TRVE ✖︎ LOVE SEX MACHINE

Il était une fois…

En 2012 Love Sex Machine déferlait sur la France comme une ignoble coulée de boue. Leur son était massif, simpliste pour leurs détracteurs mais délicieusement radical pour leurs partisans. On se souvient ainsi avec émotion du titre d’ouverture du premier album « Anal on Deceased Virgin » ou encore de « Killed with a Monster Cock ».

Quatre ans plus tard, « Asexual Anger » les voyait revenir avec des riffs monolithiques taillés dans la roche, aux contours bien définis. Un album un peu moins effrayant qui leur a permis de toucher un public mentalement plus stable, et surtout plus nombreux.

2024

Quelques années plus tard, Love Sex Machine a raffiné sa formule. La bouillasse sludgisante des débuts a décanté, produisant un fluide moins épais mais tout aussi amer.

Et surtout, plus personne ne pourra désormais les accuser de rester parqués dans leur bac à sable à manger leur propre caca. Ces huit dernières années Love Sex Machine a visiblement ingéré bon nombre d’influences qui teintent à présent leur musique.

La déclaration d’intention se fait dès le premier morceau avec des putains de serpents qui régurgitent une bile noire annonçant clairement que ça y est, c’est du blackened sludge. Mais à juger si tôt on aurait simplement tout faux, parce qu’il s’agit du seul morceau de la galette qui soit aussi évidemment black et que le groupe semble prendre un malin plaisir à nous présenter ses nouvelles facettes au fil des tracks. Le « TEST26 » qui suit propulse l’ensemble avec des synthés qui développent le sentiment d’horreur cosmique promis par l’artwork, puis « TRAPPED FOR LIFE » décolle carrément avec une mélodie aérienne pour un résultat purement post-black. Et c’est alors qu’on pense avoir saisi la tendance que frappe le titre le plus à part : « BODY PROBE », qui sonne à peu près comme un concert de Deftones dans le réacteur n°4 de Tchernobyl. Les pauvres continuent de jouer alors qu’ils se décomposent, jusqu’à finir totalement putréfiés.

Enfin, évoquons l’éléphant dans la pièce. Il est gros, il porte le disque sur son dos et il a l’accent belge. Les fondations sont solides. Elles sont en post-metal et on ressent particulièrement l’influence d’Amenra. Des riffs massifs sous-tendent l’ensemble, créent une cohérence et donnent à cette nouvelle version de Love Sex Machine une nouvelle façon de nous broyer le cerveau.

Qu’on soit en 2012, en 2016 ou en 2024, on peut sans se tromper dire que « Love Sex Machine c’est du sludge ». Oui. Mais la version 2024 a su capter son époque, s’est enrichie et propose une formule qui, si elle reste toujours nauséabonde, devrait se faire suffisamment addictive pour leur apporter de nouveaux consommateurs dépendants.

NOTE FINALE
Avec les années, Love Sex Machine a raffiné sa vase en une liqueur plus subtile. L’essence de leur concoction reste tout aussi nocive mais il y a fort à parier que cette nouvelle formule leur permettra de trouver un nouveau public qui boira la coupe jusqu’à la lie. C’est du moins tout ce qu’on leur souhaite.
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