Couvrefeu ✖︎ Chapiteaux Latcho Drom ✖︎ Corsept

Si l’année dernière, nous étions venus au festival Couvrefeu avec notre casquette de reporter alcoolique, cette année la donne est fort différente : C’est en pur touriste type familial sans alcool que VisualMusic s’est rendu à Corsept. Tellement touriste qu’on a loupé le premier des 3 jours du festival, trop occupés à farnienter sous l’ardent soleil breton. Hop, à la trappe Goran Bregovic et autres Dub Inc.

On se pointe donc comme des fleurs le lendemain où l’on est accueilli par une fanfare zombie trompetant et gueulant les classiques du métal de ces 15 dernières années. De Pantera à SOAD en passant par Slayer, la troupe provoque les premiers pogos de la journée – ils seront peu nombreux en ce samedi – rapidement calmés par la world chaloupée de Lo’jo. Un peu plus tard, une horde de masochistes vient se faire maltraiter par un Didier Super au sommet de son art, plus punks que les punks, mélangeant massacres sonores, improvisations dévastatrices et foutage de gueule avéré. On se souviendra longtemps du final assuré par Carla Bruni-Sarkozy herself.
On fait l’impasse sur Ziggi, on jette une oreille distraite au set des Fils de Teupuh pour se concentrer sur le concert de M.A.P. Les Lillois nous font un vrai show hip hop inspiré des références oldschool du genre, NTM et IAM en tête, le tout sur des instrus oscillant entre musette et son maghrebin. Java ne semble pas bien loin, à la différence notable que les parisiens n’auraient jamais transformé leur concert en désagréable meeting politique pro-palestinien. Déjà que ça a l’air bien chiant à la télé, alors dans un festival…
Uncommonmenfrommars nous fait bien vite oublier ces désagréments. Malgré leurs cheveux grisonnants, les 4 skateurs ont encore une putain de patate. Une heure sans jamais mollir, enchainant sauts de cabris et chorégraphie à la guitar hero. Les classiques font toujours mouche, et les petites nouveautés intercalées ici et là passent bien. Rinoçérose finit la soirée avec un show travaillé mais peu convaincant. « Cubicle » et « Bitch » font toujours plaisir (fais pas cette tête, tu connais forcément) mais la son de discothèque vieillot allié au chant sur bande finit par lasser. Allez, un suppo et au lit.

Dimanche, c’est déjà le dernier jour du festival. Plus glandu que jamais, on loupe Rivari Cha mais pas les locaux de Justin(e). Les Nantais ont assuré un excellent set, mixant leurs compos avec des reprises de groupes hétéroclites (PKRK, Les Sales Majestés, NOFX). Grosse énergie, bon esprit, parfait pour débuter la journée. Babylon Circus arrive sur scène après 5 ans d’absence. Si les nouveaux morceaux du groupe apparaissent au mieux comme indigents, la compagnie gitane a toujours dans ses valises un final explosif qui en laissent plus d’un sur les rotules.
Fort heureusement, The Aggrolites par leur set soporifique et Yann Tiersen dont la prestation étonnante se situe à mi-chemin entre Indochine et Jean-Michel Jarre permettent aux festivaliers de faire un break de 2 bonnes heures. La tension monte quand Puppetmastaz débarque sur le festival pour convertir le public au hip hop marionnette-style. Gros gros son, inventivité et rebondissements : la formule du crew berlinois a littéralement retourné le chapiteau. Sneakerboots !
Charge à High Tone de clore cette 8e édition. Dans la lignée du spectacle époustouflant d’Ez3kiel l’année dernière, les lyonnais façonneurs extrémistes de sonorités mêlent avec brio leur dub original avec des tempos electro dignes des free partys les plus folles. Le public chavire et réserve un triomphe mérité à High Tone. Mission accomplie.

Cette année encore, le festival Couvrefeu a démontré que la qualité de sa programmation et son organisation bon enfant sont le secret de son ambiance unique, où l’ado complètement ché-per s’amuse autant que le jeune couple rangé ou le vieux baroudeur habitué des joutes estivales.

Merci à Anne-Cécile et à l’organisation du festival.