Sera Cahoone – Only as the day is long

Les garçons ils jouent au foot et à la bagarre et les filles elles jouent à la poupée et pleurent tout le temps.
Voilà la belle philosophie de nos jeunes années, si simple, si belle. Entre deux, on en conviendra, à moins d’être un dégénéré, cette vision de béatitude n’a plus rien d’actuelle. Mais il arrive, qu’au détour d’un disque par exemple, certains sentiments refassent surface.
En effet, en écoutant l’album de Sera Cahoone, on a l’impression que la pauvre cocotte s’est fait tirer les nattes par un vilain garçon pas beau, enrobé et aux genoux plein de croûtes.
Passablement et légitimement traumatisée, la gentille Sera en a fait un disque de country-folk. A peu près aussi fun qu’une coloscopie (même si, paraît-il, il y a des amateurs).
Violon, banjo, harmonica, voix chaude –non pas dans ce sens là– tout y passe.
Ce disque est d’un lent impressionnant.
Un disque aux pouvoirs surnaturels. Une time machine qui ne permet pas de voyager dans le temps mais de le ralentir. Mais Sera est une gentille fifille consciente de son effet : l’avant dernier titre s’appelle « Happy when I’m gone ». Tu l’as dit…
Le dernier titre, le bien nommé « Seven hours later », donne effectivement le sentiment que sept heures se sont écoulées depuis le moment où on a pressé la touche play.
On ne saurait rien distinguer tant tout est un océan de mid-tempos, d’arpèges délicats, de pedal-steel, toujours bien fait, aucune faute de goût à déplorer -on n’est pas chez Muse– mais à l’instar des Felice Brothers, ce disque manque cruellement de reliefs.
Sera refuse tout ce qui est mélodies ou gimmicks accrocheurs, tout est sur le mode minimaliste ce qui donne certes une grande cohérence mais surtout une homogénéité pareille à un bloc impénétrable. Ce qui est génant pour un disque coloscopique.
Il y aura sûrement des amateurs pour cela mais on doute de les trouver ici…