JUNON ★ LE POCHE

Si vous ne connaissez pas Junon, vous connaissiez peut-être le groupe General Lee. Si ces deux noms ne vous disent rien et bien, vous étiez comme moi, il y a quelques mois, sûrement analphabète de la scène hardcore/metal française, ce qui ne m’a pas empêché de tomber amoureux tout récemment. Il faut dire que les 5 mecs qui composent le groupe n’ont pas retenu les coups et ont livré un « premier » EP (« The Shadows Lenghten » découvert via RSTLSS) méchamment abouti et servi alors par le türbosingle « Carcosa » et son clip bien bien classe. Alors forcément, le groupe étant en partie basé dans le Nord et annonçant 3 dates dans la région pour cette fin d’année, je décidai de les suivre pour clore cette année musicale qui fut bien pauvre.

L’échauffement.

Et le groupe va vite confirmer tout le bien que j’en pensais. Après une première prise de contact live, plus qu’enthousiasmante à la Cave Aux Poètes, en première partie des Pogo Car Crash Control, c’est à la maison comme ils me disent, au Poche de Béthune, que je décide d’écrire ce live report. Un écrin de briques enterré sous terre pour se rapprocher des Enfers. L’affiche du soir regroupe 3 formations qui bénéficient tous d’une véritable expérience du live, Fall of Messiah et ses diverses apparitions au festival ArcTanGent ou encore The Lumberjack Feedback et leur double batterie de folie souvent aperçu dans les salles de la région.

Rappelons que les mecs de Junon, d’expérience, ils n’en manquent pas non plus en live, avec des tournées passées en Europe et notamment dans la plus belle des Patries, la Russie. S’étant chauffés tout le week-end pour claquer un live digne de la vie d’avant, le show est entamé sur « The Sorcerer » et sa puissance noire atmosphérique, la voix rauque du chanteur, Arnaud, annonce la couleur, avant d’être rattrapée par des kicks de batterie, annonciateurs du tumulte qui nous attend (#LABAGARRE). Les guitaristes se mettent alors en branle, le chant du frontman trouvant un écho dans le coffre et l’énergie de Fabien à la guitare, autre moteur scénique d’une formation bien décidée à en découdre.

La bagarre.

Et si le premier EP de Junon ne compte « que » 4 titres, les musiciens ne vont pas hésiter à taper dans le solide registre de le répertoire du General Lee qui ne fait pas tellement plus dans la dentelle ! Plus versé dans le hardcore, « Médusa Howls The Wolves » vient casser des culs tels un moine shaolin coupant des parpaings à mains nues ! On en prend plein le museau et c’est sur « Drifting » (toujours du General) que les choses se gâtent pour votre serviteur puisque le mosh m’enverra voler sur scène pour garder un souvenir physique de la soirée, ce qui n’empêche pas d’en redemander. Les risques du métier diront certains.

Les mecs ont clairement embrayé et nous envoient le feu avec « Carcosa », single évolution Pokemon post-metal de General Lee qui ménage la puissance du genre avec un refrain bien accrocheur, des chants clairs, des hurlements et une atmosphère comme on les aime, appelée communément « post-hardcore », « post-metal », ce qui est moins original que Dracofeu, je vous l’accorde, mais tout aussi chaud que le dit animal imaginaire.

Faudra penser à s’étirer !

Junon va même en profiter pour tester un nouveau titre de plus de 6 minutes. Servi par une intro à la limite du rite, la batterie de Florian vient ici lancer un rythme plus martial, avant d’embrayer sur quelque chose de plus rugueux et lancinant, qui n’en oubliera pas pour autant de faire parler la poudre, aboutissant au premier slam de son chanteur. Vivement 2022 et les nouvelles compositions du groupe qui l’accompagneront. Mais là, il va falloir patienter et le groupe nous claque un « Flood Preachers » qui va littéralement déchainer la salle, Fabien headbangue de toutes ses cervicales quand Alex (guitare) se lance lui dans un solo de feu et si Martin (autre guitare) semblait plus en retrait, il ne laisse pas sa part non plus, porté par le rythme du titre. Cette fois, tout le monde est en mode Mad Max, les guitares crachent du feu, Vincent, en feu, fait tournoyer sa basse avec une aisance à faire pâlir une majorette quand Arnaud finit par se jeter, à nouveau, dans un public tout acquis à sa cause. QUEL-TI-TRE MES KAMARADES !

Si la scène pouvait faire le double de largeur, on en est désormais certains, chaque musicien prendrait alors aisément une place face au public, collé au premier rang, au contact, pour sentir l’énergie de la foule et transmettre cette révolte sourde qui semble les habiter. La formation passe en mode attaque totale sur le titre de General Lee, « The End Of Bravery », qui n’a pas pris une ride malgré ses quasi 10 ans d’existence. Putain mais j’étais où moi ces dernières années pour louper un truc pareil ? Mais la boucle est à boucler et c’est bien « The Bleeding », mélodie de fin des temps de Junon, qui vient clore une soirée désormais bien moite. Résultat des 50 minutes d’une soirée qu’on aura savourée de bout en bout.

Et vous savez le plus beau dans tout ça ? J’aurai à nouveau le plaisir de les suivre le temps d’une soirée à l’Aéronef avec Stake et franchement, je ne vais pas bouder mon plaisir plus que vous ne devriez le faire. Ce n’est pas pour rien que le groupe commence à gagner en visibilité. Preuve en est, le groupe attendu pour 2022 avec un nouvel album, sera présent au Main Square Festival (certes, sur une affiche assez bancale, je vous l’accorde mais avec Turnstile ou encore les Pixies).

SETLIST

1. Sorcerer
2.
Medusa Howling With The Wolves (General Lee)
3. Drifting
4. Carcosa
5. New Song
6. Flood Preachers
7. The End of Bravery » (General Lee)
8. The Bleeding