The Joy Formidable – The Big Roar

Liste de courses des vacances :

– Benco
– Sopalin
– Olives (dénoyautées puis renoyautées avec des trucs rouges dedans qui piquent un peu)
– Piques (pour chopper les olives sans devoir s’essuyer les doigts sur le short, le cuir étant salissant par excellence)
– Steaks et chipos
– Chronique de The Joy Formidable et son album sorti depuis le début de l’année, branleur.

Merde, évidemment, il y a toujours un truc qu’on oublie de faire toute l’année et qu’on traîne jusqu’à son arrivée au camping en juillet. Une feuille d’impôts, une tante à qui téléphoner, un vibromasseur à nett…

Marku : Tu l’as foutu où, justement, le disque de The Joy ?

Oui, j’oubliais, je pars en vacances avec Marku. C’est mon Franck Dubosc à moi, toujours une couille hors du slip de bain et un bon pet sous le bungalow. Ma caution poilade, en somme. Le disque de The Joy Formidable, il est là, sur la table, retourné, il sert de sous-bock à la bière d’Hilikkus depuis qu’on est arrivés.

Oui, j’oubliais, je pars aussi avec Hilikkus. Chaque été. C’est un peu mon…

Hilikkus : Dépêche-toi ducon, je dois finir mon article sur le come-back de Georges Michael et mon pamphlet pro-Dave Grohl, monopolise pas le seul laptop du pâté de tentes !

Bon, d’accord garçon, je me grouille. De toute façon, parler de The Big Roar, ce premier-deuxième album des trois gallois (où fout-on un EP dans une putain de discographie ?), c’est assez facile. Je te chie un plan en deux parties, avec une conclusion qui dit mouipatromal. Trois étoiles et demi, et paf, je peux retourner faire trempette au petit bassin du camping, mention Pedobear Approuved. Et jusqu’à ce qu’on remballe tout dans le break Citroën, trois semaines plus tard, je ferai la planche en me repassant mentalement des morceaux aériens comme Whirring ou I Don’t Want To See You Like This avec l’impression d’entrer en communion avec ce ciel d’azur infini et ces clapotis irréguliers d’enfants s’ébattant dans l’eau, qui provoquent généralement en moi cette…

Dookie : Quel est l’enculé qui a fini le lait ?

Oui, j’oubliais, je… Non, laissez tomber. Concentrez-vous plutôt sur moi, en transe post-My Bloody Valentine, dégustant le rock progressif interminable de The Big Roar. Parce que les morceaux de nos gallois ont la fâcheuse tendance à s’allonger, à s’exploser en outros longues comme une soirée d’Olympiades trans-campings, où l’un de mes compagnons cherche encore à l’heure actuelle à faire rouler une patate d’un demi-centimètre supplémentaire à l’aide d’une autre patate pendue à son entrejambe. Qu’est-ce qu’on se marre. Prenez l’excellent The Everchanging Spectrum Of A Lie en guise de mise en bouche. Sept minutes d’envolées baignées d’une post-noise soft déjà entendue, tortueuse mais agréable. Marku s’est endormi sur mon duvet et déjà il bave en ronflant. Sieste oblige.

Mais la formule de The Joy Formidable, même si elle est tout de suite pigée (débuts de morceaux admirables et fins qui s’éternisent en feux d’artifices youpi), a ses grandes qualités. Les mélodies lancées de derrière le micro, avec un naturel déconcertant, par Ritzy Bryan, chanteuse et guitariste du groupe, sentent la vocaliste qui maîtrise son sujet. Elle surplombe vertigineusement les murs de distorsions tendance on a du vent dans les cheveux au bord de la plage du Crotoy pour poser quelques lignes inimitables. The Magnifying Glass ou A Heavy Abacus se chargeront de parasiter votre esprit jusqu’aux courses de fournitures scolaires où, horreur!, vous serez persuadé de l’entendre à nouveau dans le hall de votre Leclerc entre deux sacs à dos Bob L’Eponge. Oui je m’occupe aussi d’équiper theghostchild pour la rentrée. A moins que ça ne soit Austère et ses bruits de mouettes en guise de gimmick qui déboulent dans vos magasins. Ce titre est vicieux et concentre tout le talent du trio en matière d’écriture de hits indés, dont je reconnais sans problème la qualité mais dont je conchie la décevante répétition de recette.

Malgré tout, et je lâche ces derniers mots avant que Ross ne vienne nous chercher avec sa bouée canard pour aller à la plage (il paraît que le drapeau est vert et que le maître-nageur ressemble à Miles Kane), The Joy Formidable est doué, doué, doué, mais lassant.