Interview ☭ Rhesus

Le 6 décembre dernier, le concert du groupe Rhésus au Nouveau Casinon affichait complet. Nous avons obtenu un rapide entretien avant le grand soir, l’occasion de revenir sur l’album The Fortune Teller Said sorti à la rentrée.

Ce soir le Nouveau Casino est complet, c’est la première fois pour vous. Comment le vivez-vous ? Est-ce une étape franchie ou juste un beau cadeau de Noël ?
Laura : Ca me fait super plaisir même si je ne le prends pas comme une étape en soit. C’est vraiment sympa de pouvoir partager ça avec des amis en plus et ça fait plaisir de se dire qu’un groupe de rock qui chante en anglais peut remplir une salle parisienne.

D’ailleurs votre single Hey Darling ne passe pas énormément en radio alors qu’il est vraiment calibré pour devenir un tube. Etes-vous un peu déçus de ne pas avoir le soutien des radios françaises à cause du chant en anglais ?
Laura : On sent qu’il y a de la matière par rapport à la demande des radios et tout le monde nous dit que le morceau est bien, ce n’est pas comme si on était les seuls à le trouver intéressant donc c’est vrai qu’on ne comprend pas trop. On se demande pourquoi. Le morceau est travaillé d’une certaine manière mais on ne veut pas faire trop de compromis comme chanter en français parce que ça ne fait pas partie de notre culture musicale.

Lorsque vous avez commencé à travailler sur votre deuxième album, je suppose que vous vous êtes repenchés sur sad disco et qu’avec le recul vous avez repéré des erreurs à ne pas refaire. Quels sont les points qui ont attiré votre attention ?
Simon : On ne s’est pas réellement repenché sur cet album pour voir ce qui n’allait pas avant d’attaquer le deuxième. C’est venu assez naturellement, nous avions du mal à jouer certains morceaux de Sad Disco sur scène parce qu’il y avait beaucoup d’arrangements et d’ajouts qui étaient difficile à restituer. On a donc choisi de faire un album de manière plus naturelle, on voulait un son qui restitue ce qu’on produit à 3.

Il sonne plus live que le le précédent, est-ce que c’était voulu ou juste la conséquence de toutes les dates que vous aviez fait sur votre précédente tournée ?
Laura : Oui bien sûr, on a enchaîné les dates après la sortie de Sad Disc et l’enregistrement a suivi cette tournée. Nous n’avons pas pris de break entre les deux, du coup le son est resté dans une continuité très directe.

Vous aviez pris un tournant plus pop sur sad disco par rapport à vos maxis. Je trouve que sur le dernier album, l’équilibre s’est refait entre les deux côtés. Etait-ce une volonté de votre part ?
Laura : Pas vraiment, c’est venu très naturellement. C’était surtout une envie d’oser mettre des morceaux guitare/voix ou d’autres plus électro. On ne veut pas se mettre de limites en se disant que certaines choses ne plairont peut-être pas.

Comme tu l’as dit tout à l’heure, vous écoutez principalement de la musique anglo-saxonne, est-ce que le départ d’Aurélien à Berlin a eu une influence sur vos compos ?
Laura : Je pense que ça lui a apporté une grande ouverture d’esprit et de nouvelles inspirations. Il compose beaucoup sur sa vie de tous les jours, les gens qu’il rencontre et c’est donc très enrichissant pour le groupe.

Vous avez réussi a créer un « son rhésus » très reconnaissable. Je pense qu’une partie de ce style repose beaucoup sur la spontanéité, une certaine fraîcheur. N’est-ce pas trop dur de garder ce côté frais en faisant et défaisant des morceaux ?
Laura : Je ne pense pas. Il est vrai qu’un morceau peut sonner très différemment selon les versions que tu en fais mais j’ai l’impression que notre son est reconnaissable par la manière dont on joue chacun de notre instrument. Si d’autres personnes jouent nos morceaux, ça ne sonnera jamais de la même façon.

le téléchargement illégal est très développé pour des groupesqui ne sont pas surmédiatisés comme vous et qui par conséquence, sont les plus grandes victimes de ce système. Quelle est votre position par rapport à cela ?
Laura : D’un côté c’est un tremplin, ça permet aux gens d’avoir une borne d’écoute. En plus, nous ne sommes pas très connus donc ça permet de diffuser notre musique mais en même temps quand je suis au stand marchandising à la fin d’un concert avec mes CD et que personne ne les achète c’est décourageant. Ils disent que le concert était génial mais ils n’achètent pas. Je crois que les gens ne comprennent plus l’intérêt d’acheter un disque. Bien sûr c’est cher, il y a une grande partie qui revient à la maison de disque mais si les CD ne se vendent pas, on ne pourra plus en faire et je ne trouve pas cela très respectueux. Un disque demande beaucoup d’argent et d’énergie et au final ce n’est pas reconnu. Nous aussi, il nous arrive de télécharger mais nous avons la notion du travail de l’artiste et à chaque fois qu’on peut, on achète. Et puis les gens ne raisonnent plus en terme d’album mais de morceaux, c’est assez aberrant.

Vous avez l’air d’être très impliqués dans la promo de Rhésus et je suppose que la décision concernant la pub Nivéa vous est revenue. Comment avez-vous abordé cette proposition ?
Laura : On nous avait promis beaucoup de promo, une plus grande médiatisation et un tremplin pour une tournée en Allemagne car la pub passait là-bas et c’est vraiment ce qui nous avait motivés mais au final ça ne s’est pas fait. En plus, quand on regarde le spot, on nous voit à peine et il ya une voix sur la chanson donc si les gens ne connaissent pas Rhésus, ils ne nous découvriront pas comme ça. Du coup il n’y a eu aucun impact hormis certaines personnes qui nous ont traité de vendus.

Nous sommes en fin d’année, quel est le bilan 2007 pour Rhésus ?
Laura : Je suis toujours autant satisfaite de l’album, je suis ravie qu’on soit allés dans cette voie-là. On a emmagasiné beaucoup de fatigue quand même parce qu’on a pas cessé de tourner depuis la sortie de Sad Disco hormis pendant l’enregistrement et des fois on est assez découragés parce qu’on fournit beaucoup d’efforts et on a pas énormément de retours. Il faut toujours aller chercher les gens et c’est parfois difficile.

Merci à Benjamin.