Toy Dolls ✖︎ Undertown ✖︎ Meyrin (Suisse)

La soirée se commence par un trajet en musique comme il se doit jusqu’à Meyrin que je ne connaissais pas du tout, et que finalement, j’aurais préféré ne pas connaître : on s’est tellement paumés dans cette charmante banlieue-dortoir de Genève que je pourrais en dresser un plan de tête assez précis, les chats qui y rôdent compris.

On arrive finalement à ce lieu dit de l’Undertown, bizarrement incrusté au sous-sol de ce qui ressemble à un centre commercial… Grosse frayeur à l’entrée quand le fatidique « complet » est affiché en gros sur la porte et que le responsable à l’entrée met quelques secondes pour se rappeler de sa promesse d’accréditations-réservations par email… Tout va bien, on est dedans. C’est pas grand, et franchement étrange comme configuration : visiblement l’endroit est prévu plus pour les matchs d’improvisation que pour des concerts de punk rock, mais quoi qu’il en soit ça fera bien l’affaire.

Du retard, beaucoup de monde, sold out oblige. On essaye timidement de se faire emmener en backstage par le responsable alors que les Vaches Laitières viennent de commencer, mais la réponse est claire: « Après le show, là, ça roupille ». Alors je me risque au bar pour un rafraîchissement, et le timing me décide à ne pas réitérer l’expérience plus tard, vu la taille et le nombre de serveurs… Pas venu pour faire la queue pour des boissons.

Hateful Monday ! Une poignée de main avant, au stand de merch’ nous a rassuré sur notre sort: Les groupes locaux ne nous oublient pas en 6 mois, et ça fait plaisir ! Les voilà qui nous déclinent une nouvelle fois leur « Take a Breath » sur scène, toujours avec la même énergie et la même motivation… Motivation qui malheureusement pour eux s’arrêtera aux limites strictes de la scène, le public n’ayant visiblement pas la moindre envie de remuer un sourcil pour un groupe pourtant local, et pourtant vraiment méritant… On a essayé tant bien que mal de montrer que ça nous plaisait, nous et des gamins de 9-12 ans (!), mais rien à faire…

Dommage, parce que c’était la quatrième fois en trois ans que je voyais cette formation genevoise, et j’en parlerai toujours comme LE fer de lance du punkrock suisse-romand actuel, j’adore vraiment leurs compos et leurs mélodies… Un régal ! Et franchement merde, même si c’est un groupe mythique et « authentique » qui est en tête d’affiche, c’est pas interdit de montrer un minimum de soutient et d’enthousiasme à un groupe local qui le mérite bien… « Support your local scene » qu’ils disaient ! Bon, fin du coup de gueule.

Toy Dolls donc. Ca a commencé d’une manière assez heu… Métaphorique. Je m’explique: ils ont (on l’apprendra plus tard), une roadie-manager-multitâches à crête verte surmotivée qui a préparé TOUT le plateau à elle toute seule, d’une manière tellement méticuleuse et millimétrée que c’était vraiment une sorte de show avant le show. On se presse devant, derrière nous il y a tout: Des skins, des vrais, des moins vrais, des vieux de la vieille, des jeunes, des curieux, et des purs et durs qui étaient déjà là à l’époque Dig that groove. On me fait même une remarque sur mes boules quiès: « arrête de faire ta tapette », à laquelle je réponds que je tiens à poursuivre ma carrière de pogoteur bien après mes 25 ans, et ce à quoi on me rétorque « j’men fous à cet âge là je serai mort ». Punk’s not dead, vraiment pas. Et puis voilà, ils arrivent et ils se mettent à jouer. Je me prends des clous dans le dos, des docks dans la tronche et des crêtes dans le pif. Mais Olga (Sieur Michael Algar, unique restant du line-up originel de… 79!) est là, juste devant moi et il se met à m’expliquer en large et en travers de telecaster comment il arrive à assumer les 1000 parties guitares des albums tout seul comme un grand sur scène. C’est tout bonnement hallucinant. Un look qui ne vieillit pas plus que le bonhomme, le guitariste-chanteur à la voix si caractéristique va sur ses 46 ans, et son expérience s’en ressent. C’est sans surprise, c’est génial, c’est drôle et violent, c’est rapide et précis et ça te laisse un bon goût de reviens-y à la fin de chaque chanson. Le bassiste Tom Goober n’est pas en reste, la virtuosité qu’il exerce également en dehors des Dolls avec son groupe Goober Patrol (« oh, another traditional old english pub !! » pour ceux qui voient ce que je veux dire) se marie à merveille avec le jeu mélodique et époustouflant d’Olga.

Un show est un show, et le show, ils le font : déguisements en tout genre, interludes comiques, moult rappels avec à chaque foi une particularité propre (vas-y que je reviens sur scène sur les épaules du bassiste, ou mieux, en me faisant porter par les pieds tout en jouant à 200 km/h, déguisé en diable ou en éléphant), le tout pour un set métissé ne laissant aucun classique en reste d’une bonne heure et demie. Des origines jusqu’aux dernières productions du groupe, le concert sera ponctué, à l’image des albums, d’interludes purement musicaux tels que la Toccata, Eine kleine nacht musik ou autre Danse du Sabre…

On notera encore la manière de chanter très… hydraulique de Olga (changement de micro obligé à mi-set et une bonne douche pour le premier rang), une première baston slammeur-contre-sécu à la deuxième chanson et la chute molle sur scène d’un punk défoncé à mort au milieu du show… Quand je vous disais… Punk’s not dead 🙂

Un petit Nellie the Elephant plus tard, et voilà nos 3 Dolls qui quittent définitivement la scène pour laisser un Final Countdown tonitruant qui videra la salle assez rapidement.
Dommage d’ailleurs pour ceux qui ont foutu le camp droit après, car nos protagonistes vont revenir sur scène pour descendre discutailler avec des gens du public un petit quart d’heure après, « otherwise people think we’re fuckin pop stars », nous expliquera Olga, trente minutes plus tard en backstage autour de notre micro… La tournée s’appelle « Toy Dolls, our last tour ? » Et j’espère très sincèrement que la réponse s’avérera négative pour que tous les amateurs du genre qui ne les auraient pas encore vu sur scène puissent en profiter encore et encore…