My Morning Jacket – Circuital

Troisième et dernier épisode de notre série « Nos disques préférés de 2008 ne sont pas forcément les meilleurs ». Après l'[url=https://www.visual-music.org/chronique-1338.htm]Australie[url] et l'[url=https://www.visual-music.org/chronique-1415.htm]Angleterre[url], nous continuons à traverser les continents avec les américains de My Morning Jacket.

Trois ans après, Evil Urges sonne toujours comme un disque pour le moins embarrassant et pourtant il revient encore et toujours sur la platine. On ne comprend toujours pas ce qu’a voulu faire le groupe -mais on soupçonne le disque de coke- pas plus qu’on ne trouve la raison pour laquelle Thank you too ! n’est pas devenue le tube FM de l’été. Il y a toujours de bien beaux moments de bravoure (Touch me pt2, Smoking from shooting, Two halves) mais Evil Urges reste ce disque globalement incohérent qui va un peu trop souvent n’importe où et surtout n’arrive jamais nulle part mais on l’aime bien quand même, un peu comme ce vieux pote ou cette ancienne amie à qui vous n’avez plus rien à dire mais que vous revoyez toujours avec plaisir. Cela a déjà été évoqué, tout My Morning Jacket repose sur une histoire de potentiel pas franchement atteint. Pour faire simple, depuis qu’on s’intéresse à eux les texans n’ont fait que décevoir et disons le tout net, Circuital ne va pas vraiment changer la donne. Même si on a craint pire voire le pire.

Un groupe qui évoque son nouvel album en parlant d’enregistrer dans une église, ça sent le délire mégalo à la Arcade Fire. Quand ce groupe ajoute tout sourire qu’ils n’ont pas vraiment écrit de chansons mais fait de longs jams, ça sent la branlette doublée d’un beau syndrome de page blanche. Si bien que le monde ne s’est pas exactement arrêté de tourner avant d’entendre Circuital. Grâce à ce bien vilain a priori, la surprise est plutôt bonne. Bien plus cohérent que Evil Urges, Circuital est bien plus roots, rappelle plus Neil Young et les sudistes 70s que Prince ou Take That. Oui l’album sonne souvent comme de longs jams mais My Morning Jacket sait comment bâtir une chanson et a un petit talent pour la montée en puissance et l’apogée qui file la frousse. A ce titre, les deux premières (longues) chansons sont emballantes :Victory dance -malgré son gimmick vocale, hum, étrange, ils ne peuvent pas s’en empêcher- et surtout Circuital ont tout pour elles au petit jeu du crescendo et de l’ambiance sudiste. Ailleurs, tout le comme le Heavy metal drummer de Wilco est une sucrerie pop, le single Holding on to black metal a des allures de gospel irrésistible au riff circulaire qui va tout détruire en concert et rendre fou vos collègues à la Stan Smith. Au rayon mid-tempo (mid-tempi pour les fins latinistes), on navigue dans des eaux moins gluantes et surtout moins FM que sur le grand frère, si l’arpège et les violons de Wonderful (The way I feel) et Slow slow tune sont assez jolies mais communes, The day is coming est une vraie belle réussite avec ses choeurs éthérés et son ambiance lever de soleil, renouveau etc. D’ailleurs c’est cette ambiance qui donne tout son sel à Circuital, disque apaisant et printanier qui fait se sentir bien et ce malgré ses moments un passe partout (First lights, Outta my system, bof bof) et les habituels fantaisies vocales de Jim James, excellent chanteur techniquement parlant mais qui donne l’impression de chercher sa voix toutes les deux chansons.

Circuital n’est donc pas le disque qui fera comprendre à la Terre entière pourquoi certains considèrent Jim James comme l’un des meilleurs songwriters actuel mais My Morning Jacket retrouve de la cohérence, de la concision voire de la simplicité en publiant un bon petit disque qu’on a envie d’écouter, mieux, qu’on a envie d’aimer. Rien ne nous interdit de penser que celui-ci va aussi squatter la platine un bon moment.