Si la France possède déjà quelques groupes de math-rock plutot costauds (Burne, Pneu, Papier Tigre, Chevreuil …) ils ont pour la plupart un esprit garage/noise et résolument underground. Pas que ce soit un défaut, mais le quatuor parisien Careful, eux, prennent le genre de l’autre coté de la ficelle et penchent plus pour Toe ou Lite que pour Don Caballero et Hella.
Tropic of Capricorn est d’ailleurs un modèle de cette force tranquille: début sur une basse jazzy, guitares tournoyantes, et batterie au millimètre qui accélère tout en gardant le groove. Inexplicablement, le post-math-rock de Careful arrive à passionner sans jamais exploser dans les démonstrations, mais en rebondissant dès qu’il le faut (le multi-facettes What we have to say). Le gros morceau de cet ep, Deeper into black la joue plus hypnotique, entrecoupé d’un pont faussement désordonné à 4 min pour mieux repartir vers des rails mélodiques de plus en plus rapides.
On reprochera peut-être l’aspect trop ‘jamesque’ de l’ensemble, qui s’écoute avec grand plaisir, mais ne brusque jamais l’auditeur, la faute à une production peut-être plus jazzy que rock (basse très en avant, guitares en retrait). Qu’on ne fasse pas d’erreur: What we have to say est seulement un premier ep et promet des lives passionnants. Ils ont déjà 80% du boulot de fait, il ne reste juste qu’à laisser leur son respirer, et pourquoi pas lâcher les chevaux pour délivrer, on l’espère, un album aussi intéressant qu’excitant. A suivre de près.