Through The Eyes Of The Dead – Bloodlust

Quelle bonne surprise ce premier album de Through The Eyes Of The Dead ! Oui, je sais, il date d’il y a déjà trois mois, mais il n’est jamais trop tard pour découvrir quelque chose d’aussi bon. Pourtant, avant d’avoir écouté, ce n’est surement pas l’artwork plutôt douteux de ce ‘Bloodlust‘ qui pourrait encourager qui que ce soit à aimer. Mais quand on s’intéresse de plus près au groupe, on s’apperçoit que le jeune quintet nous vient d’outre atlantique et à entendre leur musique l’affiliation avec certains groupes du moment est vraiment flagrante. Et oui, il semblerait bien qu’au pays de l’Oncle Sam, la résistance face à la déferlante métalcore s’organise peu à peu. Je parle de ces jeunes groupes de death mélodique, souvent technique, mélangeant la brutalité sans pareille de la scène death US de ceux qui les ont précédés (Morbid Angel, Dying Fetus et compagnie…) et les riffs imparables du death/black scandinave de référence. Je pense à des noms comme The Black Dahlia Murder, All Shall Perish, Thyne Eyes Bleed, ou encore Into The Moat, tous trop mélodiques pour être catégorisés pur death et bien trop aggressifs pour se voir étiquetté métalcore.

Through The Eyes Of The Dead fait bien partie de ce courant, pas nouveau, certes, mais en pleine ascencion, incontestablement. Mais attention, quand on parle de ‘mélodies’ avec un tel groupe, c’est bien aux guitares qu’on fait référence. Non, ici, les nombreux refrains sirupeux en voix claire n’ont pas leur place. Par ‘mélodies’ on entend bien parler de ces lamentations épiques de guitares torturées, de magnifiques harmonies en descente de manche frénétique. Ça joue vite, très vite, les riffs regorgent de détails toujours si agréables à déceler au fur et à mesure des écoutes et si ces musiciens n’aiment pas abuser d’effets mais plutôt garder un son brut, c’est uniquement pour rendre le tout beaucoup plus spontané et efficace.

Et côté efficacité, pas de problème, ça marche à merveille. Les titres sont destructurés, on a même l’impression de ne jamais entendre un riff plus d’une fois et la batterie sait alterner gros mitraillage bien lourd presque éxagérément bourrin et rythmiques plus chaotiques. Pour donner une idée plus précise de cette batterie souvent mise très en avant, ceux qui apprécient le jeu de caisse claire si particulier et aggressif de Max chez Kataklysm apprécieront sans aucun doute ici celui de Dayton Cantley. Côté voix, le parallèle avec The Black Dahlia Murder est flagrant : même si les intonations diffèrent et qu’ici les effets vocaux prennent une place plus importante, le phrasé rapide et surtout l’alternance entre énormes growls et hurlements aigus à s’en percer les tympans rappelle souvent la schyzophrénie vocale que pratique cette autre formation.

D’ailleurs c’est loin d’être le seul point commun entre les deux groupes puisque de manière générale, s’il n’y avait pas ces quelques effets d’étouffement dans la voix, on pourrait presque les confondre. On retrouve ces mêmes envolées d’harmonies de guitares presque théatrales et dramatiques comme sur les quelques magnifiques dernières seconde de ‘Beneath Dying Skies‘, ces leads à la limite du solo et au son très clair ou encore cette manie de casser le tempo avec un petit break de batterie sournoisement placé au détour d’un riff.

Bloodlust‘ est donc typiquement le genre de premier album dont on attend pas grand chose et qui au final vous met une bonne claque : la technique, le talent de composition, l’émotion, tout est là. Si vous aimez autant la violence pure du death US que les mélodies scandinaves épiques à souhaits, Through The Eyes Of The Dead a fait le mélange pour vous, il ne reste plus qu’à apprécier. Un album à garder précieusement au chaud à côté d’un ‘Hate. Malice. Revenge‘ et d’un ‘Miasma‘.