Comment ne pas se pencher sur Dry Can ? Ce combo parisien revendiquant ouvertement des inspirations de la scène US des années 90 (tendance Seattle) tout en brassant du Led Zep’ (merci papa, merci maman). Auteurs d’un album remarqué et encensé par les magazines mensuels Guitar Part, Rock & Folk, pas étonnant donc que VisualMusic se penche sur ‘Something Like That…‘ premier LP aux accents de gros maxis avec ces huit titres qui révèlent vite toute leur saveur. Parce que Dry Can, c’est un peu comme Coca-Cola, si tout le monde pense connaître les ingrédients de sa formule gagnante, seules quelques personnes savent doser les différents ingrédients qui le composent et lui confèrent ce goût si particulier. Enjoy comme dirait l’autre.
L’album s’ouvre donc sur le titre ‘Wherever I Stand‘ et sa guitare qui m’a sérieusement fait penser au titre ‘Pretty Noose‘ de Soundgarden pour l’utilisation réussie de la pédale wah-wah, donnant un cachet tout particulier à la composition. L’occasion aussi de constater les qualités vocales d’Antoine, chanteur autodidacte de la formation, épaulé comme il se doit par une section rythmique en forme (assurée par Pascal et Olivier) mais aussi Anne en seconde voix/guitare. Le groupe ayant eu la bonne idée de parier avec justesse et pas mal de flair au jeu de la dualité vocale. D’ailleurs, si le groupe revendique clairement la démerde pour ce premier effort, on aurait tort de penser que nous avons à faire à de jeunes ados puisque Antoine avoue, par exemple, être dans le milieu depuis plus de 15 ans (alors qu’il a une jeune trentaine).
‘Wild‘ ne rechigne d’ailleurs pas plus à ce schéma musical, faisant la part belle aux envolées guitaristiques et aux riffs incisifs, le titre évoque cette fois, mais toujours avec réussite, Pearl Jam au même titre que ‘Fake‘ en fin d’album. De bonnes influences, vous l’aurez compris, le groupe n’en manque pas, jugez plutôt avec ‘Leader‘ dont l’intro rappellera clairement Tool, avant de décoller (façon effet menthos dans la bouteille de Coca) vers un registre plus fusionnel à la manière d’un Incubus old school sous anabolisants ! On y décèle alors des accents de funk franchement bien sentis mais aussi des choeurs plus hargneux, qui me font penser que mêler Tool et Incubus, c’est osé mais y ajouter une pincée de Deftones, c’est carrément gonflé et surtout réussi ! Et dans ce registre plus heavy, ‘Ring‘ se fait l’un des titres les plus nerveux de l’album, le groupe y voyant son influence pour la bande de Maynard James Keenan dévoiler au grand jour. Tout en tension et explosivité, ses éclats ne retombent que de part et d’autre de la compo pour nous aplatir comme il se doit avec un chant à faire pâlir n’importe quel métalleux, Anne semble ici possédée et on aime.
Mais ne vous y trompez pas car même quand le groupe se fait plus posé (‘Unreal‘), les guitares n’ennuient pas, le double chant aidant à instaurer une véritable dynamique. Anne va d’ailleurs prendre en grande partie les manettes du groupe le temps d’un titre tout en douceur et volupté, montant crescendo et se dotant d’un de ses tout bons solos auxquels nous a habitués le groupe (‘See What You’re In‘). Une douceur atteignant son paroxysme sur ‘October 19th‘, dont la rythmique se veut prenante et empreinte d’une réelle délicatesse, pour ne pas dire d’une chaleur acoustique basée sur une tendre nostalgie, faite d’images en noir et blanc à la manière de la pochette ou du CD imitant un de ses vieux vynils traînant dans nos placards à côté de vieux albums photos.
Le groupe le dit ouvertement, ils ont cassé la tirelire et investi dans du bon gros matos en lieu et place d’une location de studio pour ce premier disque, bonne idée que voilà surtout quand on entend le résultat ! Son puissant et riche, on ne s’ennuie pas une seconde sur ces 8 titres condensés en 37 minutes qui augurent d’un avenir prometteur. Le groupe ayant été à même de digérer de lourdes influences, totalement assumées, tout en faisant en sorte que Dry Can ne soit pas une pâle copie, light et sans saveur des plus grands. Bien joué.