Les Vieilles Charrues ✖︎ Vieilles Charrues ✖︎ Carhaix – Plouguer

Les vieilles charrues, paraît-il plus gros festival de France, qui plus est en terre Bretonne, donc enrichi au pâté Henaff, ouvre ces portes du 23 au 25 Juillet 2004. Ca tombe plutôt bien, c’est à une demi heure de chez moi.
Malheureusement, mon emploi du temps de ministre m’empêche de réserver un forfait 3 jours, et c’est à regret que je me vois contraint d’annuler une réunion à Bruxelles, sur l’avenir de la carotte râpée en salade, sujet qui me tient pourtant à cœur, afin d’aller voir dimanche ce qui se passe du côté de Carhaix-Plouguer.

La programmation du week-end est des plus variée, tapant dans tout les styles, des plus petits groupes aux grosses pointures anglaises, voir même américaines, c’est vous dire. Les heureux possesseurs de pass 3 jours auront la chance de voir défiler entre autre Pleymo, Texas (en remplacement de David Bowie, au garage pour cause de cassage de cœur), M, Patti Smith, Alain Bashung, The Streets, Horace Handy, Muse, Starsailor, Kings Of Leon, IAM, Tété, Thomas Fersen… La liste est longue.

C’est donc par ce beau dimanche de fin juillet que je remplie ma musette, enfile ma casquette et mets les gaz, direction la ville susdite. L’affiche de ce jour s’annonce des plus sympathique, avec pour têtes d’affiche Lasha, Kings Of Leon, Thomas Fersen, Muse, Horace Handy, I AM, Freestylers, Buck 65… Ca promet !

Après une bonne demi heure de bus parking site, de queue aux entrées, pourtant gigantesque, je mets enfin les pieds sur le site. Toujours aussi bondé, que dis-je, surpeuplé. Agoraphobe s’abstenir. Mon petit programme m’indique que je suis déjà en retard pour le set de Lhasa, et je m’empresse d’aller me trouver un espace vital minimal pour regarder la chanteuse Espagnole, sur la grande scène, dite Glenmor. Connaissant très peu son répertoire, je ne peux qu’admirer sa voix et sa prestance scénique. Malheureusement je suis vraiment arrivé trop tard, et c’est après seulement deux chansons que le concert se termine. Le public (très très nombreux) semble comblé, et c’est tant mieux.

Je change de scène, direction Kerouac, pour aller voir notre bon vieux Hugues Auffray national. Je ne reste pas longtemps, le chevelu me gonfle rapidement, s’accrochant à faire des hommages aux chanteurs français disparus récemment, à croire qu’il se voit déjà mort l’animal.

Je décide donc de passer à la scène Glenmor, pour le concert suivant, proposé par l’énergumène Thomas Fersen. L’attente est courte, juste le temps au public de reprendre en refrain l’éternel Santiano de Hugues Auffray. Vous savez, ça fait : « c’est un fameux trois mats, quatre cents tonneaux, hissez haut ! « .

Monsieur Fersen débarque, sapé comme un Dandy, pantalon et veste marron crème, petit veston, cravate et chemise limite hawaiienne, la grande classe.
Le concert, un peu mou au début, s’active enfin pour faire une belle part au dernier album, sortit récemment. C’est plus qu’agréable, même si j’ai une vague impression que Fersen se rapproche de morceaux plus populaires et accessibles, écartant de son setlist les morceaux légers et guillerets qui faisaient ses premiers albums.

Mais l’animal est plus que vivant sur scène, tirant des gueules nonchalantes à la Gainsbourg, arrachant ses frusques dans un strip-tease chaotique. On le sent bien dans ces divers costumes, et ça le fait bien marrer.
Le concert se termine après un unique rappel, groupes suivants oblige.

Je prends cinq minutes de pause avant d’aller me prendre une place de premier choix sur la scène Kerouac, pour assister à mon petit plaisir du jour, les rois du Léon, hum pardon, The Kings Of Leon. Déjà bien mis en bouche à l’écoute de leur premier album plus que prometteur (certains vont jusqu’à les qualifier groupe rock de la décennie, oui madame), je trépigne d’impatience en attendant les frangins/cousins du Tennessee (merci Word pour la correction de Ténéscie). En guise de musique d’attente, IAM termine son set après de nombreux rappels sur la grande scène. Je suis d’un œil distrait leur performance, diffusé sur les écrans géants du site. Les « vieux » rappeurs français ont le mérite de faire un rap honnête en évitant plutôt bien les extravagances et autres effets de style parfois un peu lourds du hip hop.
Surfant sur la vague revival rock, les Kings sortent de leur fin fond de campagne américaine pour nous balancer un rock-country-bluesy en béton, aux rythmes simples, carrés, mais ô combien efficace. La voix du jeune chanteur est parfaite, un rien lancinante et cassée, renforcée par un accent campagne du plus bel effet.

Le public est en folie, et pauvre de moi, au milieu de la fosse comme un con, je galère pour éviter les slammeurs et j’arrive difficilement à prendre quelques photos, risquant la mort de mon petit appareil à plusieurs reprises. Un vieux rocker, la cinquantaine, me regarde, et me fait : « tu connaîs les Stooges ? ». Ouais que je réponds. Il me montre du doigt la bande de néo-rockeurs sur la scène et me fait : « ben c’est pareil », avec un grand sourire. Heureux le gars du revival. Ressortez les bananes SVP.

Je quitte rapidement la scène Kerouac pour me rendre exactement à l’opposé, sur la grande scène Glenmor. Il est environ 22 heures, et ce soir c’est Muse qui vient clôturer la cuvée 2004 des vieilles charrues. C’est déjà bien trop tard pour espérer trouver une place décente pour suivre le concert, les fans remplissant la moitié du site depuis plusieurs heures. Je me faufile à travers cette masse humaine, et m’arrête à mi-chemin, faute de mieux. On ne fera pas de bonnes photos ce soir, tant pis. J’ai cinq minutes pour faire un tour d’horizon, et on ne peut pas dire que les petits gars de Muse voyagent léger. La scène est gavée d’amplis, d’instruments et autres décors.

Nous y voila, Le concert débute. Muse nous fait du Muse. C’est gros, puissant, impressionnant. Bellamy parcourt la scène de long en large avec sa guitare, balançant des sons venus d’une autre planète. Ils sont fort ces gars là. On se demande parfois quel instrument fait quoi.

Il y a une chose frappante chez Muse, c’est qu’on a un peu l’impression qu’ils en font un maximum pour plaire à tous. Ils ont de gros riffs guitare / basse pour le hardos des 90’s, un jeu de scène plus que travaillé, mais aussi des morceaux correspondant plus à la vague rock moderne lancé il y a quelques années par un autre groupe anglais. Vous savez, une bande venue d’Oxford, qui défraya la chronique et les foules avec des albums relativement révolutionnaires répondant au nom de « Kid A » et « Amnesiac« , remportant un grand succès. Certains appelleraient ça de l’opportunisme. Le concert continue, la foule est en délire, la fosse en feu. Il est tant pour moi d’aller voir ce qui se passe du coté de la scène Xavier Grall.

C’est le Canadien Buck 65 est son Hip Hop « ambiant » qui est attendu sur la scène électro. L’homme à la critique flatteuse, souvent comparé a un mélange de Beck / DJ Shadow, fait un Hip Hop un brin hype, mélangeant des rythmes blues / folk a un phrasé hip hop plutôt calme. Buck 65 est tout seul sur scène, avec à coté de lui une double platine, et un mini disc. Il lance simplement un fond sur son MD, rappe son texte, et s’arrête pour scratcher sur les platines. Le set est superbe. C’est dommage, on est dimanche, il est tard, les gens sont crevés des 3 jours de folie, et la scène est moyennement remplie. Il aurait mérité mieux l’ami Buck. Terriblement à l’aise sur scène, parlant un peu de français entre les morceaux, Buck se la joue ironiquement exhibitionniste, roulant son tee-shirt, fier de ses abdominaux. Le concert se termine, sans rappel pour cause de foule endormie, et Buck, visiblement déçut d’être relégué en fin de programmation, quitte la scène. Il méritait bien mieux l’artiste !

Voila, les vieilles charrues 2004 s’arrêtent ici pour moi. Je n’aurais fais qu’un tiers du parcours, mais celui la m’a plu ! La programmation, variée et de qualité, a encore une fois fait venir du beau monde. Vivement l’année prochaine.