Mac Demarco

Rock en Seine ☭ Jour 3

King Khan & The Shrines et son groupe de 11 personnes, ça réveille même un dimanche de gueule de bois. Un sosie vocal de James Brown sur les cris, des capes, des timbales et des putains de cuivres. LA FIESTA, comme quand tu revois la mif après quelques mois : c’est pour ça que c’était dimanche. COHERENCE DE PROGRAMMATION T’ENTENDS.

Car Seat Headrest, A.K.A le frontman le plus statique de toutes les galaxies. Dans un flegme palpable, il porte tout de même l’un des meilleurs guitaristes du week-end. Nous goûterons moyennement les passages où une voix féminine est ajoutée et si le set est un peu longuet, on a bien été saucé. Séquence essentielle dans un festival, le What The Fuck. Ce set improbable où tout le monde semble perdre sa merde comme dirait nos amis anglo-saxons. Et si les années précédentes, c’était lors de Bloody Beetroots, Major Lazer ou encore Damian Marley, il semblerait que ce jour béni soit tombé sur Deluxe. Paradis du schlag pour les uns, défouloir pour les autres, c’était ma rencontre avec l’électro-swing. Des costumes à frange, un logo moustache comme sur les pires t-shirts de ta cousine de 12 ans, des « est-ce que vous êtes CHAUDS ce SOIR, VOUS ZETES FATIGUES » comme au mariage de ta tante en 1975 : Deluxe est une putain de fête du slip où le bon goût est resté au vestiaire. Grande mention spéciale à ce solo de saxo en courant de partout où à ses octaves tenues pendant des heures qui puaient le playback à des kilomètres. Si tu n’as pas peur, il y a race de concerts complets sur YouTube. Au cas où t’es un peu trop CHAUD.

Ty Segall débarquait à Paris, dans l’absence d’un concert en salle pour supporter son dernier album sorti en janvier dernier. Moins d’une heure d’un set sacrément énervé et sec comme un coup de trique. Grosse déception, « Feels » n’était pas présente puisque le mec de SF privilégiait sa dernière sortie avec des morceaux avec une durée multipliée par 3 parfois. Sympa mais loin d’être aussi cool et jouissif que lors du passage des Muggers et de Manipulator.
Dans le grand écart typé Jean Claude Van Damme, RES nous donne le choix entre Cypress Hill et Lemon Twigs. C’est donc la moitié de chaque qu’on regarde en commençant par le crew de L.A porté sur la weed. Un délire régressif très convaincant ayant fait sauté la foule dans tous les sens. De l’autre côté du ring, les jeunes pousses de l’indé m’ont relativement gonflé. Comme sur album, je me retrouve peu dans ces compositions bordéliques très maniérées.  Blague du moment, nous avons croisé un mec se baladant avec un putain de DIDJERIDU.

Grosse ambiance pour la fin de soirée car c’est Slowdive et The XX qui se donnent la balle. Les premiers réitèrent la grâce de leur set à la Route du Rock il y a 3 ans tandis que les seconds sont nettement plus agréables que lors de notre passage à Nos Alive en juillet. On a même partagé la foule avec Jamie XX, Jehnny Beth de Savages l’espace d’un instant juste à côté de nous avant de les voir filer assurer leur set. Aucune image pour le moment mais l’autre surprise du week-end, c’est incontestablement le DJ Set de The Shoes préparé pour la nouvelle formule des Inrocks. On espère revoir ça vite !

Que dire après les 3 jours ? Que la cohérence dans le choix des artistes est toujours une constante indéniable de Rock en Seine. Pourtant, clairement il manque de LA claque. Celle dont tout le festival parle. La faute aux têtes d’affiches loin d’être incroyables et souvent déjà vues dans l’enceinte de Saint-Cloud. Où sont les King Gizzard, Royal Blood, Father John Misty, Local Natives, LCD Soundsystem, Queens of the Stone Age, Arcade Fire ? Pas à Rock en Seine en tout cas. Cette année, le Boulonnais prend une orientation claire qui ne dit pas son nom, celle d’une programmation plus confidentielle mêlant petits et groupes indés internationaux et une franche présence française. On se serait bien passé de ce tournant patriotique mais il va falloir composer avec, tout comme avec une forte propension à laisser de la place en masse à l’électro et au rap. Entre la caution de bon goût d’une Route du Rock et la version estivale d’un festival des Inrocks, on attend quand même encore d’un festival de cette taille qu’il attire 2 ou 3 gros noms. Espérons que ce soit le cas l’an prochain.