Arcade Fire ✖︎ Everything Now

Trois ans après Reflektor, Arcade Fire relance à nouveau la machine à teasing pour un Everything Now packagé comme jamais. Un clip par single, accompagné de sa pochette, son logo, de ses fausses pubs, faux sites et même de ses (vraies ?) fausses requêtes de divas pour les shows télés. Taxé de clônes d’ABBA dès le premier extrait, ce cinquième album sentait la poudre. Qu’en est-il quelques semaines après sa sortie ?

PLOUF !

Le problème avec les albums attendus, c’est la déception potentielle qu’ils couvent. Everything Now en fait irrémédiablement partie en se prenant les pieds dans son concept. En critiquant à tort et à travers les méfaits d’une société mercantile, de sur-consommation et de sur connexion dans des paroles à l’emporte-pièces, il en oublie l’essentiel : la musique. Hormis les réussites trouvées parmi les singles, seule « Put Your Money On Me » tient la route sur la longueur. « Creature Confort »  produit l’exploit de survivre aux écoutes répétées et demeure hélas le seul hymne du disque. Une caractéristique fédératrice que le groupe pouvait porter en étendard, qu’il semble ici impossible à répéter en constatant à tel point l’album multiplie les lourdeurs.

Ad lib

Le morceau titre se paye le luxe d’être là trois fois sans raison via des reprises creuses et vaines. « Infinite Content » fonce tout droit dans un punk cliché sans servir à grand-chose pour s’embourber dans une version ragga dégueulasse vite zappée et oubliée. Si on ajoute le naufrage « Chemistry » écrite sur un bout de table, ce sont 3 titres d’affilée qui sombrent vers l’échec. Et encore nous restons courtois avec « Peter Pan » qui garde le luxe d’être sympathique, tout en restant d’une pauvreté proche de la gentille face B. A ce tableau s’ajoute une virée en solo pour Régine Chassagne sur « Electric Blue » portant les stigmates du disque : un morceau surproduit sur une compo très redondante. Pire, le tout révèle très vite ses secrets et limites et ne gagne aucunement avec les écoutes répétées. On se retrouve donc avec une rapide sélection des morceaux à garder pour un zapping réduisant la galette à un quart d’heure. Si Reflektor ou The Suburbs pouvait contenir quelques titres proche du remplissage, on atteint là un ratio jamais vu.

Pourquoi ?

13 morceaux pour 4 titres à sauver. Il en devient complexe de justifier les 3 ans de travail. Certes la production fourmille de détails et l’avalanche de gros noms (Steve McKey de Pulp, Geoff Barrow de Portishead et Thomas Bangalter des Daft Punk) apportent ses services mais on reste perplexe devant un album si suffisant, disparate et faiblard. Chaque étape supplémentaire dans la discographie d’Arcade Fire a amené une évolution dans la composition et la recherche sonore. Ici, la forme a pris sévèrement le pas sur le fond et on ne retrouve plus les qualités qui faisaient la différence de cette bande. Que ce soit le sens des paroles dont on voit les ficelles lourdes à mille mètres, la répétition des refrains qui enfoncent au marteau piqueur des mélodies déjà entêtantes souvent pour de mauvaises raisons. Le cynisme semble avoir été aux commandes d’une œuvre difficilement appréciable. Hélas. Si il y a bien un domaine où Arcade Fire a tout donné sur Everything Now, c’est le marketing. Il n’y a plus qu’à dire à  la prochaine.