RVIVR – The Beauty Between

Si RVIVR se revendique comme un groupe de punk rock, on pourrait croire à leur dégaine que ce sont des hippies. D’ailleurs, savez-vous pourquoi les punks détestent les hippies ? Ils ont pourtant en commun de lutter contre le système établi. Et le fait de ne pas se laver et se déchirer la tête avec les substances bizarres, aussi. Il y a probablement des raisons historiques à cela, mais RVIVR ne semble pas s’en soucier. Leur nonchalance et leur sourire quasi permanent de sales hippies ne les empêchent pas de jouer des morceaux rapides et incisifs dans la plus pure tradition punk. A se demander pourquoi cette association n’est pas plus répandue.

Toujours est-il que The Beauty Between, second album du groupe après un éponyme fort sympathique et une série d’EP apéritifs, commence par cinq tueries. Sur The Seam, pas de refrain, seulement des choeurs bordéliques, du sax bouché à la bière et du kif à l’état pur. LMD est probablement la seule chanson punk au monde à intégrer correctement un orgue Hammond. Spidersong donne envie de monter un groupe rien que pour le plaisir de la reprendre, la dynamique fantaisiste de Wrong Way / One Way et Big Lie vaut largement un bon shoot de rhum caramel entre potes. On a beau connaître la capacité de Matt Canino à composer de super titres, une aussi belle fournée est une surprise que fait plaisir.

RVIVR envoie le pâté mais tout en décontraction, porté par ses mélodies entêtantes et une énergie débordante. Et comme pour s’aventurer sur terrain moins connu (pour eux, du moins), la plupart des autres morceaux s’apparentent à un rock 90’s un poil crado et foutrement mélodique. On pense à Dinosaur Jr., à Hole aussi – surement à cause de la voix d’Erica Freas. Si ces autres titres sont bancals quelques fois (Rainspell), ils permettent des expérimentations réjouissantes et des variations que le registre initial de RVIVR n’aurait pas permis (le trytique The Hunger Suite, le final de Party Queen).
Bien que The Beauty Between ne contienne pas de tubes aussi énormes qu’un Rain Down ou un Seethin, il s’avère être le meilleure disque de RVIVR. Cohérent, enthousiasmant, complet. A écouter d’urgence.