Sofia Park – Morning Waves EP

Comme dit le vieil adage il y a bien des façons de jouer du rock et tous les angles ou presque sont valides, à condition d’avoir les idées claires. Sofia Park l’a compris et ne manque pas d’assurance sur son premier EP, une prometteuse et intelligible déclaration d’intention qui impose d’emblée les aixois comme un groupe plutôt raffiné à vocation mélodique, déjà capable d’assembler ses influences en un tout cohérent et fréquemment brillant. On entend ici un bel amour pour les Pixies et les dynamiques loud/quiet/loud, le rock à coeur d’artichaut de Weezer (en moins geek), entre autres égéries alternatives de ces 20 ou 25 dernières années. Quelques effluves New Wave se font également sentir dans les subtils arrangements de ‘Lost in Time‘ et sur un engageant mais trop bref morceau d’ouverture qui aurait mérité un vrai développement. Sûr de lui et carré, le trio pêche parfois par excès de zèle et n’évite pas toujours les schémas un poil trop ambitieux, essentiellement sur ‘The Game‘ dont on sifflote allègrement la première moitié avant de se perdre dans ses méandres et ses variations de tempo. En bout de course, le plus concis ‘Sofia Park‘ tombe dans un hommage à Rivers Cuomo un brin scolaire en nous gratifiant de quelques « wo-ho ! » de trop, même si l’exécution reste irréprochable. Notons aussi l’aisance de Julien Gonzalez dans le registre guy next door avec le coeur sur la main. Mais dans l’ensemble, ce ‘Morning Waves EP‘ s’avère nettement plus convaincant et original dans ses penchants les plus sombres et débridés, et c’est sur l’enchainement de ‘90’s‘ et ‘Lost in Time‘ que l’on s’emballe vraiment. Ces deux chansons valent à elles seules le détour: la première est hypnotique et racée, avec un groove stoner implacable, et la seconde fait preuve de pas mal de personnalité en distillant une tension insidieuse, bien détaillée, presque post-rock dans l’esprit, jusqu’à sa coda ébouriffante dont l’emphase rappelle les meilleures heures de groupes comme Chavez ou Slint et les guitares incisives de Matt Sweeney. Les frères Gonzalez et Maxime Fachin démontrent en cinq titres variés et souvent accrocheurs qu’ils ont plus d’un atout à faire valoir et plus d’une piste à explorer. En attendant la suite, c’est une base solide sur laquelle construire et une vraie bonne surprise.