Interview ☭ King Gizzard & The Lizard Wizard

Dans un climat caniculaire, les excellents King Gizzard & The Lizard Wizard atterrissent à la Machine du Moulin Rouge dans le cadre du Paris Psych Fest. Un concert mémorable nous attend après cet agréable moment passé avec Stu, tête pensante et compositeur/songwriter du groupe.

Première question : vous venez d’où avant ce concert ?
On a joué à Anvers hier soir, Roskilde avant. Beaucoup de kilomètres en bagnole mais c’est génial pour l’instant.

J’ai vu des retours sur votre perf’ à Glastonbury. Ils disaient tous que vous avez sorti le meilleur concert du week-end. J’attend beaucoup le concert de ce soir, je suis un grand fan d’I’m In Your Mind Fuzz. Maintenant que les compliments sont dits, allons-y ! Drôle d’exercice de composer 4 morceaux de durée égale sur Quarters. D’où vous est venu l’idée ?
On venait de finir I’m In Your Mind Fuzz qui a été assez intense et long à créer, très répété et réfléchi. Quarters, c’est la continuité de celui-ci. On l’a fini et on a choisi le même studio et le même set-up. C’est à la fois la partie 2 et l’opposé. Pour Quarters, je voulais qu’il soit plus simple. C’est peut-être paresseux mais après avoir autant exploré sur le précédent, je voulais plus être dans une logique de jamming. Toutes les chansons de Quarters sont très simples, assez faciles à exploiter sur une forme de 10 minutes avec pour but de rester intéressants et captivants. Mais les titres commencent tous par moi jouant de la guitare avec une loop pedal.

On a eu 4 jours off à Brooklyn et on a pris 3 jours à répéter et le dernier pour enregistrer. Les autres ne connaissaient pas les morceaux donc c’était à l’arrache. Je voulais cet état d’esprit là donc je les ai briefés en leur montrant les couplets, les refrains et après, c’était open : fais-toi plaisir, fais le foufou ! Aussi, je ne voulais pas que l’album soit heavy, je voulais que ce soit un bel album.

IIYOMF est assez opposé en effet parce qu’on distingue 2 moments : le début très rythmé et la deuxième moitié plus slow.
Je voulais que Quarters soit la continuité, qu’on puisse les jouer d’affilée et qu’on y retrouve un lien.

C’est quoi le délire avec les 10 minutes 10 secondes ?
40 minutes, c’est le bon format pour les vinyles. Au départ, c’était 10 minutes. Et ensuite, on s’est dits qu’on pouvait ajouter 10 secondes et que c’était bénéfique pour certaines pour apporter de la respiration.

Visiblement, cela n’a pas ralenti votre cadence. Avec quasiment un album tous les 6 mois, comment faîtes-vous pour tenir ce rythme ?
Quarters était facile : on l’a fait 4 jours. Après, j’ai pris plus de temps pour écrire, en parler avec les autres. On en discute dans le van, on se dit que ça va être comme ça et après les autres attendent que j’ai composé le gros du truc. Je ne pense pas qu’on soit calés sur un album tous les 6 mois mais je ne suis pas trop pour prendre trop de temps pour sortir un album. Beaucoup de groupes passent 18 mois, avec également énormément de temps consacré à la presse. Le temps que le CD sorte, tu peux avoir envie de passer à autre chose. J’en ai pas envie. Je veux que ce soit frais, neuf. On fait tout nous même : de la prod aux artworks réalisés par Jason Galea qui nous accompagne aussi en tournée. C’est sûrement plus facile pour nous de sortir un album de cette manière, comparativement à d’autres process.

Ce qui est drôle parce que vous êtes quand même 7 !
Oui mais parfois ça facilite les choses. Les deux derniers albums ont été réalisés à 7 mais les autres et le suivant seront faits en fonction des besoins de chaque chanson. En réalité, c’est aussi plus pratique car plus il y a de personnes, plus il y a d’idées et d’énergie !

La scène australienne perce de plus en plus chaque année. Ca a commencé massivement par Tame Impala mais maintenant on ne compte plus vos compatriotes : JagwarMa, John Steel Singers, DZ Deathrays, Violent Sohos… Est ce qu’entre groupes chez vous ça devient un sujet de discussion cette ruée vers l’Europe ou c’est juste naturel que vous soyez amener à voyager puisque vous êtes littéralement à l’autre bout du monde ?
On habite tous en Australie, dans les groupes que tu as cité je crois. On n’a pas pour obligation de déménager pour vivre de notre musique. Mais c’est vrai qu’il est dur d’en vivre si tu te limites à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Même si tu fais de la musique mainstream. Pour notre genre, on est « obligés » de sortir pour aller plus loin car il n’y a pas assez de personnes écoutant notre musique là-bas. En plus, c’est fun ! C’est génial de voyager et de jouer de la musique pour des gens de partout dans le monde.

Quel conseil vous donneriez aux groupes en Australie ? (en réalité, ce n’était pas cette question que je posais mais le temps est compté et nous n’avons pas trop le temps de régler le malentendu)
Je ne donnerais pas de conseils en particulier pour tourner en Europe. C’est très différent mais on a toujours eu de super retours. vous êtes très hospitaliers, ouverts et très intéressés par la musique en général.

Je me suis rendu compte par hasard que le premier quart d’heure d’I’m In Your Mind Fuzz fonctionnait très bien pour courir. Je me suis même retrouvé à péter des scores. Pour vous, quelle est la meilleure chose qu’on peut faire en écoutant votre musique ? Ou qu’est-ce que tu fais toi la plupart du temps en écoutant de la musique ?
Comme ils veulent en réalité : au casque, au lit, en courant, en faisant la fête. Ce qui est sûr, c’est que ça fonctionne avec ton humeur. Toutes les chansons ne collent pas à toutes les activités, non plus. Question difficile : tout ce que tu veux tant que ça te fait plaisir ! (rires)

Avec les DZ Deathrays, on a beaucoup échangé autour de leur amour pour la french touch, genre totalement éloigné de leur style musical. Et vous, c’est quoi votre botte secrète ?
Je peux vite être devenir obsédé par des trucs bizarres. Ce que l’on ne peut pas trop deviner, c’est que je suis un gros fan de Tool, des premiers disques de Metallica, de Slayer, beaucoup de metal en fait. Pas le métal « moderne ». King Crimson, j’adore. Megadeth aussi !

C’est vrai votre amour pour le Vegemite ou c’est juste pour vanner le reste de la terre qui ne peut pas blairer cette invention du démon ?
J’adore le Vegemite. Je pense par contre que c’est un truc que tu peux détester si tu ne viens pas d’Australie. A contrario, si t’es Australien et que tu n’aimes pas, je pense que tu n’es pas vraiment du pays.

La dernière fois qu’on a tourné, j’en ai pris un au format dentifrice mais là j’en ai pas pris. Si t’es pas élevé avec, c’est clair que c’est peut-être trop fort. Par contre, faut l’étaler et pas en mettre une tonne. Surtout sur un toast. Si tu le manges avec des oignons frits sur une tartine, c’est délicieux. Avec de l’avocat, des amandes ou de la tomate, ça défonce.

NE LE CROIS-PAS CHER LECTEUR, LE VEGEMITE C’EST DEGUEULASSE. Même Trent le dit sur son Instagram : http://instagram.com/p/lbLFdhzPSi/?taken-by=treznor !

Je n’ai jamais croisé un australien qui ne trouve pas ça dégueulasse. Donc tu l’aimes aussi, cette chanson n’était pas ironique. Quelle est l’anecdote la plus drôle qui vous ait arrivé en tournée ou la dernière chose qui vous ait fait marrer ?
Les 3 derniers jours ont été vraiment chauds. J’ai entendu dire que c’était un record. Notre van n’a pas de clim, on est 9 dedans et on conduit 8 à 9 heures par jour. Sur l’autoroute allemande, on était à 150 sur l’autoroute, les fenêtres ouvertes épaules contre épaules. T’as ce vent de dingue qui te crache à la gueule, c’est à la fois très drôle et horrible et tu t’arrêtes à toutes les stations pour prendre une glace.

On est pris par le temps donc dernière question : puisque vous êtes inarrêtable, avez vous déjà des pistes pour le prochain album ou une idée de l’orientation qu’il prendra ?
Après le précédent et le dernier, je les ai trouvé très conceptuels avec des morceaux longs et réfléchis. Cette fois, j’ai le sentiment de devoir sortir un truc épique. Et je n’aime pas ça. Ce sera donc des chansons courtes sans guitares électriques, sans claviers. Pianos, guitares acoustiques, clarinette et c’est parti ! Ce sera différent, folk mais speed. Normalement, on le sortira à la fin d’année. C’est bientôt fini d’ailleurs et enregistré en majeure partie avant cette tournée.

C’est qu’il est sûr de lui, le Stu. Après nous avoir déboité la gueule sévèrement lors de son show avec ses petits potes, il est reparti à l’attaque de l’Europe. On attend la suite avec impatience au vu d’une telle prestation.