Jim O’Rourke – Simple Songs

Simple Songs‘? Simple chronique. Sauf qu’elles ne sont pas si simples, ces chansons de Jim O’Rourke. Des structures subtiles, des développements symphoniques, des arrangements chiadés. Pas de façon prétentieuse cela dit. Un disque de singer-songwriter rustique et cérébral, un peu 70’s sur les bords mais pas rétro pour autant, expérimental sans en faire des tonnes ou, hum, demander des efforts. Modeste et ambitieux, histoire d’épuiser tous les adjectifs. Bon, et même très bon parfois, avec des évidences mélodiques tout du long et un savoir-faire sonique indiscutable. Il y a donc plus élémentaire.

Élémentaire mon cher Watson, semble se dire l’auteur chaque fois qu’il se fend d’un pont joliment orchestré. L’énigmatique Jim O’Rourke peut se la péter à vie puisqu’il a mixé ‘Yankee Hotel Foxtrot‘ de Wilco et produit ‘A Ghost Is Born‘, couronné par un Grammy et donc sanctifié par l’industrie, sans compter ses années en tant que membre auxiliaire de Sonic Youth et dix mille autres projets. Versatile. Le directeur musical derrière le film School Of Rock c’était lui, pas Jack Black. ‘Simple Songs‘ ne cherche cependant pas à en mettre plein la vue, d’où le titre sans doute, loin de ce qu’on pourrait craindre de la part d’un musicien plus célèbre en tant qu’homme de confiance ultra doué que pour ses propres compositions. Ce nouvel album, à priori, parlera plus aux fans de Wilco et à ceux qui se souviennent de Loose Fur qu’aux inconditionnels de ‘Sonic Nurse‘ et ‘Murray Street‘. Et non, carrément rien à voir avec Tenacious D, cela va sans dire. Malgré quelques saillies électriques du meilleur goût – le monsieur sait tenir une guitare, sait tout faire – l’ensemble reste essentiellement folk, que ce soit dans le minimalisme acoustique de ‘These Hands‘ ou en accumulant expertement basse, batterie, piano, cordes et autres instruments comme sur la superbe ouverture ‘Friends With Benefits‘, ‘That Weekend‘ et ses légères tendances noisy, ou encore le magnifique final de ‘All Your Love‘, parmi beaucoup d’autres réjouissances en seulement huit morceaux.

Que reprocher à ce coup de coeur inattendu? Une voix de vieux pro pas disgracieuse mais peut-être un peu trop pondérée, mise en retrait autant que possible, notre magicien de studio n’étant clairement pas le frontman du siècle. Son côté aguerri et ses paroles sibyllines ont pourtant leur charme. Pensez Cat Stevens produit par Jeff Tweedy et Thurston Moore. ‘Simple Songs‘ sonne comme un classique mineur en fait, facile à zapper car loin des modes et hors du temps, presque désuet avant même d’être passé par la case hype. Mais un peu plus brillant à chaque écoute et donc inusable. De la bonne zique, tout simplement.