Bilan 2021 par Roul

Malgré une période musicale compliquée en termes de live, VisualMusic a décidé de recenser par membre de l’équipe son best of de l’année. Ayant écouté votre demande, kamarades, nous vous livrons nos impressions sur 2021.

Son résumé.

La bamboche est finie, deuxième prise. A croire en tout cas que les époques finies à la pisse ont un impact positif sur la création artistique, musicale en particulier. Parce que si je n’ai pas écouté énormément de choses cette année, quelques (très) bons albums ont atterri dans mes esgourdes. Des retours réussis, de belles découvertes, des surprises, des confirmations, de la créativité et des prises de risque. Pour ce qui concerne mon activité sur ce site, elle s’est réduite comme peau de chagrin depuis quelques temps, mais je ne suis jamais bien loin. Vous pourrez continuer à compter sur moi en 2022 pour une news sur la nouvelle plateforme musicale de Florent Pagny, le NFT de l’égo de Will Butler ou sur le nouveau projet cinématographique de Fred Durst. Merci d’être là pour nous lire et maintenant nous écouter.

Les disques

The Limiñanas / Laurent Garnier  – De Película

Si aux premiers abords on pouvait se poser la question de la légitimité d’un tel projet, le premier extrait « Saul » avait rapidement balayé les interrogations. L’album n’atteint certes pas tout le long cette harmonie parfaite entre les différents acteurs, mais on prend son pied du début à la fin dans cette simili-bande-son de road movie. Le rock psychédélique du duo est habilement rehaussé par la production de notre héros électronique national, qui allie ambiances cinématographiques et électroniques sans jamais travestir l’essence de nos catalans préférés. Quand ce que la France a de meilleur crée des collaborations de ce calibre, on ne peut qu’applaudir.

Leonie Pernet – Le Cirque de Consolation

Après un premier album très prometteur, quelques singles et des apparitions/remixes tapageurs (Jumo, Arnaud Rebotini, Catastrophe…), Leonie Pernet sort ce « Le Cirque de Consolation » que je décrirais comme « album de la maturité » si j’étais une sombre merde. Si elle n’a pas oublié de faire taper du pied en s’ouvrant les veines comme sur « Le chant de Maldoror », elle offre surtout un grand disque de pop obscure à la limite du gothique (coucou Mylène !). La multi-instrumentiste de talent explore toutes les possibilités que lui offre sa polyvalence et sa voix si particulière pour mettre des « mots sur les maux » (sombre merde) de cette exécrable période, avec toujours beaucoup de justesse et de beauté.

BADBADNOTGOOD – Talk Memory

BBNG est sans conteste l’un des groupes que j’ai le plus régulièrement aimé ces 10-15 dernières années, sans réelle déception. Avec d’autres groupes comme GoGo Penguin, ils insufflent une vraie modernité au jazz en ajoutant là un peu d’électronique, ici un peu de pop, et un peu partout un peu de hip-hop. Mais ce qui fait surtout leur force et leur durabilité dans mon cœur, c’est qu’ils ont une capacité à se réinventer à chaque apparition. Cette fois-ci, on range l’énergie hip-hop et l’immédiateté, on rameute quelques zicos du milieu, le génial Floating Points à la production et on se façonne une petite street cred pour les amateurs de jazz. Et le résultat est encore superbe, gardant l’essence légèrement psychédélique qui fait leur force, mais avec une forte dominante jazz parfaitement maîtrisée, l’efficacité en moins, la grandeur en plus.


Turnstile aurait pu être dans ce top 3 tant leur bombe « Glow On » est un des grands disques de l’année, et serait-je même tenté de dire, de la décennie en cours. Mais vu que tout le monde en a déjà dit le plus grand bien, j’ai préféré parlé d’autres choses.

Sinon pêle-mêle quelques autres bons disques de 2021 : Bryan’s Magic Tears, The Black Keys, James Blake, Flying Lotus, La Femme, Arlo Parks

Les singles

James Blake – What You Will

James Blake était mon némesis musical il y a dix ans : il incarnait le vide du r’n’b pseudo-futuriste qui me hérissait les poils. Le temps et l’âge faisant leur affaire, il est devenu une bonne partie de ce que j’aime. Ce que je voyais comme du néant et de la posture, je le perçois aujourd’hui comme une vraie maîtrise des ambiances et des silences. Dans le registre, difficile de faire mieux que « Say What You Will, » l’un de ses plus beaux morceaux.

Turnstile – MYSTERY

On est un média rock, alors je mets le morceau qui m’a le plus botté le cul cette année : l’ouverture de l’excellent album de Turnstile, « Glow On. » En 2mn35 on passe en revue les principaux ingrédients d’un grand morceau rock : la petite intro planante, le gros riff qui tâche, le chant mélodique punk-rock indé des 90s, le refrain gueulé et même le solo de guitare. L’album est d’ailleurs parmi ce que j’ai écouté de mieux en rock cette année, fun et inventif tout en ne transigeant pas aux bases du hardcore.

Andrea Laszlo De Simone – Vivo

Il y a toujours au moins un morceau nostalgique des 60s-70s dans mes tops, 2021 n’y coupera pas. Si l’on notera la superbe moustache d’époque d’Andrea Laszlo de Simone dans le live ci-dessous, on remarque surtout une balade qu’on n’imagine pas autrement que sortie de l’époque yéyé. Le supplément d’âme, on le doit au chant en italien et les superbes arrangements. En tout cas je peux vous dire que sorti durant l’une des innombrables vagues Covid, le titre a fait un bien fou. Grazie mille Andrea.


Tous les meilleurs titres de 2021 sont dans ma playlist Spotify, que vous pouvez retrouver dans mon habituel Top 10 sur Le Foie de Loutre.

Les concerts

Balthazar – Fiesta des Suds

Pour mon premier concert en deux ans (covid et enfant combinés, tu connais) j’ai choisi l’arrivée en terres phocéennes de mes anciens belges préférés – après Ghinzu. Si le show était maîtrisé et la polyvalence des musiciens du groupe impressionnante, la faiblesse de compositions des derniers albums surreprésentés a forcément un peu dilué le plaisir. Restera un bon retour à la foule et la joie d’écouter du live.

The Limiñanas – Espace Julien

Le concert 2/2 de cette année est l’inévitable concert de tournée pour le dernier album de nos catalans, qui n’ont pas mis Lolo dans leur valise. Si l’album bien représenté a fait plaisir en live, j’ai regretté la pauvreté rythmique et l’absence de certains grands titres de leur discographie au profit de morceaux plutôt passables en live. En reste un bon moment psyché, qui plus est sans masque en intérieur, un vrai bol d’air.

Attentes 2022

Comment avoir des attentes pour 2022 ? Pour ce qui ressemble plus à l’an 3 de l’ère Covid, on va juste croiser les doigts pour remettre les pieds durablement devant la scène, continuer à voir la créativité de nos artistes stimulées par cette période troublée et dire adieu à toutes les choses infâmes qui mettent un peu trop leur nez dans notre cher monde musical. Ouais, les NFT, c’est en particulier de vous que je parle.