Protomartyr ✖︎ Point éphémère ✖︎ Paris

5 jours après les évènements du 13 novembre, on se demandait à quoi ressemblerait un concert à Paris. Heureusement, quasiment rien n’a changé. Pas d’hommages, ni de drapeaux tricolores dans les parages et à l’inverse de FIDLAR ou des Foo Fighters, tous les groupes prévus ce soir seront bien sur scène.

Shake Shake Bolino est un duo à la sauce bien éprouvée dans les années 2000, autant par les White Stripes, les Black Keys ou nos nordistes de Château Brutal. Une recette réchauffée donc : guitares saturées, chant hurlé, batterie martelée. Efficace le temps de leur demie-heure, on n’y retournera cependant pas forcément.

Ringo Deathstarr est une belle surprise. Pas seulement grâce à sa bassiste sortie de Guitar Hero avec sa frange et son top au-dessus du nombril. Avec un son costaud rappelant le meilleur des premiers Smashing Pumpkins, le bon vieux concept du power trio emo trouve ici un représentant rapidement adopté. Personne n’est à mettre en défaut et on sent que le shoegaze a pris chez un public conquis, même en phase de pleine découverte.

Le groupe se pointe vite une fois 22h passée d’un quart d’heure pour lancer la batterie syncopée de « Cowards Starve« . L’un des premiers morceaux composés pour The Agent Intellect nous assène en quelques secondes les éléments pour être sûr de voir un excellent set. Joe Casey paraît à l’aise derrière ses lunettes de soleil. Seules les fins de morceaux ponctuées par des applaudissements et cris nourris de la foule ont l’air de le gêner ou de le rendre perplexe. Greg à la guitare nous rappelle combien ses riffs sont démoniaques. Acérées dans les titres agressifs, à la Strokes quand c’est léger et surtout toujours rendus à la perfection. Scott le bassiste semble lui sortir d’un groupe de métal et claque son gros son de basse en dodelinant de gauche à droite.

A part des remerciements, aucune communication n’est émise : quand le show est excellent, pas besoin. L’aimant, c’est Joe. L’intensité des albums est là, l’interprétation aussi. Si on s’attendait à l’entendre chanter un peu à côté, il n’en est rien. Il est au contraire déterminé et complètement habité par ses titres. Il se tape, il harangue, prend à parti, crie les yeux au ciel : on n’en a que pour lui.

Le set privilégie grandement le dernier album et tant mieux puisqu’il est incroyable. « Clandestine Time » est l’un des morceaux de bravoure du concert, tout comme « Why Does It Shake? » , déjà la préférée de la fosse. L’ordre de certains morceaux sont respectés, comme l’enchaînement de « The Hermit » et « Clandestine Time » par exemple.

Running gag de la soirée : une demoiselle s’est amusée à slammer 4/5 fois. Pour achever son oeuvre en montant sur scène pour embrasser tout le groupe sur la bouche, membre après membre. Signe aussi d’une fin de soirée arrosée où Joe Casey n’a pas l’air d’être le dernier à s’en être mis dans le gosier.

Le premier rappel obligatoire est rapidement arrivé à nos oreilles avec deux titres. Mais nous en voulions plus. Après des acclamations pendant 2 minutes malgré la musique enclenchée et les lumières rallumées, le groupe ressurgit. Éméché, le chanteur nous annonce un titre en bonus. Le gratteux en veut deux. Après ceux-là, on est « sommés » de les laisser tranquilles. La bouteille de vodka viendra faire un feat, bien lovée dans les bras de Joe pendant son dernier baroud d’honneur.

Groupe lessivé, public comblé, tous bien bourrés, voilà le constat final de cette soirée jouissive et à la hauteur de nos très hautes espérances. Si The Agent Intellect se place en haut de mon classement annuel, la version live y est très proche. Énergie, intensité, rugosité et violence étaient prévues au menu et elles se sont toutes pointées, servies à volonté.

Les gars, c’est quand vous voulez pour la prochaine. Pour l’instant, une tournée mondiale a été annoncé cette semaine avec un passage à Reims et Anvers déjà prévu au mois de février.

Dans les prochains jours, vous pourrez lire notre interview réalisée avant le concert.