Un premier maxi en 1994, 8 albums studio depuis, Lofofora sort son troisième album live de sa carrière. Donnant suite au dernier album ‘L’Epreuve Du Contraire‘ et couvrant la tournée qui a suivi, ‘L’Epreuve Du Concert‘ a été capté sur deux dates en Avril 2015 à Mâcon et Dijon.
Comme le nom l’indique, la tracklist laisse la part belle au dernier album studio en comptabilisant 8 titres sur 17. Impasse totale sur ‘Dur Comme Fer‘ et ‘Les Choses Qui Nous Dérangent‘, un peu dommage pourraient dire certains. Ceci dit, Lofofora arrive au problème des groupes de plus de 30 ans de carrière et qui ont une liste grandissante de chansons qui tuent leur race alors que le temps sur notre planète reste malheureusement immuable.
Peut-être, sûrement, se sont-ils sentis tellement fier de leur dernier bébé qu’ils ont voulu le mettre à l’honneur et on ne leur donnera pas tort puisque les titres passent haut la main la fameuse épreuve du concert. Par ailleurs, ce n’est pas comme si Lofofora avait à prouver quoique ce soit en matière de prestation scénique car n’importe qui les ayant déjà vu sur scène sait que ce sont de véritables tauliers, champions hors catégorie d’incitation à l’anarchie et à la transe punk.
Le groupe aura donc ouvert les hostilités sur cette tournée par ‘Notre Terre‘, cantique idéal pour une messe tribale. ‘L’Oeuf‘, titre phare quasi incontournable, est expédié en début de set, comme ça c’est fait, et ça a au moins le mérite de fédérer tout le monde tout de suite. Parce qu’il faut quand faire une sacrée fine bouche pour ne pas succomber à la vague d’énergie que dégage Lofofora.
Et si certains ne démarrent pas au quart de tour, Reuno, égal à lui-même dans son rôle d’harangueur de foule, est là pour vanner le public, le chauffer afin de faire ressortir le sauvage qui sommeille en chacun et finalement féliciter ses troupes qui répondent présent à l’appel de la forêt.(feinte bidon bilingue en anglais).
Les titres s’enchainent comme les pogos et on retrouve vraiment l’énergie live implacable du groupe. Le son enregistré par Jean-Claude Bertolini et Jimmy Beaufils fait honneur au groupe, le mix de Serge Morattel (encore lui) donne un bon équilibre entre la musique et les réactions du public. On s’y croirait et il est parfois difficile de se retenir de ne pas pogoter tout seul, surtout quand on écoute l’album en voiture.
A l’instar de ‘Notre Terre‘ et ‘L’Oeuf‘, les nouveaux morceaux s’alternent bien avec de plus anciens parfois en doublon pour les uns ou les autres. Un enchainement très efficace est celui de ‘La Tasrine‘ avec ‘Justice Pour Tous‘ histoire de ramoner le mosh pit en 3 minutes.
En matière de pépites à fans, Lofo propose la version hot de ‘Vice Et Râle‘ qui apparaissait en tant que ‘Viscéral‘ sur le deuxième disque du ‘Double‘ composé de reprises et remixes. Ce qui fait que le groupe ne joue à proprement parlé aucun titre de ‘Peuh !‘ non plus. Cette version, qui transpire le stupre et la luxure, a au moins le mérite de permettre au public de reprendre un tant soit peu son souffle.
En matière de reprises, Lofo inaugure ‘Îlot Amsterdam‘ de Parabellum en la mémoire de feu Schultz à qui ils dédicacent le concert et toute la tournée. Le titre s’incorpore très bien dans le répertoire du groupe qui l’accommode parfaitement à sa propre sauce sriracha, on dirait presque qu’il a été composé pour le groupe. Quand on sait en plus que Reuno avait travaillé sur ‘Si Vis Pacem‘, on ne s’étonne plus de rien.
L’album se conclut dans la bonne ambiance de ‘Double A‘, doigt d’honneur tendu aux vieux cons dans leurs têtes et qui laisse espérer aux fans de Lofofora qu’ils ne seront jamais trop vieux pour ces conneries, d’une façon ou d’une autre. En tout cas, c’est tout ce qu’on leur souhaite.