INTERVIEW – SINEAD O’BRIEN

Présente à Paris pour son premier concert en salle dans la capitale, Sinead O’Brien connaît bien la ville. Elle y a habité et a joué au Cirque d’Hiver pour le festival Culturebox le 13 mai dernier. Venue présenter officiellement son premier album Time Bend and Break The Bower, nous avons parlé de son groupe, de ses sources d’inspirations et de son goût pour l’art en général.

🇬🇧 ENGLISH VERSION BELOW 🇬🇧

La première et dernière fois que l’on t’a vu à Paris, c’était au festival CultureBox au Cirque d’Hiver. Sacré endroit pour un premier concert français ! Quelles sont les nouvelles depuis ?

C’était super bien produit comme émission et l’endroit était incroyable. Je l’ai découvert en arrivant et j’ai appris que c’était le plus vieux Cirque du monde et encore en activité !

Après la sortie de l’album, j’ai fait pas mal d’interviews et j’ai ensuite eu le temps de réfléchir et de bien assimiler ce qui m’était arrivé. C’est assez inhabituel puisque le système est pensé pour que tu enchaînes une tournée de concerts directement dans la foulée du disque. Avec aucun recul possible. Je suis maintenant prête et excité de jouer l’album live. On a fait quelques concerts en festivals et on a ensuite répété beaucoup afin de travailler chaque chanson dans sa version live. On ne veut pas simplement jouer le disque à l’identique. Nous sommes 3 donc on essaie de faire en sorte que tout se connecte bien et que les arrangements soient vraiment pensés pour la scène. Quitte à modifier un peu les morceaux.

Justement, l’ordre de ton album est très soigné. On sent l’attention porté à la tracklist du début à la fin. Comment l’as-tu pensé à l’époque et comment as-tu préparé cette tournée ?

A l’époque, je lisais La Divine Comédie de Dante et j’étais intrigué par les diagrammes circulaires.  J’ai pensé à utiliser ça pour écrire l’album en démarrant par un poème qui t’amène aux différents niveaux. Ca a permis de faire beaucoup de changements sur l’ordre des morceaux mais aussi sur le ton. Chaque personne ayant participé au projet a pu aussi apporter ses retours, notamment Dan Carey à la production. Une fois enregistré, on l’a emmené à la maison avec des versions et des manières de raconter l’album qui étaient différentes. Au final, ce n’est pas seulement une narration et il y aussi la dimension musicale donc il faut faire attention au rythme et comment les morceaux s’enchaînent. C’est super fun à faire. C’est la même chose avec les concerts.

J’avais la possibilité de faire exactement le même ordre que sur album et on est partis de là. Petit à petit, tu te retrouves à bouger des chansons. Par exemple, je n’avais pas envie de finir par un morceau calme mais plutôt d’utiliser ça comme un break. La durée du show compte aussi parce que ce n’est pas pareil de faire un concert d’une heure ou d’une demie-heure. J’ai trouvé ça fascinant de prendre en compte le sens des mots, le flow, le tempo. Je viens des mots et Julian à la guitare est lui plus sensible au rythme bien sûr. Notre producteur a lui une vision plus générale qui lui permet de nous dire ce qui va fonctionner.

Sur album comme en live, on a pensé ça comme les chapitres d’un livre.

En tant qu’auditeur, on sent cette envie de raconter une histoire via ton flot de paroles. Est-ce que tu peux revenir sur la naissance d’un morceau comme Like Culture qui est assez dansant par rapport aux autres ?

C’est l’une de mes chansons préférées. ‘Girlkind’ en est une aussi bien sûr mais plus évidente par rapport à ma personnalité. C’est important pour moi de montrer via l’album un aperçu de là où les mots vont nous mener. Cette facette dansante peut paraître surprenante pour les gens qui ne me connaissent pas mais j’adore danser. ‘Like Culture’ s’est fait en deux temps. J’ai écrit un poème lorsque j’habitais à Paris, à propos de la ville de Limerick dont je suis originaire. C’était la première fois de ma vie où j’étais capable de prendre du recul. Je venais de finir le lycée et c’était comme un chapitre qui se terminait. Je pensais à mes amis, et à la dynamique qu’il y avait et au fait de sortir. A partir de 15 ans et ainsi de suite d’aller dans les bars, les boîtes, les clubs et salles de concerts pour danser. C’était vraiment un poème qui a fini par trouver une autre forme via l’enregistrement de l’album il y a un an. Après le confinement, j’avais envie de vivre à nouveau une expérience bordélique et sans gêne et de quitter mon chez moi pour de bon !

J’ai donc regardé ce que j’ai écrit dans le passé et j’ai aussi rajouté de nouvelles choses. Je me suis dans une pièce avec Julian où j’ai commencé à écrire la section « dansante ». Je reviens souvent sur ce que j’ai écrit parce que j’y retrouve des thèmes mais c’est juste que le moment dans lequel je suis a changé et j’y vois de nouvelles perspectives. C’est comme si je me situais entre le passé et le futur et qu’on se retrouve donc pile au bon moment pour en arriver à finir le morceau.

Comment Paris est arrivée dans ta vie ? C’était une ville dans laquelle tu souhaitais vivre ou l’opportunité s’est présenté lors de tes études dans la mode ?

J’ai toujours adoré Paris, j’y suis venu plusieurs fois pour de courts séjours avec ma famille. Une fois fini mes études de modéliste dans la mode, j’avais d’abord envie de vivre à Londres. Mais je me suis dit que passé par un stage à Paris était une manière d’éviter de sauter directement dans la vie professionnelle. Je voulais vivre quelque chose de différent. J’ai donc appelé la maison John Galliano et la personne que j’ai eu au téléphone me disait qu’ils ne prenaient que des étudiants issus de l’école Saint Martin’s à Londres. Je le savais en amont mais je ne voulais pas l’accepter donc j’ai réussi à le convaincre en lui disant que j’étais assez compétente et que j’étais à Paris la semaine prochaine. J’ai pris mon billet après l’appel et j’ai réussi l’entretien, décroché une bourse de la part de mon école à Dublin et ça m’a permis de faire ce stage.

J’ai appris à me débrouiller avec le peu de français que je connaissais. Je me suis rendu compte que lorsque tu essayais de parler français, c’est à ce moment-là où les gens font l’effort de parler anglais parce que tu as essayé. J’ai envie de continuer à apprendre la langue.

Chez toi, l’expression artistique prend différentes formes. Tu as écrit de la poésie, fait des études dans la mode et aujourd’hui, tu te consacres à la musique. Comment en es-tu arrivé là ?

La musique a toujours été là. Ma mère jouait souvent du piano quand j’étais plus jeune. Il y a toujours eu de la musique dans la voiture parentale, que ce soit les Beach Boys ou Vivaldi. Mon père passait les Cure, Talking Heads, du rock alternatif. J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de six ans avec un apprentissage très classique et des sessions dédiées à la composition. Puis, j’ai laissé ça de côté en allant vivre à Paris puis à Londres. A ce moment-là, je me suis mis à écrire car je voulais m’occuper différemment : n’être pas seulement dans la poursuite de ma carrière ou lié à un business particulier. Je n’ai jamais eu envie d’avoir ma propre entreprise par exemple. Dans la mode, je voulais travailler pour des entreprises déjà existantes car mes parents ont chacun eu leur propre société et je ne voulais pas connaître ce stress.

La musique était en fond : j’ai toujours écouté de la musique lorsque j’écris. Je fais attention au rythme, à l’ambiance, à tout. Même sur scène, lorsqu’il n’y a pas de musique, j’essaie d’interpréter les mots de la manière dont j’ai envie qu’il sonne. La musique a donc toujours été là, la question était plus de savoir quelle musique je veux jouer et jusqu’où je peux aller.

Les clips et la pochette de ton album sont très soignées. Au vu de ton parcours, jusqu’à quel point tu interviens ou participes ?

J’ai quasiment mis tout mon travail réalisé dans la mode dans ce projet. C’est un peu comme si j’avais gardé le même travail. Non pas que je dessine des vêtements tous les jours mais lorsqu’il a fallu monter la promotion de l’album, j’étais extrêmement impliqué. Même dans le choix des groupes pour les premières parties, j’ai littéralement été partout. J’ai besoin de ça parce que je sens que je n’aime pas déléguer ça à d’autres personnes.

En plus, j’ai été formé à ça pendant des années. Mon goût et mon regard sont les raisons pourquoi j’ai eu ces jobs dans le design donc je dois les appliquer dans tout ce que je fais. J’ai envie de le montrer et ça fait partie de mon identité. Pour autant, j’adore collaborer avec d’autres personnes. S’il faut faire un clip, je vais réfléchir à qui sera la personne la plus adéquate. J’ai en tête des photographes et des réalisateurs avec qui j’aimerais travailler. Et d’autres avec qui j’ai envie de construire quelque chose sur le long terme, comme le producteur Dan Carey. On va loin à chaque fois avec lui mais à la fin, tu as l’impression d’avoir seulement gratté la face visible de l’iceberg. Ca m’épate, il y a tellement de personnes avec qui travailler et de terrains à explorer avec eux.

Comment tu as rencontré tes deux membres de groupe : Julian à la guitare et Oscar à la batterie ?

J’ai rencontré Julian sur une piste de danse. Pour Oscar, je l’ai rencontré via un déjeuner le dimanche. Il n’était pas là mais on m’a demandé si je cherchais un batteur. A ce moment-là, quelqu’un m’a dit qu’Oscar s’entendrait bien avec moi et me comprendrait. Alors qu’il ne connaissait pas ma musique, il se disait juste qu’on serait de bons amis. J’ai donc eu son numéro et on a commencé à jouer dans la foulée.

Musicalement, ça a commencé comment ? Tu avais déjà des démos à leur montrer ?

Non, j’avais fait quelques performances avec quelqu’un à la guitare avant mais c’était différent. Proche du style beat poète new-yorkais avec de l’improvisation à la guitare au-dessus de mes textes. Une autre fois, j’avais joué avec quelqu’un qui faisait passer ma voix dans un lecteur cassettes au-dessus de la voix de sa mère chantant de l’opéra des années 60. Très expérimental donc. Ce projet a vraiment commencé quand je me suis mis à travailler avec Julian dans une approche plus sérieuse.

Toujours dans les collaborations, peux-tu nous décrire l’expérience d’enregistrer avec Dan Carey ?

Ce qui est intéressant, c’est que tu commences à travailler sans savoir quel genre d’album va en ressortir. Ça demande beaucoup de confiance mais c’est aussi ce qui rend ça si excitant. Même si tu as des démos finis, tout peut changer. Pas seulement l’arrangement des chansons. On a passé deux jours à régler le son de la batterie. C’est si précis mais tu ne peux pas imaginer à quel point ça impacte la voix. La voix n’arrive qu’à la fin. Pendant tout ce temps, je fais des voix « de merde » sans aucun effet appliqué juste pour donner aux autres une idée de ce que ça va donner à la fin. Dan construit donc vraiment tout du sol au plafond. Ce serait si simple d’appliquer un effet sur la voix pour que ça sonne cool et que tout se mélange sans qu’on puisse faire vraiment attention à qui fait quoi.

C’est complétement l’inverse. Tu te sens nue. Tu as l’impression de prendre une douche et que tout le monde te regarde. C’est incroyable, audacieux et ça me rend très émotive car tu te remets beaucoup en question. Tu dois vraiment mettre à nu toutes tes capacités et ça te permet aussi d’évoluer. Ma voix a changé depuis le début de notre collaboration grâce à ça. J’adore son approche puriste de la voix.

Comment vous vous êtes rencontrés ?

J’ai commencé par rencontrer Holly du groupe Goat Girl. Elle m’a rapidement dit qu’un de ses amis aimerait vraiment ce que je fais et elle m’a proposé de créer une conversation Whatsapp avec lui. J’ai donc vu un certain Dan que je ne connaissais pas débarquer dans un groupe et il me dit : « ah c’est toi Sinead, ça tombe bien j’ai entendu ta chanson à la radio et je n’arrivais pas à retrouver. »

J’ai été joué une seule fois sur le BBC iPlayer et il l’a entendu. Il était sur le point de contacter Steve Lamacq pour savoir qui j’étais mais Holly a fait la connexion. Ensuite, je suis allé boire une pinte avec lui et sa femme en se disant qu’on allait faire quelque chose de bien. Il a un grand sourire sur son visage, il est vraiment très motivé et ça te donne envie d’y croire. En plus, il te comprend et il n’apporte pas les mêmes choses à chaque artiste avec qui il travaille. C’est ça aussi qui est dingue avec lui.

Quelle est la dernière anecdote qui t’ait fait rire liée à ta musique ? Lié à l’enregistrement, à la tournée, etc.

Avec une amie, on s’est mise à rire autour de proverbes qu’on a inventé parce que la plupart des proverbes qu’on connait sont si vieux. On a commencé à en inventer et celui qui m’a fait rire c’est « Ferme les yeux et espère le meilleur ». Ce qui m’a fait rire, c’est que ça ne me correspond pas du tout. Je serais plutôt du genre à dire « Continue à marcher pendant une seconde et regarde bien où tu es ».

Que penses-tu de la mise en avant de la ville de Dublin ces derniers temps avec des groupes comme Fontaines D.C. ou The Murder Capital ?

C’est top. Je n’ai aucun doute sur la qualité de la scène artistique de la ville et sur le fait que ce n’est pas nouveau. Il y a toujours eu des bons groupes à Dublin, je les ai vus en live et j’en connais certains parmi mes amis. Actuellement, il y a une attention particulière grâce à des groupes qui ont beaucoup de succès et de plus petits groupes vont en bénéficier aussi. En revanche, la qualité a toujours été là : ce n’est pas nouveau. C’est parce que les gens regardent avec plus d’attention qu’ils se rendent compte de ce qui se passe.

Il y a eu aussi au nouveau gouvernemental une décision incroyable. Le gouvernement irlandais vient de mettre en place un salaire pour les artistes, qu’ils soient musiciens, poètes ou autres. C’est tellement génial que je pourrais me mettre à pleurer. Il y a beaucoup de créatifs dans la ville qui ne pouvait pas se permettre d’essayer au regard du coût de la vie.

Je suis le genre de personnes qui aime les certitudes. J’ai compris que chaque année je devrais réfléchir au projet que je devrais mettre en place l’année suivante. Je sais aussi que je vais gagner comme argent est relié à la quantité de travail que je vais mettre sur la table. Mais qu’un gouvernement décide de contribuer à ce point à la culture, je trouve que c’est une excellente décision et que cela aura forcément un impact.

Dernière question ouverte : c’est quoi la suite ?

Le présent. Cela prend déjà énormément de temps de préparer un album et la tournée qui va avec. A quoi le tout va ressembler, où on va jouer, le concert en lui-même. Cela fait des années que j’y pense et je me dois d’être dans le moment présent afin de pouvoir donner le meilleur. Mon but est que ce soit excitant, différent et nuancé. C’est important pour moi surtout en musique d’être concentré et je ne suis pas du genre à me projeter trop loin en avant. Cette phase spécifique du premier album n’arrive qu’une fois et ne reviendra pas donc c’est important d’en profiter un maximum.

Au début de sa première tournée européenne, on dit à très vite à Sinead O’Brien et son spoken word envoûtant. En commençant son concert a capella avant de voir ses deux comparses arriver, le show rend honneur à un premier disque punchy et très en accord avec la personnalité magnétique de son interprète.

🇬🇧🇬🇧🇬🇧ENGLISH VERSION BELOW 🇬🇧🇬🇧🇬🇧

In Paris for her headline show, Sinead O’Brien knows the city well. She lived there and played at the Cirque d’Hiver for the Culturebox festival on May 13th. She came to officially present her first album Time Bend and Break The Bower and to talk about her band, her sources of inspiration and her taste for art in general.

The first and last time we saw you in Paris, it was for the CultureBox festival at the Cirque d’Hiver. Quite a place for a first French concert! What’s the news since then ?

It was a very well produced show and the place was amazing. I discovered it when I arrived and learned that it was the oldest circus in the world and still in operation!

After the album came out, I did a lot of press and then had time to reflect and process what had happened to me. It’s quite unusual because the system is designed so that you go on a concert tour directly after the record. I am now ready and really excited to play the album live. We did a few festival shows and then we rehearsed a lot to work on each song in its live version. We don’t want to just play the record exactly the same. We are 3 so we try to make sure that everything connects well and that the arrangements are really thought for the stage. Even if it means changing the songs a little bit.

The album tracklist is very neat. We feel the attention paid to the flow from the beginning to the end. How did you think about it?

At the time, I was reading Dante’s Inferno and I was intrigued by the circular diagrams.  I thought of using that to write the album by starting with a poem that takes you to the different levels. It allowed me to make a lot of changes in the order of the songs but also in the tone. Each person who participated in the project was also able to give feedback. Especially Dan Carey on the production. Once recorded, we took it home with different versions and ways of telling the album. In the end, it’s not just a narrative and there’s also the musical dimension so you have to pay attention to the rhythm and how the songs flow together. It’s a lot of fun to do. It’s the same thing with the concerts.

I had the possibility to do exactly the same order as on the album and we started from there. Little by little, you find yourself moving songs around. For example, I didn’t want to end with a quiet song but rather to use it as a break. The length of the show is also important because it’s not the same to do a one hour show or a half hour show. I found it fascinating to take into account the meaning of the words, the flow, the tempo. I come from words and Julian on guitar is more sensitive to rhythm of course. Our producer has a more general vision that allows him to tell us what will work. On the album as well as live, we thought of it as chapters of a book.

We feel this desire to tell a story through your songs. Can you comeback on the birth of a song like ‘Like Culture’ which is quite danceable compared to the others?

It’s one of my favorite songs. Girlkind is one too of course but more obvious in terms of my personality. It’s important for me to show through the album a glimpse of where the words are going to take us. This dancing side may seem surprising to people who don’t know me but I love to dance. It’s very me. Like Culture’ was done in two stages. I wrote a poem when I was living in Paris, about the city of Limerick where I come from. It was the first time in my life that I was able to step back. I had just finished high school and it was like a chapter ending. I was thinking about my friends, what the momentum there was and we used to go out a lot. From the age of 15 and so on to going to bars, clubs, and concert halls to dance. It was really a poem that ended up finding another form via the recording of the album a year ago. After lockdown, I wanted to have a messy, uninhibited experience again and leave my home for good!

I looked at what I’ve written in the past and added some new stuff as well. I got into a room with Julian where I started writing the « dancing » section. I often go back to what I’ve written because I find themes in it but it’s just that the moment I’m in has changed and I see new perspectives. It’s like I’m in between the past and the future, so it’s just the right time to finish the piece.

How did Paris come into your life? Was it a city you wanted to live in or did the opportunity arise when you were studying fashion design?

I’ve always loved Paris, I’ve been there several times for short stays with my family. Once I finished my studies in fashion design, I wanted to live in London at first. But I thought that an internship in Paris was a way to avoid jumping straight into professional life. I wanted to experience something different. So I called the Head of Design at John Galliano, and the person I spoke to on the phone told me that they only took students from Saint Martin’s in London. I knew this beforehand but I didn’t want to accept it. I managed to convince him by telling him that I was quite competent and that I was in Paris next week. I took my ticket after the call and passed the interview, got a scholarship from my school in Dublin and that allowed me to do this internship.

I learned how to get by with the little French I knew. I realized that when you try to speak French, that’s when people make the effort to speak English because you tried. I want to keep learning French.

With you, artistic expression takes many forms. You’ve written poetry, studied fashion and now you’re focusing on music. How did you get to this point?

Music has always been there. My mother often played the piano when I was younger. There was always music in my parents’ car, whether it was the Beach Boys or Vivaldi. My dad would play The Cure, Talking Heads, alternative rock. I started playing piano at the age of six with a very classical education and dedicated sessions for composition.

Then I left that behind when I moved to Paris and then to London. At that point, I started writing because I wanted to keep myself busy in a different way: not to be only in the pursuit of my career or linked to a particular business. I never wanted to have my own company for example. In fashion, I wanted to work for existing companies because my parents each had their own company and I didn’t want to experience that stress.

Music was in the background: I always listen to music when I write. I pay attention to the rhythm, the mood, everything. Even on stage, when there’s no music, I try to interpret the words the way I want them to sound. It was more a question of what music I want to play and how far I can go.

Considering your background, to what extent do you intervene or participate to the album cover or your music videos?

I put almost all of my fashion work into this project. It’s kind of like I kept the same work. Not that I design clothes every day, but when it came to the promotion of the album, I was extremely involved. Even in the choice of bands for the opening acts, I was literally everywhere. I need that because I feel like I don’t like delegating that to other people.

Plus, I’ve been trained in this for years. My taste is the reason why I got these design jobs so I have to apply it in everything I do. I want to show it and it’s part of my identity. However, I love collaborating with other people. If I have to do a video, I’ll think about who would be the most appropriate person. I have photographers and directors in mind that I would like to work with. And others with whom I want to build something long term, like with Dan Carey. You go far with him every time, but at the end you feel like you’ve just scratched the tip of the iceberg. It amazes me, there are so many people to work with and so much ground to explore with them.

How did you meet your two band members : Julian on guitar and Oscar on drums ?

I met Julian on a dance floor. For Oscar, I met him through a lunch on Sunday. He wasn’t there but I was asked if I was looking for a drummer. At that time, someone told me that Oscar would get along with me and understand me. Even though he didn’t know my music, he just thought we would be good friends. So I got his number and we started playing right away.

Musically, how did it start? Did you already have demos to show them?

No, I had done some performances with someone on guitar before but it was different. Close to the New York beat poet style with guitar improvisation over my lyrics. Another time I played with someone who played my voice in a cassette player over his mother’s voice singing 60’s opera.Very experimental. This project really started when I worked with Julian in a more serious way.

About collaborations, can you describe us the experience of recording with Dan Carey?

The interesting thing is that you start working without knowing what kind of album will come out of it. It takes a lot of confidence but that’s what makes it so exciting. Even if you have finished demos, everything can change. Not just the arrangement of the songs. We spent two days tuning the drums. It’s so precise but you can’t imagine how much it affects the voice. The voice only comes at the end. The whole time I’m doing « crap » vocals with no effects applied just to give the others an idea of what it’s going to sound like at the end. So Dan really builds everything from the ground up. It would be so easy to apply an effect to the voice to make it sound cool and it all blends together and you can’t really tell who’s doing what.

It’s completely the opposite. You feel naked. You feel like you’re taking a shower and everyone in the room is looking at you. It’s amazing, it’s bold and it makes me very emotional because you’re challenging yourself so much. You really have to expose all your abilities and it also allows you to evolve. My voice has changed since we started working together because of it. I love his purist approach to voice.

How did you meet?

I met him through Holly from the band Goat Girl. She quickly told me that a friend of hers would really like what I was doing and she suggested I create a Whatsapp conversation with him. Then, I saw a guy named Dan who I didn’t know popped up and said, « ah it’s you Sinead I heard your song on the radio and couldn’t find who did it »

I was played once on the BBC iPlayer and he heard it. He was about to contact Steve Lamacq to find out who I was but Holly made the connection. Afterwards, I went for a pint with him and his wife thinking we were going to do something good. He has a big smile on his face, he’s really excited and it makes you want to believe. Plus, he understands you and he doesn’t bring the same things to every artist he works with. That’s what’s so crazy about him.

What is the last anecdote that made you laugh related to your music? Related to recording, touring, etc.

A friend and I started laughing about proverbs that we made up because most of the proverbs we know are so old. We started making up some and the one that made me laugh was « Close your eyes and hope for the best ». What made me laugh was that it doesn’t fit me at all. I’d be more like, « Just keep walking for a second and see where you are ».

What do you think of the focus on Dublin these days with bands like Fontaines D.C. or Murder Capital?

It’s great. I have no doubt about the quality of the city’s art scene. There have always been good bands in Dublin, I’ve seen them live and I know some of my friends. Right now there’s a lot of attention because of successful bands and smaller bands are going to get it too. But the quality has always been there, it’s not new. It’s because people are watching more carefully that they realize what’s going on.

There was also an incredible decision in the new government. The Irish government has just introduced a salary for artists, whether they are musicians, poets or others. It’s so great that I could start crying. There are a lot of creative people in the city who couldn’t afford to try because of the cost of living.

I’m the kind of person who likes certainty. I realized that every year I would have to think about what project I should put together the following year. I also know that how much money I will make is related to how much work I will put in. But for a government to decide to contribute so much to culture, I think it’s a great decision and it will have an impact.

Last question, open: what’s next?

The present. It takes a lot of time to prepare an album and the tour that goes with it. What the whole thing will look like, where we’ll play, the concert itself. I’ve been thinking about it for years and I have to be in the moment so that I can do my best. My goal is to make it exciting, different and nuanced. It’s important for me, especially in music, to be focused and I’m not the type to project myself too far ahead. This specific phase of the first album only happens once and won’t come back so it’s important to make the most of it.

At the beginning of her first European tour, Sinead O’Brien and her band are special and her spellbinding spoken word deserves your attention. The magnetic show honors a punchy first record which is an highlight of the year.