Yoko Ono – Between my head and the sky

Dans le genre qui ne fait pas l’unanimité, Yoko Ono occupe une bonne place ce qui la rend cent fois plus intéressante que, tout à fait au hasard, un tout lisse Dave Grohl et ses sourires à un million de dollar, son greatest hits des Foo Fighters et son supergroupe que tout le monde aime pour le principe alors qu’on a rien entendu. On la hait passionnément parce qu’elle a éloigné Lennon des Beatles, ce qui est plus ou moins irréfutable. De là à écrire qu’elle est à l’origine de la séparation, il y a un pas qu’on ne franchira pas ici. Par contre, on écrira plus volontiers qu’elle est à l’origine de certaines des plus belles chansons de Lennon, ce qui n’est pas le cas de Cynthia, sa première femme… Et puis franchement, si elle est vraiment la cause de la séparation du groupe, tant mieux, elle a rendu la légende plus belle parce qu’éphémère.

Yoko Ono sort ces jours-ci un album qui sonne un peu comme la somme des clichés que l’on peut véhiculer à tort ou à raison sur elle : un truc d’artiste tu vois. Comme une longue jam funky jazz avec des paroles cosmico-comiques (‘Ask the elephant !‘) ou à l’inverse du piano voix. ‘Between my head and the sky‘, c’est le nom du disque, flotte entre de l’expérimental fluxus et des choses plus classiques, souvent fort jolies (‘Healing‘, ‘Higa Noboru‘). C’est un disque un peu sans surprise tant les poses obligatoires sont là, le tout est chaperonné par le beautiful boy Sean Lennon qui par sa production parvient à donner une certaine cohérence sonore à ce disque parfois difficile (‘Calling‘), peut être un peu trop auto-satisfait sur le mode « je suis une artiste moaaaa » mais le plus souvent intéressant. L’album se veut avant-garde mais sonne avant tout comme un grand carrefour d’influences, jazz, pop, electro, pop, passant de l’exubérance à l’intimisme en un clin d’oeil. Le tout manque évidemment de mélodies dignes de ce nom et même si ce n’est pas là le but du disque (Yoko n’est évidemment pas une songwriter), l’absence de « vraies » chansons joue en sa défaveur sur la longueur. « I’m going away smiling » chante Yoko en fin d’album, soutenue par Sean au piano, et c’est l’impression que cela donne : hors du temps, hors des modes et surtout hors d’atteinte, Yoko Ono prend tout cela avec un sourire et on remettra l’expérience ‘Between my head and the sky‘ sur la platine à l’occasion.