Interview ☭ Sport

C’est fou comme le fait de déménager change les perspectives. Après Seila Chiara, 12xU et Baton Rouge, notre punk parisien [team]Hilikkus[/team], exilé depuis quelques temps au pays de la quenelle, n’en finit pas de dégotter des groupes Lyonnais méchamment talentueux.
Quand les autochtones essaient d’oublier la splendeur perdue de l’OL et de leur dieu Jean Michel Aulas, ils se mettent à parler de Sport, le seul groupe à porter haut les valeurs de l’Olympisme avec leurs titres évocateurs, mélodiques et vivifiants. Rencontre avec quatre garçons qui ont pourtant plus l’air de sortir d’une fac d’histoire de l’art que du centre d’entrainement de Tola Vologe.

Pour commencer, une petite présentation ?
Nico (chant/guitare): On s’appelle Sport, on vient de Lyon, et on joue depuis 3 ans. On a sorti une démo sur K7 il y a 2 ans et un album vinyl en 2012. Il devrait sortir aussi en K7 dans l’année.

Qu’est-ce que qui vous a motivé sur ce projet à la base ?
Nico: A part Alexis qui est un peu plus jeune que nous, on a tous la trentaine, et on trouve un truc frais à jouer, quelque chose de nouveau.
Nak (basse): Ce n’est pas la musique qu’on écoutait quand on avait quinze ans mais clairement on a le même enthousiasme que quand on avait cet âge-là. Avec Flo on a monté un label pour sortir nos disques.
Flo (guitare): Ce que j’apprécie vraiment, c’est qu’on est tous impliqué. Je n’ai connu que groupes où il y avait une ou deux locomotives qui trainaient les autres, alors que là on essaye de faire les choses ensemble, chacun s’investit dans un domaine. Être dans un groupe, ce n’est pas seulement venir aux répètes et jouer les morceaux.
Nico: Il y a le pressage de disques, le booking des tournées, les enregistrements… on se répartit les tâches.
Flo: Ça fait avancer. Tu te fatigues vite quand tu prends tout sur tes épaules.

Je vois qu’il y a un nouveau batteur par rapport à la première fois où je vous ai vu en concert. Vous avez oublié l’ancien sur une aire d’autoroute ?
Flo: On ne s’en est pas vraiment débarrassé puisqu’il continue à écrire tous les morceaux ! Non, ça s’est fait d’un commun accord.
Nak: Ça ne l’amusait plus de jouer avec nous.
Nico: Il fonctionne vachement à l’instinct. C’est aussi sa vision des choses qui fait ce que le groupe est maintenant. Mais il n’était plus aussi assidu aux répètes et ça a fini par clasher. On a pris Alexis, qui a une vision qui nous convient mieux.
Alexis (batterie): Je connaissais le groupe avant de le rejoindre, je l’avais vu en concert, ils venaient de sortir la démo. En plus je viens du même bled que deux autres membres du groupe.

Quand vous dites avancer, c’est que vous avez une ambition particulière ?
Nico: La notoriété, les signatures avec les labels, ce n’est pas ce qui nous motive. Ce qu’on veut c’est sortir de nouveaux trucs.
Flo: Si tu viens toutes les semaines dans ton local pour taper le jam et répéter le même set, au bout d’un moment la flamme s’éteint.
Nico: Là par exemple on a un projet de split. On a eu une proposition d’un autre groupe mais ça risque de ne pas se faire, on réfléchit à chercher un autre groupe ou à sortir l’EP nous-même. Ce qu’on recherche, c’est l’excitation. Après l’enregistrement de l’album cet été, on a eu tendance à glandouiller, en répétant peu et tournant le set quinze mille fois. Là on a essayé de faire de nouveaux morceaux rapidement, de les enregistrer vite pour passer à autre chose.

Quelles sont les références musicales au sein du groupe ?
Flo: On a commencé Vincent (ndr: l’ancien batteur) et moi et on voulait jouer des trucs comme Latterman, RVIVR. Dans les premières répètes, on s’orientait un peu post rock, avec du delay à la guitare.
Nico: On est un peu tiraillé parce qu’à des moments on voulait tenter des choses presque screamo à la Piano Becomes The Teeth mais ça n’est pas ressorti comme ça. Caravel et Algernon Cadwallader ont mis tout le monde d’accord, aussi.

Les supports K7, Vinyls vous parlent plus que les MP3 et le CD ?
Nico: On fait partie d’une génération attachée au support physique, du coup on a diffusé les disques sur Bandcamp et on a préféré faire de beaux objet de collection (K7, Vinyl) plutôt que faire des CD.
Flo: Pour l’album, on a d’abord mis nos titres en ventes sur Internet. Les gens qui les ont achetés nous ont permis de financer la production des vinyls. Cela nous parait inconcevable de sortir quelque chose sans support physique.
Nak: Le MP3, c’est un support de découverte. Vraiment, l’objet est ce qui permet de plus s’attacher à la musique.

Comment est venu l’idée de nommer les morceaux comme des olympiades modernes ?
Nico: Quand on est revenu de l’enregistrement de la démo, on n’avait pas de titres pour nos morceaux. C’est à ce moment-là qu’on a eu cette idée qui donne un coté noble.
Flo: au début on s’est demandé si on n’allait pas prendre des noms d’athlètes, comme Marie-Josée Pérec ou Ato Boldon mais on est vite tombé d’accord sur les jeux olympiques, son imagerie, le coté carte postale de mettre un lieu et une date à côté.

Dernière choses, vous avez d’autres projets à coté ?
Nak: J’ai un projet solo, Zero Absolu, avec lequel j’ai fait 100 dates en 2012. J’ai fait le choix de ne pas avoir un métier fixe pour faire le plus de concert possible. Flo et Alex font des études, Nico est instit.
Nico: J’ai joué dans No Guts No Glory jusqu’à il y a peu. Mais maintenant je suis concentré sur Sport.

Merci aux membres de Sport pour leur disponibilité.