Interview ☭ Machine Head

Deux petites semaines avant de jouer à Paris pour le Black Crusade Tour, et juste après une dizaine de jours après la fin de leur tournée Australienne, Machine Head revient en Europe et a inauguré la 1ère date de la tournée « The Blackening » à Lille le 16 novembre dernier. L’occasion était trop belle, et j’ai donc eu la chance de rencontrer Adam Duce (basse) et Phil Demmel (guitare). Le début de l’entretien fût un peu tendu, les deux compères avaient encore le décalage horaire dans la tronche et n’affichaient pas une forme olympique, heureusement les conneries n’ont pas tardé à fuser…

Tout d’abord, félicitations pour le dernier album, dans quel état d’esprit étiez-vous ? Vous sentiez que vous étiez sur un gros truc ?
Phil : Ben, on savait que ce qu’on avait était génial, que les morceaux tuaient, on était vraiment très motivés en studio mais on ne sait jamais comment un album va être accueilli. Pour nous le but, c’était vraiment de s’éclater, mais surtout de rester nous-même, d’être confiants en ce qu’on fait, d’être authentiques.

Et alors, qu’est-ce qu’a donné la réponse de la presse, des fans ? Vous en êtes satisfaits ?
Phil : C’est tout simplement fantastique, énorme… on a été album de l’année pour pas mal de magazines comme Kerrang!, Metal Hammer, Total Guitar, et on va demain au Danemark (enfin, je devrais peut-être pas le dire maintenant !) pour recevoir le prix de meilleur album 2007… donc ça m’a l’air plutôt pas mal !
Quant aux fans, ils ont l’air d’être ravis, les réponses sont excellentes en concert !

Comment se passe la tournée ? Vous y êtes depuis combien de temps ?
Phil (plissant les yeux) : Ça va faire neuf mois…

Et vous en avez encore pour longtemps?
Phil : On planifie ça en même temps qu’on tourne, donc on peut pas vraiment dire !

C’est quoi votre passe-temps favori sur la route ?
Adam : ben, notre passe-temps favori ça serait ça… (et, là, il fait mine de cracher dans une de ses mains, puis avec les deux, il s’astique ce qui pourrait être un baobab au niveau de l’entre-jambes.)

(Rires) Et sinon, à part ça ?
Adam : En fait, on essaye de dormir un maximum, vu que c’est relativement crevant.
Phil : Hier, j’ai pioncé 14 heures !
Adam : Veinard !

Vous avez ou prenez le temps de jammer entre vous pendant les tournées ?
Adam : Oh, tu veux dire si on s’exerce, si on essaye de nouveaux trucs aux soundchecks ou dans le bus si on prend nos instruments… Naaan !

Vous ne composez donc jamais sur la route ?
Adam : C’est pas très évident de composer ou jammer sur la route, on l’a fait avec un seul titre, The Frontlines, mais c’est pas facile. Le seul moment où on se retrouve avec nos instruments, c’est au soundcheck… et au soundcheck, on fait le soundcheck ! En plus, quand les autres groupes attendent leur tour, on ne s’éternise pas !
On compose plus à la maison, et dans ces périodes là, on se réunit 3-4 fois par semaine pour jammer.

Justement sur The Blackening une de mes chansons favorites est « Halo » où vous êtes tous les 4 crédités, ça vous tente pas plus de composer à 4 ?
Adam : Il n’y a pas vraiment de règles, on met tous un peu la main à la patte.
Phil : Pour « Halo« , c’est parti sur un riff que Dave (Ndr McClain, batterie) m’a montré, j’y ai ajouté des harmoniques, Robb a fait d’autres parties.
Adam : J’ai fait la section du milieu.
Phil : Laquelle ?
Adam : (il s’en suit un formidable bruitage à la bouche et un petit échange entre les deux compères qui me passe un peu au-dessus de la tête..) Ouais, enfin comme on dit , on ramène tous notre pain, notre beurre de cacahuète, notre confiture… et souvent c’est Robb qui arrange le tout et nous fait un bon sandwich !

(Rires) Pour rester sur « The Blackening« , la chanson « Aesthetics Of Hate » était une réponse à un webzine ultra-conservateur qui dénigrait la mort de Dimebag Darrel (Pantera, Damage Plan), y-a t’il eu une réponse de leur part après Aesthetics ?
Adam : On ne sait même pas s’ils sont au courant de notre chanson, donc on sait encore moins s’ils y ont répondu… et à la rigueur on s’en tape !

Tout à fait d’accord ! Je sais que c’est un vaste sujet mais comment vous vivez cette politique menée par Bush dans votre pays ?
Adam (gros soupir) : il y a clairement des choses avec lesquelles on est pas d’accord, mais si on fait bouger les choses, il y aura un vrai changement, si on garde le cap (sourire à moitié ironique).

Pour en revenir à la musique, bon, je sais que c’est encore un peu tôt, mais concernant le successeur de The Blackening
Phil : Noooon !

Vous n’y avez pas encore pensé ?
Phil : On n’a rien, que dalle, même pas un riff… Tiens, tu veux entendre le prochain album ? Tais-toi et écoute… (gros silence)… ça y est t’as entendu le prochain album en entier !

(Rires) Je dis ça parce que vous avez enregistré des chansons de plus de 10 minutes où vous pouvez vraiment créer une atmosphère…
Phil : Pendant 10 minutes, c’est plus une atmosphère, c’est tout un putain d’univers !

Ouais, je suis bien d’accord, et ça vous tente de continuer dans cette voie là ?
Phil : Ben, c’est sûr, le format me plaît, mais on a pas vraiment de règles, on fera comme on fait d’habitude, on ramène notre pain, notre beurre de cacahuète, notre confiture… et parfois y a un cornichon qui s’y perd !

Et parfois ça le fait !
Phil : Ouais, des fois c’est le cas !

Toujours concernant ces longs morceaux, qui ont dû être compliqués à enregistrer, sont-ils aussi complexes à jouer en live ?
Adam : La difficulté, c’est pas de s’en souvenir et de les jouer, on est des pros, c’est notre boulot de jouer des heures et des heures notre propre musique. Le truc c’est de choisir les chansons pour le set, sachant qu’on a un temps donné qui peut varier de 1 à 2 heures, si on joue une chanson de 10 minutes, ça vient logiquement entamer le temps qui nous reste…

Comment vous faites alors pour choisir, vous tirez les chansons dans un chapeau ?
Adam : Ben, on en discute tous ensemble, on essaye de choisir les chansons qui reflètent le mieux Machine Head.

Et donc, vous allez entamer le Black Crusade Tour à Paris dans quelques jours, vous êtes pressés de jouer avec tous ces groupes ?
Phil : C’est une tournée vraiment incroyable et on est vraiment pressés d’y être, on connait encore peu Dragonforce et Shadows Fall, sinon, tous les autres sont des potes.

Et en plus c’est vous qui êtes le groupe principal, ça vous fait quoi ?
Phil : Ben c’est incroyable, on est vraiment très très excités !

Bon sinon, j’ai une question un peu personnelle à poser à Adam…
Adam : Non, tu ne me suceras pas le bite !

(Rires) Je suis fan, mais pas à ce point ! Non, en fait, depuis Through The Ashes, il est évident que tu t’es mis à la musculation, le résultat est d’ailleurs impressionnant, qu’est-ce qui t’a poussé à t’y mettre ?
Adam : En fait, ça s’est joué sur un pari : j’ai parié avec un pote que je pouvais perdre du poids plus vite que lui, j’ai parié que je pouvais perdre 20 livres, ce qui fait à peu près 10 kilos (Ndr Adam convertit lui-même, ça m’aura évité de retourner dans mon dico !) en 8 semaines. Je me suis donc rendu à une salle de muscu et après tous ces efforts, je suis retourné voir mon pote et j’ai empoché mes 200 dollars. Et depuis, je gère cette addiction !

Á ce point-là ?
Adam : Quand j’ai le temps, je pourrais y passer des heures !

Pour terminer, il y a quelque chose dont je me suis rendu compte il y a peu concernant vos titres d’album ou de chansons : Burn My Eyes, Through The Ashes Of Empires, A Nation On Fire, Desire To Fire
Adam (avec un regard de psychopathe) : Oui, le feu, c’est fascinant !
Phil : The Burning Red

Ouais, j’ai oublié de le dire celui-là ! Bon, vous aimiez bien jouer avec des allumettes quand vous étiez gosses ?
Adam : Ouais, j’aimais bien ça.

Et t’as fait cramer le tapis de tes parents ?
Adam : Non, j’ai jamais fait cramer la maison, mais avec des potes quand on avait une dizaine d’années, on allait toujours au même terrain de jeu et il y avait ces espèces de grosses roues de camion qui étaient là, une fois, on les mis en tas et on y foutu le feu, ça a fait des flammes de plusieurs mètres de haut, on s’est tous regardés et ça a fait genre : « on s’casse !!!« 

Bon, alors promis, on dira pas que c’était toi !
En tout cas, on peut dire qu’ils ont tous un côté pyromane, vu qu’ils ont bien mis le feu au public lillois. Pour un concert qui ne devait être qu’un échauffement et ne durer qu’une heure, ils nous ont rallongé la sauce et nous ont fait un petit plaisir en jouant pour la deuxième fois en live « A Farewell To Arms« . Bon, alors, il paraît que ça s’est un peu ressenti que c’était un show d’échauffement (!), ben je peux vous dire qu’avec l’énergie dégagée, devant c’est passé comme papa dans maman… putain de groupe, putain de frontman avec un discours transcendant avant « Aesthetics Of Hate » sur la fierté d’écouter, de vivre pour cette musique… 3 mots… MACHINE FUCKIN’ HEAD!!!

Un gros gros merci à Bérangère, Roadrunner et au groupe bien évidemment pour cette sympathique interview.