Menomena qui est vieux de 10 ans, vous restez assez méconnus en France et vos albums sont durs à trouver en boutiques ici, qu’en est-il ?
Nous ne vivons pas encore totalement de notre musique. Les tournées nous permettent de gérer loyers, bouffe et quelques à-côtés mais pas vraiment plus. C’est pourquoi on a tous un « vrai » boulot qu’on reprend dès que les concerts s’arrêtent. Ce qui ne nous empêche pas d’aller en studio de temps à autre pour nos compos ou collaborer à l’album d’un groupe de potes.

Comment se passe les enregistrements ? Vous jouez tous plusieurs instruments donc techniquement, vous pouvez tous avoir votre mot à dire.
Le processus d’enregistrement est assez simple et naturel. Malgré qu’on puisse jongler chacun entre guitares, percus ou cuivres, la plupart des morceaux ont été composés au départ avec un rythme de batterie joué par Corinna, suivie par Joe à la guitare. A ça, s’ajoute couche par couche les claviers, le trombone ou n’importe quel autre instru jugé intéressant.

C’est ce que j’ai apprécié dans l’album par rapport aux Ep’s : l’aspect collectif. On ressent une énergie avec les choeurs notamment qu’il n’y avait pas avant.Au rayon des influences, on décèle sur Wager par exemple un côté western. C’est voulu ou c’est votre côté cowboy qui ressort ?
Si vous vous posiez la question, ce n’est pas un hasard : c’est assumé. Originaire de la côte ouest, on est des grands admirateurs du son d’Ennio Morricone et si parfois à l’écoute de l’album vous avez envie de chevaucher un canasson, c’est bon signe.

Je souhaiterais revenir sur la scène de Portland, pas besoin de les citer pour savoir qu’il y a un vivier incroyable là-bas. Vous n’avez jamais eu l’idée de faire une sorte de festival pour tourner tous ensemble ? Spécialement en Europe, pour aider à vous faire connaître.
C’est vrai que le nombre de groupes depuis 10 ans est assez incroyable et qu’il doit y avoir quelque chose dans la flotte là-bas qui vous transforme en zikos.
Pour l’idée du festival, c’est intéressant et ça pourrait être cool mais il y a toujours des problèmes d’agenda qui fait que ce serait difficile à mettre en place. Une fois sur Paris, quelque chose dans le genre a eu lieu à Paris, ça s’appelait Keep Portland Weird. Je n’étais pas à 100% convaincu du résultat, certains groupes n’étant pas vraiment de la ville ou n’avait pas le son avec lequel on caractérise cette scène.

Au-delà de ça, des parties de l’album ont été enregistrés chez Justin Harris, membre de Menomena. (Groupe dont Joe Haege a fait partie en tournée de 2009 à 2011. Tout s’explique.)

Pour finir Joe, je vous ai vu l’an dernier avec 31 Knots au Grand Mix, où est passé votre collection incroyable de fringues ?
Ahah. C’est un autre projet. Avec 31 Knots, je fais un peu ce qui me passe par la tête, ce qui passe parfois par des changements vestimentaires sur scène. Là, j’ai pas envie d’amuser la galerie. (au grand dam de Toussaint, qui parait bien chaud pour assister au spectacle)

S’ensuivent des anecdotes triviales sur le reste de la tournée européenne du groupe qui les emmène aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne… Quand je les quitte, ils sont à la veille de leur premier jour « off » depuis une semaine. Jeterminerais ce compte-rendu par vous ordonner d’aller les voir parce qu’en plus de faire de la musique de qualité, ils sont accessibles, drôles, humbles et adorables.

A Paris le 8 octobre au Café de la Danse et dans vos oreilles avec A Monument depuis quelques mois déjà.