Interview ☭ The Zutons

C’était un jour normal dans les locaux de Visual. Hilikkus faisait faire sa dictée à Justme pendant que, comme d’habitude, Marku était à la recherche du sac que la prostituée du mardi avait oublié chez nous. Ross gueulait: « Dépéchez-vous bande de larves, mécréants, il y a l’interview des Zutons à faire! ».
Virginie était en train de se caresser devant le poster de Muse sur lequel Ghostchild vomit les soirs d’excès: « Oh non pas eux, le dernier album est pas terrible!« . Devant le manque d’enthousiasme de la rédaction, Ross se dirigea vers la cave. Soigneusement, il sortit la clé qui ouvre les catacombes où se cache la bête.
« Tout doux l’ami fantôme, aujourd’hui on te sort, mais il y a une fille dans le groupe, tu ne lui sautes pas dessus comme avec les Subways…« .
Malheureusement, Ross ne réussit pas à ouvrir le quadruple cadenas qui garde Ghostchild au sous sol avec ses disques des Zombies. Il essaya alors de communiquer par des mots intelligibles avec la bête qui lui souffla quelques questions…

Vous voilà fraîchement revenu de Glastonbury, comment ça s’est passé pour vous?
Ca a sûrement été notre meilleur concert. On a pu jouer vers 9 heures du soir, juste lorsque la nuit tombait, c’était génial et puis la foule. Enorme…

Quelle était votre ambition avec ce nouveau disque?
Lorsqu’on est parti pour LA afin d’enregistrer ce troisième album, on voulait surtout faire un disque complet et non un simple enchaînement de chansons. Un disque avec un ordre de chansons bien défini, si on en avait écrit une de 7 minutes et demi, il fallait que ça ait un sens. On voulait aussi que cet album sonne comme un pas en avant par rapport à « Tired of Hanging Around« , comme si on avait tous grandi un peu. On avait dans l’idée d’essayer de nouveaux sons aussi.

Au niveau de l’écriture, comment ça se passe ? Effort collectif ?
C’est Dave (chanteur, guitariste) qui écrit la plupart des titres mais on participe tous un peu. Sean (batteur) en a co-écrit quelques unes sur celui là. De toutes façons, on laisse notre trace personnelle de par notre manière à chacun de jouer de nos instruments.

Pourquoi être parti à LA pour enregistrer cet album?
Tout simplement parce que c’est là que vit George Drakoulias, le producteur. On voulait changer d’air aussi, nos deux premiers disques ont été enregistré à Londres, et puis les studios américains ont un son dément. C’était intéressant de partir en territoire inconnu en ne pouvant compter que sur nous-mêmes.

Une fois en studio, avez-vous une idée précise de la manière dont les choses doivent sonner ou êtes-vous à la recherche de « l’accident magique”?
On a une idée plus ou moins précise mais le producteur et l’ingénieur du son font que parfois tout cela évolue. Mais généralement, on sait ce qu’on veut.

Le producteur, vous en avez besoin ou pourriez-vous vous en passer? Comment ça s’est passé avec Drakoulias?
Jusqu’ici, on a toujours apprécié d’avoir un producteur avec nous mais plus tard on aimerait bien voir ce ça donnerait en se débrouillant seuls, juste avec un ingé son. Le truc du producteur, c’est que c’est surtout pratique lorsque tu te perds un peu dans des discussions sans fins, il peut recadrer tout ça. George a beaucoup d’expérience, il nous a bien aidé. C’était un plaisir de bosser avec lui.

Est-ce que la légende du “toujours difficile troisième album” est vraie?
A chaque disque ses difficultés en fait ! A chaque fois différentes mais bien présentes ! Sur ton premier disque, tu es un inconnu, tu te dois de faire une bonne impression pour pouvoir espérer en faire un second. Sur le deuxième, tu essaies de confirmer ton potentiel, aussi bien aux autres qu’à toi-même. Et puis là… le troisième montre si un groupe peut durer ou pas. D’une certaine manière, tu as tout le temps une pression en entrant en studio.

Les paroles me semblent de plus en plus sombres, c’est parce qu’il n’y a pas assez d’ombre à LA?
En fait, une seule chanson a été écrite à LA, toutes les autres sont de Liverpool, où en effet il n’y a pas beaucoup de soleil, ceci explique peut être cela! Enfin bon, chanter sur des sujets en permanence joyeux deviendrait vite lassant je crois…

Il y a un grand écart entre votre musique, souvent très entraînante, et ces paroles sérieuses ou menaçantes. C’est volontaire ? C’est pour faire comme Lennon sur « Help » ?
En fait, c’est Dave qui écrit les paroles, souvent basées sur ses propres expériences… Je ne crois pas qu’il pense à tout cela en écrivant. C’est naturel.

Toujours à propos des paroles, sur « You Can Do Anything« , vous utilisez plus la première personne que d’habitude, il y a moins d’histoires sur des personnages. Comment expliquez-vous cela ?
La plupart des chansons parlent de vraies personnes, de cette manière on peut mieux les ressentir. Peut être que ça aide l’auditeur à se mettre à la place du personnage… Encore une fois, ce n’est pas prémédité!

Donc les gens dont vous parlez sont vrais? « Valerie« ? « Stacey« ? (sur l’album « Tired of Hanging Around« )
Oh oui, 90% du temps, ce sont de vrais personnes. Valerie existe, on n’a rien changé, même pas son nom. Bon Stacey, pour des raisons évidentes, on a changé le nom !(NDLR : « Oh Stacey look what you’ve done ! » parle d’une fille qui claque l’héritage de son père en alcools et sorties) Mais tous les personnages existent, même si Dave les exagère un peu…

Vous suivez le rythme studio/album/tournée/studio… Jamais envie de vacances?
Pas vraiment, en fait on aimerait en sortir plus… Un disque tous les deux ans, c’est long ! On adore ce qu’on fait, on adore notre groupe et on aime bosser!

Vous avez ouvert pour Paul McCartney le mois dernier et il a déclaré qu’il vous aimait beaucoup. Ca fait quel effet?
C’est génial. C’est un compliment indescriptible. C’est Paul McCartney et il nous aime!! C’était un honneur et un privilège de faire sa première partie à Liverpool, notre ville.

Visual: Vous suivez un peu ce qui se passe musicalement à Liverpool?

Pas vraiment, on bouge beaucoup, on ne connaît presque plus personne ! Mais bon c’est ma ville et je l’aime.

Je ne vous ai rien demandé à propos d’Amy Winehouse, ça fait quel effet? De quand date la dernière interview sans que son nom soit prononcé?
Ah oui, tout le monde nous en parle mais ce n’est pas un problème du tout. Elle a eu un hit avec une de nos chansons et c’est très flatteur. Ca prouve que la chanson est bonne. Mark Ronson l’avait totalement transformée mais tout en gardant l’âme du titre… Mais en fait, tu viens de parler d’elle indirectement ! Petit malin!

Merci aux Zutons de me trouver malin et merci à Marie chez Pias.