Michael Jackson – Invincible

A l’heure ou l’image de Michael Jackson est traînée dans la boue pour des raisons judiciaires rudement graves, il est bon de se souvenir que cet homme est un artiste avant tout. En 2001, Michael est ainsi revenu sur le devant de la scène médiatique, en nous proposant un nouveau look (dans le style zombie défiguré), ainsi qu’un nouvel album… ‘Invincible‘, sorti 6 ans après le très mitigé ‘HIStory‘ (mi-bombes, mi-bouses), se devait de remettre les pendules à l’heure, et de replacer par la même occasion Michael Jackson sur le trône de la pop mondiale. Un pari difficile à la base, qui est vite devenu mission impossible, en raison du lynchage médiatique qu’a subi Michael l’ami des singes… Tour à tour, les critiques ont parlé d’un album vide, sans émotion, dépassé… Bref, un ‘flop absolu’, une première pour l’ex-roi de la pop ! Ben ils savent pas ce qu’ils ratent ces abrutis !

Invincible‘, c’est tout simplement l’album le plus abouti et le plus complet du maître depuis ‘Thriller‘ : sur les 16 chansons présentes, 14 s’avèrent très sympas, voire excellentes. Seules ‘Cry‘ (une mielleuse ballade écrite par R. Kelly) et ‘Privacy‘ (malgré la présence de Slash à la guitare) sont en fait assez ennuyeuses. Cet album possède un son très particulier, moderne, prenant. Les 3 premières chansons, aux rythmes révolutionnaires pour du MJJ, reprennent la recette gagnante de ‘Black Or White‘, avec un couplet rap vers la fin. Vous pourrez ainsi entendre un excellent flow de feu Notorious B.I.G. sur la première plage, alors que sur ‘Heartbreaker‘, Fats nous délivre un rap absolument endiablé. Très dansants, ces 3 morceaux prennent une ampleur inattendue avec le temps.

Des ballades comme ‘Heaven Can Wait‘, ‘Break of Dawn‘ ou ‘You Are My Life‘ (une chanson dédiée à ses enfants), agissent quant à elles dans un registre plus connu, mais dégagent quand même une sacrée émotion tout en vous enivrant par leur ambiance chaleureuse. Sur ‘Butterflies‘, une chanson au style rétro rappelant ‘Off The Wall‘, Michael sublime sa voix, pour monter dans les aigus comme jamais : une performance de choix digne de Farinelli ! Mais ‘Bambi’ a également pris de gros risques sur cet album : ‘2000 Watts‘ est ainsi déroutante à la première écoute, avec sa boite à rythmes agressive et un flow saccadé dans un registre très grave (on peine à reconnaître la voix du King). ‘Speechless‘, a quant à elle été enregistrée quasiment à capella, montrant que Michael possède toujours de sacrées capacités vocales, quoi qu’en disent les critiques… Un titre qui vous prendra par les tripes, faites-moi confiance (nombreux furent les fans à pleurer à l’écoute de ce morceau).

En ce qui concerne les textes, MJ traite encore et toujours des mêmes thèmes (de quoi attiser un peu plus les critiques médisantes…), à savoir l’amour (‘You Are My Life‘, ‘You Rock My World‘), les papparazzis (‘Privacy‘) ou encore les enfants abandonnés (‘The Lost Children‘). Enfin, comment passer à côté du fabuleux (le terme est faible) duo avec Carlos Santana ? ‘Whatever Happens‘, avec son ambiance très western et sa guitare acoustique très hispanisante, est LA bombe de l’album. Incontournable, elle aurait pu être le hit de l’été 2002, si Sony avait daigné assurer la promotion de cet album…

Ce LP, qui dure 77.07 (comme ‘Dangerous‘ et ‘HIStory‘… tiens, tiens, Michael serait-il superstitieux ?), est donc dense, varié et incroyable au niveau de la production : l’enregistrement s’est déroulé dans 9 studios, pendant plus de 2 ans (je vous laisse imaginer le coût astronomique), et Rodney Jerkins a su apporter un son moderne (on est bien loin de l’époque Quincy Jones, limite ringarde). Aucun détail n’est laissé au hasard, et la richesse de la production devrait vous laisser pantois d’admiration. Michael réalise en outre, à la manière d’un Jon’ Davis (KoRn), tous les vocals et les backing vocals, en modulant sa voix selon le type de chanson.

Si ‘Invincible‘ n’a pas rencontré le succès escompté (‘seulement’ 8 millions d’exemplaires vendus), c’est en grande partie à cause de Sony qui a saboté la promotion, pour cause de fin de contrat et de brouille entre Michael et le boss Tommy Mottola (l’ex de Mariah Carey). La maison de disques a délibérément décidé de descendre cet artiste, qui en a pourtant fait rêver plus d’un par le passé. Le nombre de singles fut ainsi drastiquement limité : seuls 2 morceaux (très mal choisis, soyons honnêtes), ‘You Rock My World‘ et ‘Cry‘ (the daube), ont été officiellement extraits de l’album, alors qu’à l’époque de ‘Bad‘ ou de ‘Dangerous‘, on tournait autour de 10 ! Michael rêvait ainsi de tourner le clip de ‘Threatened‘, sorte de ‘Thriller‘ de l’an 2001, à l’ambiance glauque à souhait… Pas de bol, on n’aura jamais la chance de voir ce monument en vidéo.

Quoiqu’il en soit, malgré le scandale qu’a provoqué cet album, ce dernier n’en reste pas moins un condensé d’excellente musique, indémodable, et surtout composée, interprétée et arrangée par un génie. Michael Jackson, dont la carrière est actuellement mise en danger en raison de ses frasques judiciaires, n’est donc pas qu’un monstre de foire démodé comme certains médias veulent nous le faire croire… Même si les tubes sont moins évidents que par le passé, sa musique reste de grande qualité, et vu que cet album pourrait être son dernier, autant le redécouvrir pleinement, sans à priori. Long live the King ! Hiii Hiii !