INTERVIEW ☭ GARBAGE

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De passage dans la capitale début novembre dans le cadre de la tournée de leur dernier album, Strange Little Birds, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer deux des membres de Garbage, à savoir Duke Erikson et Steve Marker.
Une interview où finalement, nous avons très peu parlé du présent. Aaahhh, les années 90…

Bienvenue à Paris, même s’il pleut aujourd’hui !
Duke: oh, on super contents d’être ici, merci ! On adore Paris !

Avez-vous des souvenirs spéciaux d’ici ?
Duke : Les concerts bien sûr. On a toujours fait de super concerts ici, que cela ait été au Zénith ou à l’Olympia. Et ce soir, c’est un endroit où nous n’avons jamais joué avant… Mais oui, on aime toujours profiter de Paris, avec l’Art, manger, se promener… Tout est beau et les Français sont tout simplement charmants ! (rires)

Au fil du temps, Butch Vig a produit beaucoup de groupes, est-ce que cela a eu une influence sur votre son, comme de nouvelles idées ou une nouvelle façon de voir votre travail, ou bien restez-vous hermétique à ce qu’il se passe en dehors du groupe?
Duke : Butch a sa propre approche de la production et cela se ressent énormément dans le son de Garbage, mais Steve, Shirley et moi avons beaucoup d’idées de production, ce qui le rend probablement fou (rires). Quand il travaille avec d’autres groupes, il est LE producteur, mais quand il travaille avec nous, on est quatre à émettre tout un tas d’idées donc … il laisse définitivement sa marque dans le son de Garbage, il n’y a aucun doute là-dessus, mais nous autres aimons aussi nous attribuer un peu de mérite (rires).

Ouais, bien sûr ! (Rires) Après 20 ans de carrière ne vous sentez pas un peu fatigués de jouer certaines chansons?
Steve :
C’est une très bonne question parce que je suppose qu’après avoir joué la même chanson 2 ou 3000 fois, un mec lambda en serait malade ! Mais chaque soir, quand nous jouons Stupid Girl ou Only Happy When It Rains, c’est excitant ! Cela a beaucoup à voir avec le public je pense, vous savez, juste de les voir… et en quelque sorte c’est ce qu’ils viennent chercher ! Ils veulent entendre de nouveaux morceaux, mais ils veulent entendre ces chansons aussi et c’est compréhensible… et de les voir s’éclater, ça nous rend excités aussi. Je n’ai jamais pensé « Oh merde je dois jouer à Stupid Girl à nouveau », jamais!

En parlant de cela, est-ce que vous avez une chanson que vous aimez particulièrement jouer sur scène ?
Duke : Ça dépend, mais en ce moment, je pense qu’on aime tous jouer nos nouvelles chansons juste parce qu’elles sont récentes. La foule semble bien réagir en les entendant, même s’ils n’en ont peut-être jamais entendu parler ! Et c’est très encourageant !
J’aime toujours jouer à Vow, elle est tellement puissante et la réaction du public est super sur celle-ci … Vow change tous les soirs, en particulier la façon dont on termine la chanson, Shirley fait toujours un truc différent ! C’est excitant et c’est toujours un plaisir pour la foule ! (rires)

J’ai découvert votre groupe en 1998 …
Steve : Quoi ? Tu n’es pas si vieille pour ça!
Oui, j’avais 12 ans !
[Les deux] Sérieux ? Ooohh !!! (rires)
Et j’ai vu le clip « Push It » …
Duke : … Oh mon Dieu, 12 ans et tu as vu la vidéo de « Push It« , tu as dû penser « c’est super bizarre ! »
Ouais honnêtement j’avais peur ! (rires) J’étais fascinée mais en même temps je me disais « je suis trop jeune pour ce truc. »
Steve : On pensait aussi que c’était bizarre ! (rires)
(Rires) mais pour les adultes, c’était cool !
Duke : J’espère que ça ne t’as pas été traumatisée !
Non, ne vous inquiétez pas (rires)
Duke : Tu en penses quoi maintenant?
Je le trouve toujours cool et en fait, je trouve que ce genre de vidéos manque ! Je trouve qu’il n’y a plus trop de vidéos comme celle-ci de nos jours …
Steve : Je suis d’accord !
Les années 90 et le début des années 2000 étaient remplies de clips inventifs, et à mon avis c’est quelque chose qui n’est plus exploré, il n’y a plus vraiment de metteur en scène comme Michel Gondry, Spike Jones, Chris Cunningham… enfin bon je ne suis l’interviewée ici ! (rires)
Duke : Nous sommes très fiers de cette vidéo. Même si aucune de ces idées n’étaient les nôtres mais celles du réalisateur, nous sommes fiers de l’avoir choisi.

Après toutes ces années, pensez-vous que votre musique porte toujours ce genre d’état esprit, mélangeant sensualité et bizarrerie ?
Steve : Je pense que oui. Nous essayons toujours de combiner des éléments différents, des choses qui n’ont pas forcément de sens, mais qui d’une certaine façon s’emboîtent et font sens dans nos esprits et… Ouais je pense qu’il y a de la sensualité, de la bizarrerie, de la pop, quelques guitares bruyantes et certains sons qui, je l’espère, sonnent différents de que l’on peut trouver… mais je pense que combiner différents éléments, c’est ce que tu es censé faire [en tant que musicien] ?
Duke : Oui, je pense que sur ce nouveau disque, on est allés encore plus loin que sur les précédents, c’est encore plus sexy ! Et plus bizarre ! (Rires) Et c’était vraiment amusant de le faire car on se sentait libres d’aller encore plus loin dans tout ça.

Vous avez connu l’époque glorieuse du rock…
Duke : Tu parles des années 50?
Ouais ! (rires) Je pensais plus aux années 90. Que pensez-vous de l’état du rock aujourd’hui ? Ne pensez-vous pas que tout est un peu trop aseptisé par rapport à aujourd’hui ?
Steve : C’est une question vraiment difficile …
Duke : Ouais, une très grosse question… Bien sûr il n’y a pas deux groupes comme nous… Je veux dire, tu sais, maintenant tout se concentre autour du rap, du hip-hop, et puis le genre de pop qui va avec… mais il y a encore des groupes comme nous, je suppose qu’ils vont finir par émerger. Je pense juste qu’il y a autre chose… il y a quelque chose d’un peu trop calculé dans la musique qui est populaire en ce moment. Un fan de ce genre de musique ne dirait pas que tout se ressemble, mais pour moi tout cela a la même approche, c’est un peu stérile et je pense que la musique qui a été fait dans les années 90 a plus de vie. On avait l’impression qu’elle était jouée plus qu’elle n’était programmée.
Steve : La technologie utilisée pour faire de la musique… Tu sais, tout est pareil ! Lorsque tu entres en studio, c’est le même ordinateur, c’est le même Macintosh avec Protool, essentiellement le même équipement… et l’époque dont on parle, les studios étaient très différents, on pouvait entendre quand ça venait de Seattle, Londres… Peut-être maintenant c’est beaucoup plus… homogénéisé. Mais le problème je pense, est qu’il y a tellement plus de musique qu’avant, tout est sur internet, c’est vraiment difficile de trouver de bonnes choses ! Je pense que c’est là, mais c’est difficile à trouver.

Est-ce l’une des raisons pour lesquelles vous avez choisi de construire votre propre studio, votre propre label, etc.?
Steve : Pour ce que nous faisons, nous n’avons littéralement plus besoin d’une maison de disques.

Je pense qu’ils font partie du problème.
Duke : C’est toujours la même chose. Un nouveau type de musique se fait aspirer par l’industrie, du coup ça devient juste un business, et ça part ensuite dans cette phase où ils font devenir ce style populaire jusqu’à en pomper toute la moelle, et puis quelque chose d’autre arrive, et ils assèchent ce truc également. J’aime à penser que les guitares vont revenir juste parce qu’il y a quelque chose de vraiment physique quand on joue de la guitare, et je pense que certains jeunes, quelque part, sont peut-être en train d’apprendre une nouvelle façon d’en jouer et d’écrire des chansons incroyables. Ils pourraient rendre cela énorme à nouveau car ils ne sont pas là, à danser devant un ordinateur…

Avez-vous un groupe en tête?
Duke: Non, aucun (rires) Je ne les cherche pas, je pense que je devrais mais… non, je pense même que beaucoup des groupes de rock sont un peu trop formatés ces temps-ci.

C’est comme si c’était trop calculé ?
Duke : Ouais il y a un manque de musique spontanée. Ce n’est pas excitant !

Je change totalement de sujet : vous allez sortir un livre appelé « THIS IS THE NOISE THAT KEEPS ME AWAKE« , pourriez-vous nous en dire un peu plus?
Steve : Ça sortira en juillet, je crois ? [Le 4 juillet 2017, ndlr]
Duke : Aucune idée… (rires)
Steve: On travaille sur ce livre depuis environ 2 ans, on a des gens pour nous aider à l’écrire, nous avons essayé d’interviewer toutes les personnes qui ont fait partie de notre histoire, nous avons retrouvé beaucoup de vieux … Je ne pense pas qu’on ait le droit d’en parler ?
Duke : J’en sais rien ! (rires)
Steve : Comme de vieilles photos dont nous ne connaissions même pas l’existence, on a même été surpris de voir certaines d’entre elles. C’est presque comme une grande collaboration entre toutes les personnes qui ont travaillé avec nous pendant 21 ans. C’est vraiment cool en fait, on a un peu vu la semaine dernière ce à quoi cela va ressembler, c’est presque fini, c’est vraiment excitant !

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de faire un livre?
Steve: Hmm… Nous avons juste cet incroyable sentiment de suffisance (rires). Sérieusement, c’est une histoire vraiment intéressante, je pense. Pas vraiment nous en tant que tel car je ne pense pas être si intéressant, mais le groupe, comment nous avons commencé et… Tu sais, on a commencé à un moment où il y avait des tonnes d’argent dans l’industrie du disque, tout sortait sur des CD qui coûtaient $20 pièce… il y avait tout cet argent et vous pouviez vendre des millions et nous l’avons fait, vendre des millions de CD… et la vidéo, vous pouviez dépenser un million de dollars dans un clip et ça ne sortait pas vraiment de l’ordinaire. Cette époque est révolue, internet est arrivé et tout d’un coup la musique est devenue gratuite, c’est frustrant tu sais… c’est comme s’il n’y avait pas d’argent. Et la technologie a changé, comme ce dont je parlais plus tôt avec les studios. Donc oui tout est différent et c’est une histoire intéressante sur la façon dont le milieu a changé, la musique a évolué…
Duke : … Et nous sommes plus vieux maintenant!
Mais ce n’est pas encore la fin !
Steve :
Ouais nous sommes encore ici!
Duke : J’aime ta façon de penser ! (rires)
Steve : Oui, nous sommes l’un des rares groupes qui soit encore là.

Ne pensez-vous pas que les nouveaux groupes ont besoin de gens comme vous, des modèles, pour leur montrer qu’il est toujours possible de faire de la musique, peu importe ce qu’il arrive, même sans label derrière ?
Duke : Eh bien, ces groupes ne sont pas sortis à notre époque. Nous nous sommes formés à une époque où les gens achetaient encore des disques. Mais nous avons ouvert le chemin Je ne nous considère pas comme des modèles ou quoi que ce soit, mais nous sommes juste en dehors de cela, c’est ce que nous aimons faire et je pense que si un musicien fait de la musique parce qu’ils aiment ça, il continuera, d’une façon ou d’une autre. Il n’y a nécessairement de bonne recette pour évoluer dans la musique, chaque musiciens doivent l’aimer et ne peut pas envisager cela d’emblée comme une carrière. Je pense que c’est plus difficile maintenant.

Une question sur votre dernier album, « Strange Little Birds« , en quoi est-il différent de vos disques précédents?
Duke : Eh bien, je pense que la création de ce disque était différente car généralement quand on compose, nous avons des points de vues et idées différents et nous devons trouver un moyen de faire évoluer chaque chanson dans le bon sens. Sur cet album, dès le départ, nous avons en quelque sorte accordés nos violons et sommes tombés d’accord sur la façon dont il devrait sonner, et donc je pense qu’il y a une cohérence dans cet album avec une belle part sombre qui était moins apparente dans nos précédents.
Le premier et peut-être le deuxième disque en avaient un peu, mais les enregistrements qui ont suivi sont partis dans de nombreuses directions différentes et n’ont pas vraiment fonctionné comme un ensemble, mais celui-ci oui. On avait juste le sentiment d’être libérés en travaillant sur cet album. Plus que sur les derniers.
Sur le précédent on était un peu… pas nerveux, mais on revenait tout juste d’un long hiatus et il fallait qu’on s’habitue à travailler ensemble à nouveau. Cette fois, on était comme des poissons dans l’eau. C’est comme un nouveau départ !

J’allais vous demander ce que vous écoutez actuellement mais vous m’avez dit plus tôt que vous n’écoutiez pas de nouveaux groupes …
Duke : Steve le fait !
Vraiment?
Steve [prenant son téléphone pour démarrer Spotify] :
Eh bien, je suis vraiment mauvais pour parler des groupes que j’écoute… Get Down Stay Down par exemple. Death Grips. Die Antwoord aussi.
Duke : Oui, on adore leur dernier disque!
Steve : ça ne nous ressemble tellement pas ! (rires) et puis bon, des trucs anciens comme The Cure, David Bowie … et aussi The XX.

Qu’avez-vous ressenti à la mort de David Bowie ? Était-il une influence ?
Steve : Pas directement, mais je pense qu’il est dans notre top 5 ou top 10, tout le monde dans le groupe l’aime.
Duke : J’ai été influencé par le simple fait qu’à chaque fois qu’il sortait un disque, il se réinventait et explorait, il n’avait vraiment pas peur d’essayer des sons différents, des approches et des looks différents… Il a toujours incarné le genre d’artistes que j’adore.
Steve : C’était un véritable artiste. Pas juste un mec lambda.

Notre interview se termine sur ces mots, c’était ma dernière question, merci beaucoup !
Duke : C’était super merci et profite bien du concert !

English Version

Welcome in Paris even if it’s rainy today !
Duke : oh we’re so happy to be here, thank you! We love Paris !

Do you have any special memories from here?
Duke: Our favorite memories are the shows of course. We’ve always had great shows here, wether is was the Zenith or the Olympia. And tonight is a place where we’ve never played before… but yeah we always enjoy Paris, just Art, eat, wonder around… it’s all beautiful and the French are just lovely! (laughs)

Over the time Butch Vig has produced a lot of bands, did it have an influence on the way you see your sound, did it bring new idea or new way of seeing your work, or do you remain sealed to what happen outside the band?
Duke: Butch certainly has his own approach to production and a lot of that shows up in the Garbage sound,  but Steve, Shirley and I have a lot of production ideas which probably drives him crazy (laughs). When he’s working with other bands he’s THE producer, but when he’s working with us, it’s the four of us who are throwing ideas in the pot all the time so… he definitely puts his stamp on the Garbage sound, there’s no doubt about it, but I guess the other three of us like to take a little credit for our sound as well (laughs).

Yeah of course! (laughs) After 20 years of career don’t you feel a bit tired of playing some songs ?
Steve: That’s a really good question because I would assume that somebody, after playing the same song 2 or 3000 times, would be sick of it! But every night, when we play Stupid Girl or Only Happy When It Rains, it’s exciting! A lot of that has to do I think with the audience, you know just to see them… and in some way that’s what they come to see! They wanna hear new stuff too but they wanna hear those songs too and it’s understandable… and to see them getting excited, that makes us excited too. I’ve never once thought « Oh shit I have to play Stupid Girl again« , never!

Speaking about this, do you have a favorite song to play on stage?
Duke: It changes, but right now at this point I think we all love playing new songs just because they’re fresh for us and the crowd seems to react to them, eventhough they may not have heard of them very much or at all! And that’s very heartening! I still love playing Vow, it’s so powerful and the audience’s reaction is great on it… Vow every night changes, especially the way we end the song, Shirley does a thing at the end every night that is never the same twice! That’s exciting and it’s always a crowd pleaser! (laughs)

I discovered your band in 1998…
Steve: What! You’re not that old for that!
Yes I was 12!
[Both of them] WHAT OOOHH! (laughs)
And I saw the music video « Push It« …
Duke: … Oh God 12 years old and you saw the video « Push It« , you must have thought « this is all weird! »
Yeah honestly I was scared (laughs) but you know I was fascinated but at the same time I was like « I’m too young for that this is scary »
Steve: We thought that was weird too (laughs)
(laughs) but for grown-up it was cool!
Duke: I hope it didn’t have a traumatic effect on you!
No don’t worry (laughs)
Duke: What do you think of it now?
I still find it cool and actually I miss that kind of music videos! I think there is no such thing in the music videos nowadays…
Steve: I agree!
I mean the 90s and the beginning of the 2000s were full of special music videos, and in my opinion it’s not something that is explored anymore, there are no special directors like Michel Gondry, Spike Jones, Chris Cunningham… anyway I’m not the one who is interviewed! (laughs)
Duke: We’re very proud of that video, even though none of these ideas were ours, they were the director’s but we’re proud that we’ve picked him.

After all these years, do you think that your music always has that kind of spirit, which mix sexiness and weirdness?
Steve: I think so, I think we still try to combine different elements things that don’t necessarily make sense but somehow they fit together and make sense in our minds and… yeah I think there is some sexiness, some weirdness, some pop, some loud guitars and hopefully some sounds that sounds different from any other records that are out there… but I think combining different elements is what you’re supposed to do?

Duke: Yeah I think on this new record we went even farther that way than we have over the last few records, it’s even sexier! And weirder! (laughs) And it was really fun to make because of that, because we felt free to go even further in all that.

You’ve known the glorious age of rock music…
Duke: You mean the 1950s?
Yeah!… (laughs) I was more thinking about the 1990s. What do you think about the state of rock music today? Don’t you think it’s a little bit too aseptic compared to the 90s?
Steve: It’s a really tough question…
Duke: Yeah a really big question… well there certainly aren’t two kind of band like us… I mean that’s more gone to, you know, rap, hip-hop and all that, and then that kind of pop that goes along that… but there are still bands like us, I guess that are coming up. I just think that there’s something more… there’s something a little too calculated in the music that is popular right now. A fan of the music wouldn’t say that it all sounds the same but to me it all has that same approach, it feels kind of sterile to me and I think that the music that was being made back in the 90s has more life to it. It felt like it was being played more than it was being programmed.

Steve: Technology used to make the music… you know, it’s all the same! When you got into the studio it’s the same computer, it’s the same Macintosh with Protool on it, basically the same equipment… and the area you’re talking about, the studios were very different, you could hear when something was from Seattle, London… maybe now it’s a lot more… homogenized. But the problem is that there is so much more music I think, it’s all on the internet, it’s really hard to find good stuff! I think it’s there, but it’s hard to be found.

Is it one the reasons why you choose to build your own studio, your own label, etc. ?
Steve: For what we do we literally don’t need a record label anymore.

I think they’re part of the problem.
Duke: It’s always the same thing. A new kind of music gets sucked up by the music business, and it just becomes a business, and it goes to this phase and they make that popular until they milk it dry and then something else comes up, they milk that for everything it worth… I like to think that guitars will always come back just because there is something really physical about playing a guitar and I think that some young kids out there are maybe learning some new way to play guitar and writing incredible songs. They could make it huge again because they’re not standing there, dancing to a computer…

Do you have a band in mind?
Duke: No can’t name anybody (laughs) I don’t seek them all, I guess I should but… no I think even a lot of the guitar bands are a little too programmed these days.

It’s like it’s overthought?
Duke: Yeah there’s a lack of spontaneous music. It’s not exciting!

Totally not related, you’re going to release a book called « THIS IS THE NOISE THAT KEEPS ME AWAKE« , could you tell us a bit more about it?
Steve: It’s coming out in July I think? [on July 4th, 2017] Duke: No idea… (laughs)
Steve: We’ve been working on it for about 2 years now, we’ve got some other guys to help us write it, we’ve tried to interview everybody that has been a part of our history, we’ve found a lot of old… I don’t think we’re supposed to talk about it?
Duke: I don’t know (laughs)
Steve: Like old pictures we didn’t even know existed, we were even surprised to see some of them. It’s almost like a big collaboration between the people that had something to do with us over 21 years. It’s kinda cool actually, we saw last week kinda what it’s going to look like, it’s almost done so it’s really exciting!

Why did you feel the need to make a book?
Steve: Hm… we just have this incredible sense of self-importance (laughs). Seriously, it was a really amazing story I think. Not just us, ’cause myself is not that interesting, but the band, how we started and… you know we started at a time when there was tons of money in the record industry and everything was on CD, which cost alsmost $20 each… there was all this money and you could sold millions, and we did, sold millions of CD… and the video stuff, you could spend a million dollars on a video and it wasn’t out of the ordinary. That all ran away, the internet came up and all of a sudden the music was free and it’s frustrating you know… it’s like there is no money in it. And the technology’s all changed with that studio thing I said earlier. So yeah everything is different and it’s an interesting story about how the business is different, the music is different…
Duke: … and we’re older now!
But it’s not the end yet!
Steve: Yeah we’re still here!
Duke: I like your attitude! (laughs)
Steve: Yeah we’re one of the few bands that are still around.

Don’t you think that new bands need people like you, models, to show them that it’s still possible to make music no matter what, even without a label behind?
Duke: Well, those bands didn’t come up in the era we did. We came up in an era where people were still buying records. But we establish a following. I don’t look at ourselves like role models or anything, but we’re just aside of it, this is what we love to do and I think if a musician does music because they love to do it, they’ll keep on doing it one way or another. It’s not necessarily a success of a band as a different story, each individual musicians have to love it, they can’t look at it as a career move. I think it more difficult now.

One question about your last album, « Strange Little Birds« , how is it different from your previous records?
Duke: Well, I think the making of this record was different from the last few records because usually when we make records, we are coming kind of different directions and we have to find a way on every songs to go forward. On this album, at the very beginning, we all agreed kind of in our heads how this album should sound, and so I think there’s a coherence to this album with a kind of a dark shadowing beautiful side that I think was less apparent is our previous records.
The first and maybe the second record had some of that, but records after that went in a lot of different directions and didn’t really work as a body of work, and this one does. We just have the feeling that we felt kind of liberated working on this album. More than the last few.
I think the last one we were a little… not nervous but we were just coming back after a long hiatus and we were getting used to work together again. This time, we felt like everything just felt in line really well. It’s like a fresh start!

So I was going to ask you what you’re currently listening to but you told me earlier you’re not listening to new bands…
Duke: Steve does!
Really?
Steve [taking his phone to start Spotify]: Well, I’m really bad at stuff like just naming bands that I listen to… Get Down Stay Down for example. Death Grips. Die Antwoord also.
Duke: Yeah we love their last record!
Steve: It doesn’t sound anything like us (laughs) and you know, old stuff like The Cure, David Bowie… and also The XX.

How did you feel about David Bowie’s death? Was he an influence for your work?
Steve: Not directly but I think he’s in our top 5 or top 10, everybody in the band just loves him.
Duke: I was influenced by just the fact that every time he put a record out, he reinvented himself and would explore different things, he was really fearless about trying different sounds, different approaches and looks, and everything! He’s always been my favorite kind of artists.
Steve: He was a real artist. Not just some guy.

Okay so this was my last question, thank you very much!
Duke: It was lovely thank you and enjoy the show!