The Thermals – Personal Life

Mon psy m’a dit : bon là, faut arrêter de déconner, voyez les choses en face, vous êtes dans la pulsion. C’est son avis après que je lui ai parlé de The Thermals. Oui, on cause musique très souvent. Lui-même avoue avoir des plaisirs coupables. Il marmonne régulièrement des propos incohérents au sujet d’un certain salaud de Dave.

C’est vrai : The Thermals est sans doute le groupe dont je n’aurais jamais dû vous parler. Inscrit nul part dans mon plan quinquennal de chroniques, et complètement hors-sujet au vu des évènements rock de ces derniers temps. Mais l’écoute de Personal Life, ce disque hérissé de pointes indie punk façon hérisson crado, en l’espace d’une petite heure, m’a convaincu du bien-fondé de ma mission.

Alors déjà pour débander direct : Personal Life ne vous fera pas grimper au plafond, abjurer vos mères et vous convertir à la religion la plus stupide du sud des Etats-Unis. Personal Life est un albim ultra-modeste aux chansons courtes empreintes des premiers Weezer. Ca peut sonner gentillet en bouche (Alone A Fool, Power Lies), voire Strokesien (Not Like Any Other Feeling). La formule trio est usée jusqu’à la corde avec ces américains de chez Sub Pop, et la voix vous filera peut-être de l’eczéma à force de tics mélodiques (I’m Gonna Change Your Life). Mais bon, on s’en fout.

Ce qui est excitant, c’est la sympathie surnaturelle qui émane du disque. On attend à tout moment l’éclat de génie qui va transformer cette marrante collection de chansons naïves en album du mois. Comme si je-ne-sais quel esprit divin du rock avait pris possession des trois corps du groupe sans réussir à faire sortir une note démentielle ou un beat dévastateur. Ca peut être excitant, ça peut aussi ennuyer profondément. Parce que The Thermals boxent nettement au-dessous de la maîtrise épatante de Blood Red Shoes ou de la qualité mélodique racée de The Kills.

Mais ils se rattrapent avec talent sur quelques titres très bien sentis, bien que mineurs. Le punkoïde Your Love Is So Strong relève la sauce générale, et surtout le merveilleusement concis A Reflection et son riff entêtant renflouent direct un navire à deux doigts de la dérive ou d’un naufrage au milieu de centaines d’autres sorties de cette décennie qui commence. Si The Thermals arrivent à développer de telles trouvailles rock, je suivrai aveuglément leur route.

En attendant, le trio reste en surface et peine à éclabousser. Leur réussite, cependant, c’est de m’avoir donné cette envie soudaine de chronique, comme on refilerait une bonne MST : vicieusement.

Je vous laisse, j’ai rendez-vous.