Anthony Green ✖︎ Pixie Queen

De l’aigre-doux & du Nuancé pour la rentrée

La rentrée semble propice aux nuances, à l’aigre-doux ; puisque depuis vendredi 9 septembre, les albums de Wilco et Anthony Green sont tous deux disponibles. Rapprochés par des thématiques mélancoliques et plutôt sombres mais abordés de manière différente, ils s’agit à coup sûr des albums de la rentrée 2016.

Nous reviendrons plus tard sur Schmilco de Wilco et nous attaquerons, en premier lieu, au chouchou du patron pour le mettre à nu (ndlr : métaphoriquement parlant bien sûr).

Parce qu’Anthony Green le vaut bien

En évoquant le fait de se mettre à nu, il faut reconnaître que le leader de Circa Survive et Saosin (à nouveau) le réalise à chaque fois avec plus ou moins de brio sur ses albums solos. C’est donc sur une simple seconde écoute attentive, que cette chronique est écrite à la volée. Anthony Green se met à nouveau à nu pour nous donc aucun retour en arrière n’est toléré. Brut de décoffrage.

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L’ouverture, connue depuis quelques semaines maintenant et tout simplement sublime donne le ton. Rien n’est simple dans la vie, ni facile. Pas même l’amour entre deux êtres. Les attentes (comme nous pour cet album solo), les déceptions, les envies, les moments appréciés et appréciables. Tout se mélange pele-mèle. La chanson respire la sincérité sur les complexités de son couple (liées à lui-même notamment mais également aux attentes de l’autre). « You’ll be fine » est le morceau phare de cet album, où la mélodie accompagne parfaitement la voix du chanteur.

These songs aren’t just about how my wife and I love each other. They’re about how we hate each other sometimes

La suite « I’m not holding you back » se rapproche plus de la balade mélancolique mais le format plutôt court des titres (moins de 4 minutes à une exception près pour le titre éponyme « Pixie Queen ») nous évite la lassitude. « Will it Be » arrive rapidement. Un morceau acoustique sans fioriture, début « brutal », 2 minutes. Les morceaux à la sèche donnent une teinte authentique et douce à l’ensemble. Arrive « A reason to Stay », morceau groovy de l’album. Les notes de piano discrètes apportent de la couleur à l’ensemble du titre. Ne t’inquiète pas Anthony, on a plus d’une raison de rester à l’écoute de cet album (quatre, pour le moment pour être exact).

Et la Suite alors ?

« East Cost Winters » poursuit l’introspection du chanteur de Circa Survive. Son mode de vie, ce qu’il laisse. Le vide autour de lui ou dans ce qu’il ressent ? « Dawn on the Canal », ses cordes quasi-nasillardes répétitives ont un côté envoutant et quasi irritant à la fois. On aimerait que ces boucles permettent une montée en puissance mais rien n’y fait… Tout reste en retenu. Le point faible de cet album pour l’instant. Heureusement, on retrouve très vite nos marques avec « From What I understand ». Le titre reprend le thème cher à Anthony Green des relations destructrices, compliquées… bref, humaines. Les difficultés à trouver la bonne personne, les faux-semblants… Tous ces poisons du quotidien auxquels peuvent s’ajouter les (ses) problèmes d’addiction.

We don’t just help each other grow; we’ve held each other back.

« Cellar », l’autre moment fort de cet album, encore une fois simple dans sa musicalité, sans fioriture. Les morceaux les plus mémorables de cet album étant finalement ceux qui paraissent les plus intimistes et proches de la vérité (celle d’Anthony Green), de la réalité du quotidien. Le bonhomme fouille au plus profond de lui-même pour décrocher ce titre, une déclaration magnifique dont la version acoustique reste sublime et vaudra largement son frisson en live.

Tranchant avec l’ambiance posée par « Cellar », « Better Half » apparaît par la suite et reprend les ingrédients de « A reason to stay » pour apporter cette touche entrainante. Anthony Green se méprend totalement sur ce titre : le chanteur nous déclare que personne n’entraperçoit sa bonne moitié. Il a tort puisqu’il nous l’expose depuis maintenant 30 minutes. La fin de l’album se fait sur les titres « I’m sorry for everything I’ve done » & « Pixie Queen ». Le premier, morceau très intimiste et minimaliste nous permet de savourer par la suite Pixie Queen. Un morceau plus rythmé avec plus d’instruments que sur la plupart des morceaux ; permettant ainsi d’occuper tout l’espace sonore et de conclure un bien bel album.

Plus qu’une dualité, une pluralité

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Si le chanteur envoie une image de « bad boy » : tatoué, problèmes d’addictions, musique teintée de rock progressif/de post-hardcore parfois au sein de Circa Survive & Saosin ; on ressent chez lui le besoin de contre-balancer cela par ses productions solo. Mais ses deux « carrières » ne sont pas antinomiques pour autant. Elles ne représentent pas non deux parallèles mais plutôt deux extrémités d’une ligne où le chanteur navigue d’un bord à l’autre, mais toujours avec quelques teintes du bord opposé. Et c’est ce qui fait la richesse, la complexité du personnage ainsi que sa musique (qu’on apprécie ou pas !).

Ndlr : Citations provenant d’une interview d’Anthony Green pour Fuse.