Jane’s Addiction séparés depuis 3 ans maintenant, il est normal de voir ses talentueux musiciens se lancer dans d’autres aventures musicales et si les musiciens du groupe se sont quelque peu plantés avec The Panic Channel, il en était un autre attendu au tournant, c’est bien évidemment le frontman Perry Farrell. Loin de se précipiter, celui-ci a décidé de sortir un album faisant la part belle aux de renom, tout en s’entourant d’un producteur de qualité en la personne de Steve Lillywhite (U2, Rolling Stones, Chris Cornell) pour un album varié et plutôt sympa.
Écouter ‘Ultra Payloaded‘, c’est un peu comme zapper sur Canal Satellite, on passe d’un registre à l’autre sans s’ennuyer une seconde, ou presque. Preuve en est avec l’idée du frontman d’insérer un brin d’orchestration sur certains titres de l’album à la manière d’un film, mais ce n’est pas parce qu’on a un beau casting qu’on est à l’abri d’une erreur ! Exemple avec ‘Awesome‘ et son orchestre de 30 personnes menées façon blockbuster par Harry Gregson-Williams (compositeur de BO des films ‘Kingdom Of Heaven‘ et ‘Narnia‘) car la voix de Perry se perd quelque peu dans ce déluge d’effets spéciaux, ce qui est plutôt dommageable pour un titre évoquant les plaisirs de la paternité avec une réelle maladresse vocale. Oui, il faut dire que le refrain à base de ‘awesome, awesome, awesome‘ n’y est pas pour rien non plus, le tout ayant des allures de générique de fin de film provoquant un certain ennui malgré la qualité des instruments conviés. Enfin bref, zappons !
La une et la deux m’ayant pris dans leur jeu, je me régale déjà bien plus sur ‘Wish Upon A Dog Star‘, un très bon buddy movie assuré aux côtés de Peter Hook, à base de guitares affûtées, de refrains entraînants et d’une ligne de basse omniprésente aux francs accents de New Order (invité oblige). ‘Only Love, Let’s Celebrate‘ permet à l’ex-membre du groupe (oui déjà), Nuno Bettencourt, de prouver qu’il sait jouer les premiers rôles au même titre qu’un Dave Navarro avec des envolées guitaristiques dignes de l’ex-Red Hot Chilli Peppers avec ce titre funky et déluré à base de choeurs clamant lune sérieuse envie de faire la fête. Et vu qu’un Chili peut en cacher un autre, ce n’est pas un mais bien deux d’entre eux qui vont venir jouer les guests dans cet album pilote (d’une série j’ose espérer) sur ‘Hard Life Easy‘. Flea et John Frusciante marquant de leur empreinte musicale ce titre forcément funky sans pour autant le dénaturer, Farrell n’hésitant d’ailleurs pas à y insérer une touche d’orchestration avec brio. Une fois écoutées la trois, la quatre, je zappe et je mâte, direction la chaîne sports mécanique avec ‘Kinky‘, collaboration marquée de l’empreinte du duo électro britannique, Hybrid. Quelque peu répétitif dans sa construction, le titre fait cependant la part belle à la mécanique bien huilée des instruments avec de sérieux enchaînements de guitares et une grosse ligne de basse à nouveau assurée par Peter Hook. En changeant de chaîne, vous tomberez sur une réalisation quelque peu expérimentale et onirique intitulée ‘The Solutionists‘, pétrie d’une discrète touche électro aux relents hindou, manipulée avec précaution et réussite sur fond d’instruments à cordes et d’orchestration tout en subtilité et parfois même de piano (‘Mr Sunshine‘).
Côté chaîne historique, on se délectera avec ‘Insanity Rains‘, composition revenant très franchement sur la période Jane’s Addiction du chanteur avec son côté bondissant et reposant sur l’habile mariage rythmique guitare/batterie. Neuf titres sur onze, il se fait tard, on se laisse donc bercer par ‘Milky Avenue‘, chanson montant gentiment crescendo et en fait plutôt catchy (sous ses faux airs de titre niais) marquant au passage une nouvelle collaboration de Flea. Et si vous pensiez que vous échapperiez à la tentation du porno, vous vous trompez car le titre ‘Ultra Payloaded – Satellite Party‘ se paie la présence et les formes de la sensuelle Fergie (des Black Eyed Peas) et des paroles de ‘Touch Me‘ écrit par Jim Morrison, pour un résultat oscillant entre fiesta à la Jane’s Addiction et ‘after’ plus douce façon Porno For Pyros dont le guitariste Peter DiStefano fait partie des invités. Quant à Jim Morrison, Perry le ramène d’entre les morts pour son dernier titre avec ‘Woman In The Window‘, mêlant quelques paroles inédites (en fait du spoken word) du leader de The Doors à un titre à la limite du lounge, Farrell se contentant de jouer le rôle de chorus et semblant ici si respectueux de l’oeuvre du défunt chanteur qu’il n’y intervient que timidement pour un résultat peu convaincant.
Au final, si The Panic Channel a déçu les fans de Jane’s Addiction, Perry Farrel aura su leur rendre le sourire avec ce premier album reposant sur les cendres encore fumantes d’un groupe dont il semble être le seul à vouloir reprendre la télécommande. Autre réussite, si chaque invité de Farrell aura su se faire remarquer, aucun ne lui vole réellement la vedette, chacun s’insérant dans ce pas-tout-à-fait nouvel univers avec classe et réussite pour notre plus grand bonheur. Voilà de quoi nous faire souscrire un abonnement à ce Satellite Party pour quelques années si la qualité générale des programme persévère.