Phoenix ✖︎ Ti Amo

Sous les synthés, les compos.

L’ouragan Wolfgang Amadeus Phoenix semble loin mais son impact est encore présent. Huit ans après son meilleur album, les versaillais continuent de réveiller le monde de la pop lorsqu’un nouveau disque débarque. En 2013, Bankrupt! nous avait pris de court avec une orientation sonore assez kitsch. Pourtant le disque a bien vieilli. Avec sa tracklist improbable et son chant anglo-franco-italien-hispano, comment se tient Ti Amo ? Ode à une Italie fantasmée, le groupe y ajoute sa touche de romantisme, de nonchalance déguisée et de pop. En y ajoutant une grosse dose de synthés.

Beaucoup ?

On y était préparés via « J-Boy » et également via les premières interviews : Ti Amo sera léger et comprendra beaucoup d’effets sur la voix de Thomas Mars car le chanteur commençait à en être lassé. Dans ce sens, ce millésime 2017 reprend là les choses quasiment où Bankrupt! les avait laissé. Avec les mêmes défauts et qualités. Les mélodies sont là et on se prend à hocher de la tête sans mal, autant que l’on grince les dents lors de l’arrivée de la touche rétro de trop. L’intro de « Fleur de Lys » reprenant le générique de Docteur Dougie en fait partie en est un exemple sans foirer le morceau, mais le disque manque de titres vraiment marquants.  A part peut-être son single, son titre éponyme ou encore « Tuttifrutti » et « Fior Di Latte ». Toutes situées dans la première moitié de la tracklist.

Moi non plus ?

Comme son prédécesseur, le grand problème de Ti Amo réside dans cette production blindée de synthés et cette voix au timbre fragile qu’on préfère sans trop d’artifices. Finis les percussions et le côté « organique » d’un Wolfgang Amadeus Phoenix, voire d’It’s Never Been Like That, il faut se résigner à avoir ce son sirupeux, faussement cheap et gênant parfois. Ti Amo est de la même veine que Currents  de Tame Impala. Une pop très synthétique, une voix méconnaissable, quelques effets trop prononcés et on viendrait presque à oublier ses qualités. Composé principalement dans les étages de la Gaité  Lyrique et notamment pendant les attentats de novembre 2015, Ti Amo est encore cependant un descendant de l’héritage Phoenix.

Quelque part entre les Strokes, Spoon et Daft Punk, ils continuent d’évoluer sans passer à côté. Dans une année assez molle, ils sortent un disque loin d’être chiant et qui donne la patate pour le peu qu’on oublie ses quelques ratés. A l’image de son prédécesseur, ce sixième album ne sera pas celui qui est écouté en boucle ou cité comme le meilleur de la discographie mais il fait danser, divertit et donne envie. La galette de l’été à droite, énième disque de trop à gauche, Phoenix n’a pas plu dès le premier jour et continuera sûrement comme ça jusqu’au bout. En attendant, malgré le sourcil levé des premières écoutes, on y revient toujours avec plaisir. Coupable ou non.