Hell is for Heroes – The Neon Handshake

Il suffit que je lève les yeux pour me retrouver face à ce poster de Symposium au dessus de mon bureau ; William McGonagle au premier plan gratifie l’objectif d’un ‘fuck’ illuminé par le flash, tandis que discret, le batteur Joseph Birch se contente de passer la tête par dessus l’épaule de son chanteur. Face à cette image depuis plus de trois ans, imaginez un peu comme il est dur de réaliser que tout ceci est bel et bien terminé et que ces deux musiciens donnent aujourd’hui tout leur temps et amour à Hell Is For Heroes. C’est donc suite au split de l’excellent groupe power-pop-punk londonien Symposium que Will et Joe rejoignent le groupe en 2000 avec une petite expérience dans la musique qui a sans doute apporté énormément à la formation.

Seulement voilà, un background si intéressant rend l’ex-fan particulièrement exigeant quant à la qualité du nouveau son que produisent les gens qui ont bercé son adolescence et qui a fait ses premiers pogos dans la chambre contre l’armoire porté par leur riffs (vous aviez devinez que je parlais de moi ?).

Alors j’écoute… ça commence plutôt bien avec Five Kids Go qui est un morceau puissant et mélodique au refrain entraînant, en fait, nous sommes en face d’un son de djeuns. Je ne parle pas de la qualité musicale (la valeur n’attend pas le nombre des années) mais du produit en lui même, on entend que ces cinq gars là ont grandi avec l’explosion du néo, le comeback radiophonique du punk, l’institutionnalisation du bourrin… Des p’tits gars qui allaient probablement voir Deftones et NOFX le lendemain… Finalement le résultat de cette situation est positive, puisque dans la même catégorie on peut ranger The Used et Finch (et j’en oublie), c’est-à-dire des groupes jeunes et motivés qui savent ce qu’est une mélodie mais qui savent aussi faire dans le son lourd . ‘Out Of Sight‘ nous montre d’ailleurs là les limites du chanteur qui à un peu de mal dans le cri, mais ça à son charme…

Les plages 3 et 8 et 12 vont dans la même direction et les chirurgiens du son et auditeurs avertis que nous sommes ne pourront s’empêcher de comparer aux jeunes heures énervés d’un Placebo pré-‘Without You I’m Nothing‘ ou d’un Idlewild (voilà en fait pour simplifier ce qui a remplacé la brit’ pop dans le coeur des djeunz britanniques). ‘Cut Down‘ est très bien (je l’écoute en tapant ces mots) (NDR : Ca c’est du professionnalisme !) et on les sent très à l’aise avec ce genre de morceaux mélo mais catchy. Mais les chansons se suivent avec chacune son petit côté agréable, mais quelque part se ressent l’impression que ça ne nous transporte pas comme on l’espérait, comme le concorde tournant en rond sur la piste de décollage sans jamais prendre son envol… un potentiel qui pourrait être bien mieux exploité… une fusée au moteur vrombissant sur la rampe de lancement qui ne part pas, le risque étant qu’elle explose avec à son bord les 4 Russes, dans le cas de Hell Is For Heroes, il serait dommage que cette impression d’inachevé tue ces 5 anglais qui sont quand même des jeunes gens plutôt brillants.

En gros, plage 6 on ne sait plus trop si on ne l’a pas déjà entendu, mais ce n’est pas pour ça qu’on n’apprécie pas. Ce n’est pas que j’aime pas dire du mal des groupes (il y a un peu de ça aussi c’est vrai) mais on s’attache vite à ce groupe, pour la simple raison qu’ils sont comme nous. Eux et nous, on écoute les mêmes choses, on a parfois à quelques années près le même age et serait-on capable de faire mieux ? Alors cet album est un bon album sans prétention. Que les magazines de rock vous promettent la révélation est une chose, mais ce que vous diront vos oreilles en sera peut être une autre… Peut-être vous tomberez dessus par hasard et curieusement ce groupe là vous parlera plus qu’un autre et vous ferez alors vos premiers pogos dans votre chambre porté par leurs riffs et même 5 ans après une petite photo d’eux sera punaisé en face de votre bureau ! En tout cas ce n’est pas mon cas, j’ai déjà donné merci… Par contre je ne serais pas surprise que ce soit le cas de pas mal de personnes à l’écoute de ‘You Drove To It‘ qui dégage une énergie hallucinante et qui est malgré tout ce que j’ai pu dire avant un très bon morceau. Ils savent aussi donner dans la balade basique avec ‘Slow Song‘. Les structures ne varient pas énormément mais finalement le schéma ‘intro son clair + couplet (soit intro disto) + refrain + couplet + refrain + break + refrain + fin’ a l’avantage de ne pas prendre le risque de perdre l’auditeur en route (par contre il a le risque de l’ennuyer au bout d’un moment). C’est un choix pas forcément judicieux pour ces fans de Refused qui ne le montrent pas assez. Dommage que l’on ait tendance à se lasser .

Je n’ai pas retrouvé Symposium mais j’ai découvert quelque chose de sympathique, de positif et d’honnête… n’est-ce pas tout ce qu’on leur demande pour l’instant ?