Oups.
On vient de s’asseoir sur un vélo sans selle, les Zutons nous ont fait une sale blague. Auteurs de deux albums pop rafraîchissants et légers, on attendait assez fermement ce troisième album, ‘You can do anything‘, qu’on imaginait comme les précédents : bande-son idéal de l’été. Rien d’inoubliable mais toujours un bon moment. De plus, le groupe de Liverpool s’était rappelé à notre bon souvenir grâce à la gracieuse reprise de « ‘Valerie‘ » par Amy Winehouse. Le premier single envoyé en éclaireur laissait penser qu’on en aurait pour notre pognon (ou nos clicks, tout dépend de la manière d’acquérir les disques). ‘Always right behind you‘ possède ce refrain scandé tout con, cet entrain qui en fait un potentiel tube de l’été, frais comme un cocktail sur la plage.
Et puis l’album arrive et patatra. Oh pas un mauvais disque bien sûr. Un océan de médiocrité dans lequel on peine à trouver quelques bouées de sauvetage. Le deuxième album, ‘Tired of hanging around‘ montrait déjà un groupe moins pétillant mais possédait assez de bonnes chansons pour compenser. Ici, ‘You Can Do Anything‘ n’a pas grand chose à offrir. Le groupe tourne en rond, se renouvelle très peu, pire il régresse. Comment un groupe aussi léger peut-il se prendre au sérieux de la sorte ? Où sont passé les titres Motown du dernier album ? Les balades émouvantes ? Les envolées pop ? Les Zutons se sont enfermés dans la facilité, la répétition (l’album débute sur exactement le même titre que le précédent, les refrains semblent sortir des deux précédents opus) et c’est une franche déception pour un groupe qu’on pensait capable d’aller voir ce qui se passe au delà de leur frontière. A croire que la douane du talent était infranchissable. Le saxo d’Aby semble présent pour décorer, comme si le groupe ne savait que faire de la jeune fille à part un petit tour de chant, loupé, et montrer, à outrance, ses cuisses bronzées dans les clips. Les Zutons offrent un pub-rock un peu boursouflé de grosses guitares (‘Harder and harder‘, ‘Family of leeches‘), de refrains qui sortent de nulle part et ne décollent jamais
Qui est à blâmer ? Le producteur Georges Drakoulias qui n’a semble-t-il pas osé mettre un coup dans les fesses des anglais ? Le guitariste démissionnaire ? On l’ignore mais on en veut terriblement aux Zutons de produire un disque aussi médiocre précisément au moment où, merci Amy, les portes de la gloire semblaient s’ouvrir. Bien sûr, les écoutes répétées offrent quelques satisfactions (‘Dirty Rat‘ , ‘You could make the four walls‘ malgré l’intervention ratée d’Aby, ‘Don’t get caught‘…) mais la plupart du temps on navigue dans un petit cauchemar proche des puants Stereophonics (‘Family of leeches‘).
De manière plus synthétique, on dira que ‘You Can Do Anything‘ sonne comme un album des Zutons, surtout comme ‘Tired of Hanging Around‘, mais en moins bien. Qu’il est étrange d’écouter un disque et ensuite d’avoir en tête les chansons des autres albums. Qu’on est déçu et qu’on boude.
Pour filer la métaphore : on a du mal à s’asseoir.