Colin Stetson & Sarah Neufeld – Never Were The Way She Was

Ce cher Colin a été l’objet d’une découverte un début de soirée au Pitchfork 2013. Lors d’un set de fin de journée, ce bonhomme seul derrière sa trompette s’emploie à sortir des sons qu’on pense sortir d’ailleurs. Multiple, puissant, animal, syncopé, les mots manquent pour décrire la maison performance monolithique mais unique d’un artiste qui marque par sa singularité. Pourtant, il n’est pas inédit dans nos oreilles. Comparse de longue date sur disques ou en live des stars de l’indé que sont LCD Soundsystem ou Arcade Fire, il se retrouve ici associé à Sarah Neufeld, la violoniste attitrée de ces derniers sur 8 morceaux en studio.

L’ambiance, l’atmosphère de ses pistes avoisinant les 7 minutes est étrange. Cinématographiques, oniriques ou homériques, elles peuvent s’avérer répétitives, angoissantes ou inappropriées. N’empêche qu’elles touchent. Comme l’introduction ‘The Sun Roars Into View‘. Elles sont quasi toutes à loger à la même enseigne. Des sortes de boucles incessantes, malades et envoûtées qui ne s’arrêtent pas vraiment, à l’instar d »In The Vespers‘. Assurément l’une des plus désaxées.

L’interlude embarque le disque dans une ambiance encore plus feutrée. ‘With the dark hug of time‘ est loin d’être une berceuse et ses suivantes embrayent le pas de pistes toujours aussi menaçantes.

Ce disque n’est pas de ceux qui tourne en boucle. A l’envie, il pourra servir de bande-son cheloue pour une activité dont on ne souhaite pas connaître l’existence. Pas dénué d’intérêt, il reste cependant comme les autres albums de Colin Stetson assez fermé pour ne pas être réservé seulement à un plaisir d’initié. Derrière les sons lourds et caverneux, le violon a du mal à se faire une place. Hormis en essayant de suivre la cadence et dans ses instants de trituration, l’exercice devient répétitif.

Avec ses deux morceaux finish relativement courts, Never Were The Way She Was finit en eau de boudin. Comme au début, on ne sait pas trop ce qu’on est venu foutre ici. Ça n’enlève rien à la curiosité de la balade mais on ne la parcourra pas trop souvent.