Cataract – With Triumph Comes Loss

Je sais pas si vous avez remarqué, mais depuis que le néo-métal est passé de mode, une nouvelle scène semble attirer tous les regards : le métalcore. Aux USA, les groupes de ce genre bien bourrin pullulent tels des mouches autour d’une bouse fraîche, et le plus souvent, c’est pour le grand plaisir de nos oreilles (Chimaira, Lamb of God, Killswitch Engage, et plus récemment, les excellents Unearth). En Europe, même si la frénésie est moindre, on découvre parfois de petites tueries, comme Stampin’ Ground, et plus récemment, Cataract. Ces derniers, venus de Suisse, débarquent en cette rentrée 2004 avec leur troisième album (le premier sur Metal Blade Records), intitulé ‘With Triumph Comes Loss‘. Chronique d’un triomphe annoncé.

Sans surprise, le groupe joue un mix de thrash et de hardcore, avec des textes en anglais comme ses contemporains américains. Mais au lieu de nous balancer une énième repompe de Killswitch Engage, Cataract nous propose un étonnant mix de Slayer (pour la vitesse d’exécution) et Hatebreed (pour les innombrables breaks). Autant vous dire que la baffe est assez monstrueuse, et que ce disque satisfera aussi bien les fans de thrash old school que les afficonados de hardcore moderne.

Fedi, le chanteur, est un pur coreux, au timbre très proche de Jamey Jasta (Hatebreed). Durant les 39 minutes que durent le CD, il ne cesse de hurler, avec parfois quelques rugissements félins dignes d’un Howard Jones (‘As We Speak‘, ‘Vanished In The Dark‘).

Les soli de guitare sont rares, pour ne pas dire inexistants, mais il s’agit là d’une simple question d’efficacité. Cataract est en effet un véritable rouleau compresseur, où les temps morts (et donc les soli) ne sont pas en odeur de sainteté. Mais en ce qui concerne les riffs, vous allez vraiment halluciner devant tant de lourdeur et de puissance : Greg et Simon ont trouvé la formule magique pour nous pondre des riffs rapides, précis et surtout très accrocheurs. Chaque titre comporte ainsi son lot de riffs en palm mute qui redéfinissent les limites du heavy moderne (écoutez un peu la monstrueuse ‘Nothing’s Left‘ pour vous en convaincre). A la batterie, je pense que vous l’aurez compris, c’est un véritable déferlement de double pédale et de gros coups de caisse claire pour rythmer les breaks (‘Vanished In The Dark‘) : Ricky assure comme une bête (ex : ‘As We Speak‘, ‘Fuel‘), et bon point pour lui, il évite de nous saouler avec des démonstrations techniques inutiles à la Joey Jordison.

Malgré leurs 3 minutes, la plupart des titres sont de véritables appels au headbang : les refrains pleins de hargne semblent avoir été créés spécialement pour déchaîner les fosses (je ne peux m’empêcher de penser au fabuleux ‘Listen ! Listen ! Listen !‘ présent sur ‘Hallow Horns‘). Finalement, il m’est très difficile d’extraire des titres de cet album, tant ces 10 morceaux constituent un tout indissociable. Tout s’enchaîne fluidement, avec une véritable marque de fabrique dans l’exécution des riffs, le chant ou plus globalement la construction des morceaux. Il sort parfois des albums où tout est bon de la première à la dernière seconde, et ‘With Triumph Comes Loss‘ en fait assurément partie.

Comme je vous le disais plus haut, l’influence de Slayer se fait ressentir, tout particulièrement sur les intros de ‘Reborn From Fire‘ (=> ‘Angel of Death‘) et ‘With Triumph Comes Loss‘ (=> ‘South of Heaven‘). Ce dernier morceau est d’ailleurs la grosse tuerie du disque, avec ses 7 minutes 16 au compteur. Malsain, glauque, ce titre à la rythmique hachée monte en puissance, avant qu’une lente outro clairement inspirée de Machine Head ne vienne achever le disque.

Le son est absolument énorme : Tue Madsen, connu pour son travail avec The Haunted, a réussi à nous pondre un son massif à la Hatebreed, avec des breaks d’une puissance phénoménale et une espèce de saleté dans le son des guitares. Du très très grand art qui retranscrit toute l’énergie du groupe.

Vous l’aurez compris, Cataract est une excellente surprise dans une scène qui commençait sérieusement à tourner en rond. Avec ce disque sans concession, le groupe suisse s’impose sans problème comme l’un des tous meilleurs groupes de métalcore de la planète. ‘With Triumph Comes Loss‘ est incontestablement l’un des tous meilleurs CD de métal de l’année, avec ‘Incorporated‘ de Grip Inc. et ‘The Oncoming Storm‘ d’Unearth. En tout cas, cela faisait TRES longtemps que je n’avais pas autant pris mon pied à l’écoute d’un disque de métal… Alors, petit conseil, empressez-vous de découvrir ce groupe, vous n’allez pas être déçu !