Interview ☭ StraightAway

C’est sur les quais de Paris non loin du Louvre que nous avons rencontré pour vous, Saul et lotfi de StraightAway,dans une ambiance de fanfare (bah ouais un défilé est passé sur un pont pas loin), de péniche (NDA : bah ouais y en a une qui passait toutes les 2 minutes en faisant un bruit pas possible), mélé aux bruit des voitures (NDA :bah ouais on était placé pas loin de la route) quelques temps après qu’ils aient assuré la première partie de No For A Name et Big Wig (NDR: bah ouais, toutes ces parenthèses pour ça…).

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous pouvez faire un résumé de votre parcours? ça commence quand? où? Pourquoi?
Lotfi : On a commencé il y a quatre ans, en septembre 1999. Digo (batterie) et Saul (guitare) se connaissaient déjà: il faisait de la musique ensemble. Ils voulaient monter un groupe de hardcore mélodique sérieux. J’ai par la suite rencontré Saul puis Digo, ça a tout de suite collé. On a cherché un bassiste dans la foulée et Matt est arrivé dans le groupe très rapidement après. Straightaway était né. On a joué avec ce line-up pendant 2 ans, jusqu’en décembre 2001. A cette période Matt est parti pour poursuivre ses études en Australie. Puis sont arrivés les galères de line-up, puisqu’il nous afallu près d’un an pour retrouver un bassiste. Si est arrivé dans le groupe en Novembre 2002. Il est d’origine anglaise, il venait d’arriver à Paris et on a eu la chance de le rencontrer. Au niveau discographique, on a rien sorti encore, et c’est plusplus par choix qu’autre chose. On préfère vraiment être prêt et sortir un disque abouti plutôt que de sortir des démos ou un EP dont on ne serait pas satisfait… Depuis un certain temps, on est vraiment content des nouveaux morceaux, ils correspondent à l’idée qu’on se faisait de la musique qu’on souhaitait faire. On prévoit de sortir soit un EP soit un album. On y réfléchit encore.

Vous êtes quand même sur une compil je crois?
Lotfi : Oui, c’est une compilation qui s’appele «  »Things Could Be Worse«  » sur un label canadien FREEDUMB records. C’est un double cd avec 48 groupes dont certaines grosses pointures comme Pulley, Satanic Surfers, Ten Foot Pole, Lucky 7, Cigar, Venerea et pas mal d’autres groupes américains et canadiens en général sans oublier quelques groupes européens : suisse, espagnol, anglais, etc…

Ca à l’air de bien marcher pour vous au Canada ?
Lotfi : (rires) Nan pas vraiment, on essaie de se faire connaître le plus possible, le bouche à oreille fonctionne bien également. Un peu comme partout, on se fait connaître par internet etc. C’est difficile de se faire connaître sans support, sans label. Mais c’est vrai que par internet on a des bons retours, et la compilation va nous aider au Canada, car il y a eu pas mal de promo. Maintenant on n’a pas vu les retours vraiment directs. On ira faire une tourné là-bas puisque on a des contacts notamment avec le label qui a sorti la compilation. On avait prévu de faire une tournée de trois semaine, malheureseument à chaque fois on a du la repousser, parce qu’on a eu des problèmes de bassiste etc. Maintenant notre bassiste vit en Angleterre puisque à la base il est anglais. Il était à Paris pour un an, pour ces études, il est reparti à Londres pour sa dernière année de fac. Mais je pense qu’en 2004 on ira enfin la faire. On est pressé d’y aller en tout cas parce que la scène et le public canadiens ont vraiment la réputation d’être incroyables.

Avoir un membre à l’étranger, ca ne doit vraiment pas être évident ?
Lotfi : Non, mais on s’y est très vite fait parce que l’expérience de ne pas avoir de bassiste pendant 10 mois nous a appris à jouer en trio, à composer à trois, tout en imaginant la basse. Là on répète sans lui, il ne revient que pour les concerts, ou pour faire un enregistrement. Maintenant on s’y est fait. C’est pas une situation qui est plus gênante que ça même si les inconvénients ne sont pas des moindres. On est déjà content d’avoir aujourd’hui un bassiste (rires). Et si on a décidé de continuer avec Si, c’est parce qu’il a décidé de pas quitter le groupe, et parce que pour nous c’est vraiment le bassiste qui correspond a ce que l’on veut faire au sein de Straightaway. Il a vraiment un super niveau technique, humainement ça se passe super bien, donc on ne voulait pas arrêter l’aventure comme ca. Surtout après les 10 mois de galère qu’on avaient passé après avoir trouvé ce bassiste, on voulaient pas y retourner (rires). Quoiqu’il en soit on n’avait pas de raison d’aller chercher un autre bassiste sachant qu’on a trouvé celui que nous recherchions depuis longtemps.

Vous continuez vos études, et vous partez en tournée à l’étranger : Pas trop dur à gérer ?
Lotfi : Ca dépend, dans mon cas, j’avais arrêté mes études pendant deux ans. J’ai créé une société. Là je viens de reprendre mes études.

Saul vient de les finir

Digo : idem, et Si les terminent. Pour nous l’objectif c’est de faire de la musique à plein temps mais on en fait pas suffisament à plein temps actuellement pour en vivre, et pour mettre tout le reste en stand-by.
Saul : En fait, en ce moment c’est un peu b,tard parce que d’un côté on répète beaucoup, et donc de l’autre cela ne nous permet de travailler. Donc même des mi-temps ça n’est pas facile à assumer ce qui fait que je suis toujours chez ma mère pour l’instant, et c’est un peu le cas de tout le monde, on peut pas prendre notre indépendance, et ce sont les sacrifices que l’ont fait pour l’instant, parce que on y croit, et qu’on a envie que ca marche : donc on fera tout pour. Et le premier sacrifice c’est de sacrifier tout son temps et de consacrer toute son énergie à ca.

Vous avez assuré pas mal de premières parties de groupes connus, c’est pas trop dur à gérer ?
Lofti : J’ai pas mal d’expérience dans le milieu de la musique, et je sais comment fonctionne l’industrie du disque. J’ai vu beaucoup de groupes galérer en france, même à l’étranger. J’ai toujours dit qu’il ne suffit pas d’être artiste pour réussir, à moins d’être entouré des bonnes personnes, de managers etc… et il faut les trouver. Je trouve qu’a notre niveau, c’est ridicule d’avoir tout cet arsenal pour l’instant. Il y a des priorités à avoir, sur les concerts je m’investis beaucoup, et j’essaie de faire en sorte que l’on gèrent de bonnes 1ères parties. Quand tu commences c’est super motivant de faire des concerts avec des groupes que tu as écoutés et qui ont vraiment eu une influence. Un des premiers groupes avec lequel on a joué, c’était les Satanic surfers. Pour nous c’est vraiment une des plus grosse influences. Surtout pour Saul, nan pour tout le groupe à vrai dire (rires). Ca nous a vraiment motivé, c’était déjà l’aboutissement d’une part de rêve, partager la scène avec un groupe qu’on a tous écouté pendant. Et récemment on a eu des commentaires super encouragents de groupes avec lesquels on a joué. Forcément, ca donne un « gros coup de booste » quand tu retournes dans ta salle de répètition pour faire des morceaux et pour préparer tes concerts. C’est super important parce que tu peut passer ta vie à faire des petits concerts, et au bout de cinq ans tu te rends compte que tu touches toujours personnes, et que tu es inconnu au bataillon. Il y a trop de groupes francais qui sont dans ce cas là. Même si ce sont des groupes qui ont un « nom » et qui ont fait des supers disques. Par exemple en France avec Seven Hate qui font leurs tournés d’adieu, et qui vont splitter (NDR: l’interview date du 22 novembre 2003, le temps pour Seven Hate de faire un second concert d’adieu à Poitier…).. Après dix ans de carrière ils constatent qu’ils vendent 4000 disques je trouve ça consternant. C’est pour ca que très tôt on a commencé à mettre le cap sur l’étranger. En France c’est très difficile de se faire connaître parce que la France est un pays très conservateur, il faut que tu es sorti ton disque avec un distributeur, un label etc pour accéder au réseau institutionnel. Les salles institutionnels coûte super chères. C’est la raison pour laquelle si tu dois faire des concerts, c’est dans des trucs un peu à l’arrache. On n’a pas de système de MJC performants comme en Angleterre, en Belgique ou en Hollande. On n’a pas trop ce système en France et pourtant ca fonctionne très bien. Ca coûte très cher d’organiser un concert donc pour un petit groupe, tu es voué à faire des concerts à droite, à gauche quand tu peux en trouver, et souvent dans de mauvaises conditions devant peu de monde. C’est vrai qu’à ce niveau là, la structure en France est complètement déficitaire. Il faudrait plus de lieux pour jouer. Tu vas en Belgique c’est incroyable, des groupes locaux là-bas font des concerts tous les week end devant 200, 300 voir 400 personnes alors qu’il ne s’agit que de groupes locaux souvent très jeune. C’est une scène qui bouge grave, parce que ils ont des moyens pour faire des concerts « underground », et ici on ne les a pas et ça ne permet pas à la culture punk de s’implanter aussi.

Saul : Par rapport à ca, on a eu de la chance par les contacts de Lotfi, et par les bons hazard de la vie, parce que c’est aussi ca qui fait le charme des choses, de jouer avec des groupes qui nous plaisaient, et qui nous ont motivés, de pouvoir toucher du monde comme à No use For A Name où il y avait pas mal de gens. Après si on avait l’opportunité de faire pleins de petits concerts en France, je pense qu’on les ferait. On est beaucoup dans le travail pour l’instant. Et puis avec Si qui est en Angleterre on ne peut pas jouer tous les week-end, et pas du tout jouer en semaine, donc on passe à côté de certains trucs. Mais bon on est content. Qu’est ce que tu veut dire d’autre, on jouent avec des groupes qu’on aime. C’est cool, on se fait plaisir. Ils sont pas tous aussi cool qu’on le pensait.

Vous avez des concerts de prévus ?
Lotfi : Pour l’instant, on a une tourné en Espagne au mois de Décembre normalement, et en 2004, on va essayer d’enchainer le plus de concerts possibles, notemment en Belgique où on a un tourneur. On va essayer de gérer ca un peu partout…
Saul : On attend aussi que Si finisse ses études, dans quelques mois pour qu’il puisse être là à plein temps, et à partir de là, on sera beaucoup plus disponible pour les projets.

Merci à Thib, le caméraman & casse couille de service…