Karlit & Kabok – MuziK d’Ascenseur Pour Kages d’EsKalier

Karlit & Kabok sont au chômage, et pourtant ils ne sont pas ch’tis. Originaires de Pelussin, dans le 4-2, ces deux bonshommes détruits du cerveau n’ont pas d’argent, puent le vice, sont à la masse comme Jeanne (entendu dans le titre ‘WeekEnd‘), possèdent une 106xd qui avance seulement en présence de vent, apprécient les Heineken®, kiffent les free party’s, bref, de bons représentants de cette France qui aime se lever tard toute la semaine. Mais avec leur conneries musicales, ces branlos de première pourraient briguer à Stupeflip le trône de princes du punk rap français crade, décalé et cynique, si ces derniers (enfin, Kingju) ne se décident pas rapidement à stopper de faire joujou avec MySpace pour sortir un nouvel album. En tout cas, le titre du skeud annonce la couleur : ‘MuziK d’Ascenceur Pour Kages d’EsKalier‘… Qu’est-ce qu’ils sont cons… Mais qu’est-ce que c’est bon.

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas autant rigolé à l’écoute de lyrics. Depuis des certains Svinkels d’ailleurs, pas si éloignés de nos hommes en question. Véritable partouze textuelle, les paroles de Karlit & Kabok sont jouissives à souhait, mixant humour décapant, flow agressif, palabres puériles et interventions trashs (‘Ouais c’est ma femme, faut pas qu’elle rate Plus Belle la Vie sinon elle va pourrir la mienne‘ – ‘CéMaFam‘ ; ‘Il se balandait en bande, comme les Smarties‘ / ‘Toujours en dessus des taux d’alcool autorisés, mais toujours en dessous du seuil de propreté‘ – ‘Korky‘ ; ‘J’ai pas d’sous, j’ai l’compte en banque qui pisse le sang‘ – ‘J’aiPasD’Sous‘ ; ‘Tiffany c’est un bon parti, elle bosse en intérim chez Darty‘ – ‘Party‘). Les mecs attaquent tout ce qui bouge, des teufeurs amorphes aux flics moustachus (la caricaturale et pourtant si vraie ‘LaMoustafette‘), en passant par leur copines pètes-burnes, mais aussi par la société, parce qu’au fond, elle est vraiment trop pourrie. Ils savent aussi se faire attentionnés, aptes au partages, en proposant un gros ‘GengBeng‘ à tous ceux qui s’emmerdent. Merci les gars, j’vous contacte incessamment sous peu. Vous l’aurez donc compris, niveau textes, ça vole bas, mais c’est énorme.

Niveau sonore, c’est extrêmement cheap, saturé et électronique. Quelques riffs de gratte par-ci par-là, mais pas trop. Les boîtes à rythme, les boucles et les claviers ont tout d’une production d’electro-pop mainstream biélorusse, et s’approprient quelques thèmes musicaux bien connus, comme celui de Mario Bros. sur ‘J’aiPasD’Sous‘. Ingénieux. Certes, les instrus sont aisément faisables par n’importe quel abruti qui touche de temps en temps à des logiciels comme Audacity ou Hydrogen, mais c’est ultra-efficace, et c’est ça qui plaît. Des morceaux comme ‘OnEstPasMarrant‘, et son sample de Benoît Poelvoorde, ont la capacité de faire danser tous les mecs en vrac de France et de Navarre, avec leur ‘décadents’ beats hardcore.

Cinquante minutes hilarantes comme l’émission ‘Le Grand Frère’ sur TF1, frontalement fatales comme un bon cubi de vinasse : voilà le résumé de ce bras d’honneur sonore, magnifiquement et salement interprété par Karlit & Kabok. Espérons qu’ils restent chômeurs et qu’ils continuent à se faire chier, histoire qu’ils nous pondent encore quelques disques de la sorte.