Marilyn Manson ★ AccorHotels Arena

Marilyn Manson n’avait pas joué depuis 5 ans dans la capitale et c’est un AccorHotels Arena presque plein qui l’accueille. Cheville pétée ou non, la foule aura son spectacle.

De l’art d’essuyer les plâtres

Dinos Chapman a la lourde tâche d’ouvrir pour un public déterminé à voir autre chose. Sur des dates avec une audience si fan, j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi l’opening ne bénéficie pas de plus de soin. L’homme aux platines se fait siffler sur la fin et c’est sous les cris d’une fosse soulagée qu’il part comme il est arrivé.  

Assis, Debout

 

Plus de 12 ans que je n’ai pas croisé MM sur une scène, où l’assaut avait pris place à Gayant Expo en 2005. Après une annulation en 2015 liée aux attentats, le groupe revient avec une cheville pétée pour son interprète suite à une volonté d’escalader une structure du show. Dans les valises, un Twiggy Ramirez en moins accusé de viol par une ancienne compagne. Semblant être monté sur un ancien cimetière indien, que nous réserve donc ce premier show parisien depuis 2012 ?

Le début de concert donne place aux récentes et aussi à Golden Age avec « Mobscene » et avant « This Is The New Shit ». Ce n’est parce que Marilyn Manson a une jambe en moins qu’il va se priver de son decorum. Chaque chanson équivaut encore à une mise en scène : un chapeau, une blouse de patient, un brancard, des infirmiers, un micro lampe torche ou encore une jambe de bois pour tenir debout les 3/4 du show. La configuration des instruments pose plus question avec l’absence de claviers, de back en voix trop souvent et une présence peut-être trop accrue de guitares. Un set-up propre aux derniers albums du bonhomme, mettant en avant dans ses singles un son heavy bien bourrin et frontal, rendant difficilement les coups en live.
Sur « Mobscene« , la basse se baisse pour ramasser une culotte. Après deux tiers du concert effectué, la stupeur me frappe : c’est un ancien The Mars Volta qui occupe le manche. Comme quoi, il y a une telle différence de niveau entre les deux groupes en termes d’exigence musicale qu’il peut se permettre de jouer d’une main. Autre scène grotesque : Manson essaie de mimer le rythme de « Beautiful People » en tapant sur la basse, sans y arriver au bout d’une longue minute.

Less Is More ?

La voix est elle très, très rocailleuse. Vraiment fidèle et agréable lors des passages les plus posés comme le démontrera « Coma White » comme 16ème et dernier titre. Globalement, le Révérend la joue trop hardcore en gueulant salement dans le micro en prenant la peine de sauter quelques lignes ou couplet complet comme sur Tourniquet pour mieux laisser la chance au public de prendre la parole. On se prend alors à imaginer ce que donnerait une tournée acoustique dans des salles plus petites comme ce que l’on peut entendre dans la version Deluxe de The Pale Emperor.

Ma première et dernière fois avec la Bête date, je sortais du lycée et j’avais reproché un manque de communication, l’absence de rappel et une science de la mise en scène qui rendait le show statique et un poil chiant. Le tout couronné en fosse par un public hystérique. Depuis, le show a perdu des défauts pour en récupérer d’autres. La communication est là avec des mentions au sempiternel amour de Paris, à la cheville pétée et quelques transitions entre les morceaux reprenant les paroles. Le strict minimum pour certains, un luxe pour Manson. Toujours numéro 1 dans le grand guignolesque, il n’hésite pas à arrêter net « The Dope Show » et « Beautiful People » sans raisons. Sabordages inutiles de deux des meilleurs titres du set et un crime de lèse majesté sur les deux uniques titres de la vraie bonne époque. Et puis un quart d’heure d’introduction musicale lumières éteintes, c’est 14 minutes de trop, non ?

« The Reflecting God« , « Antichrist Superstar« , « Irresponsible Hate Anthem » ou encore « Rock Is Dead« . Des pièces maîtresses des listes ne sont plus là et entre un manque de variété dans les titres joués, l’interprétation pas toujours au top, la jambe pétée et une configuration musicale très bourrine… Il fallait être sacrément fan pour ne pas avoir quelque chose à redire avec un tarif moyen au-dessus des 50 balles.

La plupart des griefs au-delà d’être visibles et factuels dépendent aussi de la qualité du catalogue, jamais vraiment mis à contribution hélas. Dommage que la forme soit autant mis en valeur au détriment du fond. Attention, Manson sera au Hellfest et au Download en 2018. Sûrement l’occasion de le voir retaper physiquement et d’assister à un set best-of peu éloigné dans la durée d’un show en salle. Un rapport qualité prix plus évident sûrement.

Remerciements à Ephelide, Caroline Records, Marion et Lisa.